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Campus - ÉTUDE

Des chercheurs se penchent sur la santé mentale des expatriés libanais après l’explosion du 4 août 2020

Plus de 41 % des émigrés qui ont vécu à distance la catastrophe au port de Beyrouth souffrent d’anxiété, de stress post-traumatique ou de dépression.

Des chercheurs se penchent sur la santé mentale des expatriés libanais après l’explosion du 4 août 2020

Gaëlle Rached, chercheuse à la Northwestern University (à droite), et Margarita Abi Zeid Daou, psychiatre médico-légale à l’Université de Massachusetts, pendant la réunion annuelle de l’American Psychiatric Association, le 21 mai dernier.

Dans le cadre d’une étude menée par l’Université Johns Hopkins, des chercheurs ont examiné la santé mentale des expatriés libanais après l’explosion au port de Beyrouth en août 2020. Ils ont déduit que les Libanais qui vivent à distance un événement traumatisant arrivé dans leur pays d’origine souffrent de symptômes liés à l’anxiété, au stress post-traumatique et à la dépression. Conduite par Souraya Torbey, pédopsychiatre à la Johns Hopkins University, Margarita Abi Zeid Daou, psychiatre médico-légale à l’Université de Massachusetts, Dimitri Fiani, chercheur au Baylor College of Medicine, au Texas, Muriel Slim, étudiante en médecine à l’Université Saint-Joseph, et Gaëlle Rached, chercheuse à la Northwestern University, l’étude intitulée « L’impact de l’explosion de Beyrouth sur la santé mentale des expatriés libanais » a été validée par le comité d’éthique du Kennedy Krieger Institute et par la Johns Hopkins University School of Medicine. Selon cette étude, 41,2 % des expatriés libanais ont obtenu un résultat positif au test de dépistage de l’anxiété et de la dépression selon l’échelle Hopkins Symptoms Checklist (HSCL), l’une des listes de contrôle les plus largement utilisées en médecine de catastrophe. L’étude a montré également que 57,5 % des personnes contrôlées souffriraient de troubles du stress post-traumatique selon l’échelle PTSD Checklist, malgré la distance géographique qui les séparait de l’explosion. « Nous avons également constaté qu’une grande majorité des expatriés habitent aux États-Unis et en France, et que plus de femmes que d’hommes ont participé au sondage, 62,2 % de femmes contre 37,6 % d’hommes », précise Gaëlle Rached, chercheuse à la Northwestern University et coauteure de la recherche. « Nous avons décidé de nous pencher sur la santé mentale des expatriés suite à l’explosion au port de Beyrouth parce que quand une catastrophe a lieu, on a tendance à s’intéresser uniquement aux victimes les plus directement affectées, celles qui sont sur place. Pourtant, les expatriés aussi ont été affectés. Ils ont de la famille et des amis au Liban, leurs maisons sont là-bas, c’est leur chez-eux aussi », souligne la jeune chercheuse. « C’est la raison pour laquelle nous avons décidé d’étudier les expatriés en tant que groupe à part et de faire le point sur les répercussions de l’explosion du 4 août 2020 sur leur santé mentale. Mes coauteurs étaient expatriés au moment de l’explosion, et les écouter parler de leur vécu par rapport à cela m’a beaucoup émue. Ils ont entendu parler de l’explosion sur les réseaux sociaux et ont essayé de joindre leurs familles à distance, s’imaginant le pire… »

Gaëlle Rached présentant l’étude lors de la réunion annuelle de l’American Psychiatric Association, la plus grande association psychiatrique au monde.

