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Culture - Festival

Le festival de Beiteddine revient avec une programmation libanaise de qualité offerte à tous

Après deux ans de suspension totale, le festival fait son retour avec un calendrier d’événements restreint mais harmonieusement concocté, et délicatement placé sous la bannière des arts et des artistes libanais.

Le festival de Beiteddine revient avec une programmation libanaise de qualité offerte à tous

L’ensemble Les Cordes résonnantes ouvrira les festivités de Beiteddine le 13 juillet 2022. Photo DR

Trois concerts* gratuits dans la petite cour (à la capacité d’accueil de 1 100 personnes) et trois expositions d’art reparties entre les galeries voûtées et la grande cour du Palais des émirs : voilà le programme de l’été 2022 du festival de Beiteddine, qui reprend vie après deux ans d’absence, avec des voix et des couleurs cent pour cent locales. Détails avec sa présidente Nora Joumblatt.

Qu’est-ce qui vous a motivés à réanimer le festival cet été ?

L’interruption était forcée et due à de multiples causes, dont la pandémie en premier lieu. Sauf qu’après la grande blessure du 4 août, il était nécessaire que la vie revienne au cœur comme par le biais du festival de Beiteddine. C’est surtout afin d’insister sur l’importance de la culture, qui est finalement le reflet d’une société et d’un pays, que nous avons décidé de le relancer. Cette édition 2022 est certes restreinte, avec juste 3 soirées, mais les performances au programme sont de qualité. Le festival de Beiteddine avait été lancé en 1984 avec des spectacles offerts dans la petite cour. Aujourd’hui, il revient à la petite cour intérieure et aux concerts gratuits comme à ses débuts. Car nous prenons en considération la situation économique très difficile que traverse le pays.

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Quelle est donc la programmation prévue ?

C’est une programmation exclusivement libanaise qui s’ouvrira le 13 juillet avec le concert It’s Where the Light Gets In de l’ensemble de musique classique et baroque Les Cordes résonnantes. Il s’agit de l’un des ensembles de chambre les plus prometteurs du Liban. Formé en 2018 par un groupe de jeunes musiciens professionnels, dont la soprano Lara Jokhadar et la mezzo soprano Natasha Nassar, il s’est produit avec succès dans divers événements musicaux au Liban ainsi que dans les festivals internationaux en France. À Beiteddine, il interprétera, sous la houlette du chef d’orchestre Joe Daou, un joyeux mélange d’airs d’opéra, de standards du jazz et de partitions de films musicaux accessibles au large public.
Le 15 juillet, ce sera Daline Jabbour, oudiste et chanteuse arabe classique et soufie à la voix extraordinaire, et son Oriental Ensemble qui offriront aux festivaliers Une soirée de tarab à Beiteddine.
Et le 16 juillet, pour la dernière soirée de cette édition 2022, c’est un ami du festival, Guy Manoukian, qui se produira avec son orchestre. Le compositeur, pianiste et musicien libano-arménien, au répertoire fusion d’électro-funk-oriental, qui n’est plus à présenter, nous a d’ailleurs offert son concert.

Soirée tarab le 15 juillet avec Daline Jabbour, oudiste et chanteuse soufie « à la voix extraordinaire ». Photo DR

En parallèle, trois expositions d’art, curatées par le galeriste Saleh Barakat, se tiendront dans les galeries voûtées et la grande cour du palais, à partir du 13 juillet (vernissage à 19h) jusqu’au 31 août.
La première, intitulée « Les oubliés de Beiteddine », dévoilera pour la première fois au public la collection de toiles habituellement accrochées dans les espaces privés du palais servant de résidence d’été à la présidence de la République. Il s’agit de plus d’une quinzaine de pièces signées de grands noms de l’art libanais, dont Khalil Zogheib, Saliba Doueihy, ou encore Khalil Salibi, parmi d’autres… Elles seront exposées accompagnées de leur historique et notamment du récit de la manière dont elles ont été sauvegardées du pillage lors de l’occupation du palais par les troupes israéliennes.
Une deuxième exposition intitulée « Tabi3i/Mich Tabi3i » présentera une sélection de photographies, d’huiles sur toile et de gouaches sur le thème de la nature libanaise et des atteintes qu’elle a subies. Et la troisième donnera à voir dans la vaste cour du midan de grandes œuvres des pionniers de la sculpture moderne libanaise, dont Salwa Raouda Choucair ainsi que les frères Michel et Alfred Basbous.

Une exposition dévoilera pour la première fois au public la collection de peintures du Palais des émirs. Photo DR

Des concerts d’artistes locaux aux cachets moins coûteux certes que ceux des groupes étrangers, mais il reste des frais de logistique et d’infrastructure technique. Allez-vous bénéficier d’un soutien quelconque du ministère du Tourisme ?

Je ne pense pas que nous allons bénéficier d’un quelconque soutien de l’État. Nous ne comptons pas là-dessus, d’ailleurs. Les subventions qui nous ont été promises pour les deux dernières éditions du festival n’ont toujours pas été honorées.

Avant la crise, à l’instar des autres grands festivals du pays, vous étiez sponsorisés par des banques. Qui sont vos sponsors pour cette saison ?

Nous n’avons (évidemment !) pas de banque sponsor cette année. Nous n’avons que des mécènes. Aussi bien des fondations que des personnes privées. Par ailleurs, nous avons beaucoup réduit nos frais. Je ne vois d’ailleurs pas comment nous pourrions faire autrement aujourd’hui.

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Vous avez pris le parti de la gratuité des représentations. Ce qui est formidable pour une large part du public local qui peut ainsi y avoir accès. Le coût des déplacements étant désormais hors de portée d’une grande partie de la population libanaise, avez-vous envisagé également la gratuité ou du moins des tarifs réduits pour les transports ?

La gratuité est totale pour l’accès aux concerts et expositions du festival. Pour les déplacements, nous allons mettre à disposition des festivaliers des bus qui feront le trajet de Beyrouth, avec un prix pour l’aller-retour qui devrait être fixé aux alentours des 120 000 LL.

Pourquoi avez-vous concentré toutes les soirées durant le mois de juillet ?

Pour des raisons de logistique et de ressources. C’est beaucoup plus viable de tout concentrer sur une semaine. Mais les expositions s’étendent, elles, tout le long des mois de juillet et d’août.

*Tous les concerts commencent à 20h. Malgré l’accès gratuit, une réservation auprès de Ticketing Box Office est nécessaire, le nombre de places se limitant à 1 100 sièges dans la petite cour.

Trois concerts* gratuits dans la petite cour (à la capacité d’accueil de 1 100 personnes) et trois expositions d’art reparties entre les galeries voûtées et la grande cour du Palais des émirs : voilà le programme de l’été 2022 du festival de Beiteddine, qui reprend vie après deux ans d’absence, avec des voix et des couleurs cent pour cent locales. Détails avec sa présidente...

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