Quelle que soit la durée de l’absence

Les résultats du sondage, lancé sur les réseaux sociaux en mars 2021 pour une durée de sept mois, ont démontré que la santé mentale des émigrés est négativement affectée lorsqu’un événement traumatisant a lieu dans leur pays d’origine, même s’ils n’ont pas été témoins directs de l’événement et même plusieurs mois après l’incident, quelle que soit la durée de leur vie à l’étranger, et d’autant plus s’il s’agit de femmes ou de jeunes. Plus de 1 000 participants du monde entier, âgés de 18 à 84 ans, ont répondu à ce questionnaire qui comprend trois parties : la première section contient des questions d’ordre sociodémographique (âge, sexe, durée de l’expatriation, lieu de résidence, etc.), mais également des questions relatives à la détresse ressentie par les participants après l’explosion. « Dans cette section, nous avons aussi posé des questions du type : “À qui reprochez-vous cette explosion ?” pour voir si les participants pensent que c’est un traumatisme provoqué par l’homme (man-made) ou plutôt un accident, car il a été démontré que les traumas provoqués par l’homme, comme les explosions, fusillades ou attentats, provoquent plus de symptômes liés au stress post-traumatique et plus d’anxiété et de dépression que les catastrophes naturelles, lesquelles affecteraient moins la santé mentale des victimes », explique Gaëlle Rached, avant de préciser : « Ces derniers résultats n’ont pas encore été finalisés. C’est la prochaine étape de notre recherche. » La deuxième section, elle, contient l’échelle de la Hopkins Symptoms Checklist, qui consiste en 25 questions liées à la santé mentale et permettant de dépister le niveau d’anxiété et de dépression de la personne interrogée. Enfin, la troisième section comprend le test relatif au stress post-traumatique. Cette dernière section est réservée uniquement aux expatriés dont un proche a été blessé durant l’explosion et à ceux qui étaient au Liban à ce moment-là. « Nous avons lancé ce questionnaire 7 mois après l’explosion. Nous avons donné aux expatriés une plateforme pour s’exprimer, et dès le premier mois, nous avons obtenu des résultats. Les gens ont beaucoup partagé sur les réseaux et ils ont été proactifs. C’est comme si les expatriés attendaient que quelqu’un leur parle. En tant qu’émigré, on ne s’accorde pas la légitimité de se plaindre parce qu’on sait que la situation est bien pire pour les locaux. C’est ce qu’on appelle la “culpabilité du survivant” (survivor’s guilt) », ajoute la chercheuse.

Sélectionnée parmi plus de 1 000 études pour être communiquée au grand public

L’étude a été présentée le 21 mai dernier à la réunion annuelle de l’American Psychiatric Association (APA), la plus ancienne association médicale des États-Unis et la plus grande association psychiatrique au monde, regroupant 37 000 médecins membres spécialisés dans le diagnostic, le traitement, la prévention et la recherche sur les maladies mentales. Elle a également été sélectionnée parmi plus de 1 000 études pour être communiquée au grand public. « Il y a 200 millions d’expatriés dans le monde, soit 3,1 % de la population mondiale, et ils ne sont pas traités comme une population “spéciale”. Un collègue expatrié est traité comme un local alors qu’il est souvent déjà vulnérable de par son expatriation, mais surtout si un événement traumatisant a lieu dans son pays d’origine. Il faut être sensible à ces gens-là. Cette partie de la population devrait être étudiée davantage car elle ne l’est pas assez », conclut Gaëlle Rached.


Dans le cadre d’une étude menée par l’Université Johns Hopkins, des chercheurs ont examiné la santé mentale des expatriés libanais après l’explosion au port de Beyrouth en août 2020. Ils ont déduit que les Libanais qui vivent à distance un événement traumatisant arrivé dans leur pays d’origine souffrent de symptômes liés à l’anxiété, au stress post-traumatique et à la...

commentaires (1)

et que dire alors de ceux, par centaines de milliers qui ont vecu cette catastrophe de tres pres ? qu'en est il de ceux en ont souffert physiquement,moralement apres la perte d'un des leurs, materiellement pour ceux parmi eux qui se sont retrouves sans toit ? Mais O grand peuple du Liban tranquilisez vous, nos Kellon sont toujours la, immuables, forts et irremplacables apres que "nous" leur ayons renouvele aux urnes "notre" appui aussi immuable qu'ils le sont!

Gaby SIOUFI

09 h 44, le 16 juin 2022

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Commentaires (1)

  • et que dire alors de ceux, par centaines de milliers qui ont vecu cette catastrophe de tres pres ? qu'en est il de ceux en ont souffert physiquement,moralement apres la perte d'un des leurs, materiellement pour ceux parmi eux qui se sont retrouves sans toit ? Mais O grand peuple du Liban tranquilisez vous, nos Kellon sont toujours la, immuables, forts et irremplacables apres que "nous" leur ayons renouvele aux urnes "notre" appui aussi immuable qu'ils le sont!

    Gaby SIOUFI

    09 h 44, le 16 juin 2022

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