C’est une semaine politique chargée qui commence aujourd’hui au Liban. Au programme : l’élection des membres des commissions de la nouvelle Chambre demain à 11 heures, place de l’Étoile. Ensuite, la tenue, à Baabda, des consultations parlementaires contraignantes afin de désigner un Premier ministre qui devra former un nouveau gouvernement. Officiellement, ce cabinet aura une durée de vie de quelques mois, jusqu’à l’élection d’un nouveau président de la République, le mandat de Michel Aoun arrivant à échéance fin octobre. Dans le cas d’une vacance au niveau de la présidence faute d’accord, comme il est presque de coutume au Liban, il reviendra à ce gouvernement d’exercer les prérogatives du chef de l’État. Et c’est pour cette raison que l’échéance s’annonce compliquée. Michel Aoun attend les élections des membres des commissions parlementaires avant de convoquer les députés élus le 15 mai pour les consultations contraignantes, indique à L’Orient-Le Jour une source proche du palais présidentiel. C’est donc après mardi que nous passerons aux choses sérieuses sur le plan gouvernemental.
À la veille de la séance plénière, les divers protagonistes entretiennent toujours le flou. On s’attend toutefois à ce que les Forces libanaises œuvrent pour conserver la présidence de la commission de l’Administration et de la Justice, dirigée par Georges Adwan, député du Chouf. De son côté, le Courant patriotique libre pourrait s’accrocher à la présidence de la commission des Finances et du Budget, dirigée depuis plusieurs années par Ibrahim Kanaan, député du Metn. Mais aucune décision n’a été prise sur ce plan, selon la chargée de communication du CPL, Rindala Jabbour, contactée par L’Orient-Le Jour. En face, les treize députés issus de la contestation se préparent à se lancer dans la bataille des commissions, comme ils l’ont annoncé dans un communiqué publié samedi. « Nous aspirons à faire partie de toutes les commissions, mais les plus importantes sont évidement celles de l’Administration et de la Justice, des Finances et du Budget, ainsi que celle des Droits de l’homme », affirme Halimé Kaakour, députée du Chouf. Elle précise à cet égard que « le bloc de coordination » rassemblant les 13 élus de la thaoura remettra les noms de ses candidats aujourd’hui au secrétariat général du Parlement.
Quel cabinet ?
Après les commissions, cap sur la désignation d’un Premier ministre. Le proche de Baabda précité fait état d’une « tentative de tenir les consultations parlementaires en fin de semaine, ou la semaine prochaine au plus tard ». En attendant le jour J, les contacts visant à défricher le terrain pour une entente élargie sont déjà en cours, en vue d’accélérer le processus. Selon les informations obtenues par L’OLJ, le Hezbollah travaillerait pour le maintien de Nagib Mikati au Sérail. Une option à laquelle s’opposent les FL dont le leader, Samir Geagea, plaide pour un gouvernement de majorité qui ne devrait pas, selon lui, être dirigé par le Premier ministre sortant. « Nous n’avons jamais voté Mikati. Et nous n’appuierons que celui qui pourra mettre en place une équipe qui répondra à nos attentes, c’est-à-dire capable d’enclencher le processus de réformes et de recouvrer la souveraineté de l’État », affirme à L’OLJ un responsable FL. Un point sur lequel Meerab converge avec les parlementaires du 17 Octobre. « Nous sommes contre la reconduction de Nagib Mikati. Ce qui nous importe, c’est le programme de la nouvelle équipe », déclare Halimé Kaakour, qui se prononce en faveur d’un cabinet de spécialistes indépendants.
Pour leur part, le Hezbollah et ses alliés pressent pour un cabinet politique. Après le fameux « Bye bye ! au gouvernement de technocrates » lancé au lendemain des législatives par Gebran Bassil, le président du conseil exécutif du Hezbollah, le cheikh Ali Daamouche, a tenu des propos similaires hier. « L’intérêt national nécessite la formation d’un gouvernement équilibré et capable, qui respecterait la représentation juste au sein du Parlement (…) », a-t-il dit lors d’une cérémonie dans la localité de Chacra, à Nabatiyé. « Nous ne pouvons plus approuver le mensonge qu’est le gouvernement de technocrates et spécialistes », abonde Rindala Jabbour, rappelant que « les citoyens viennent de faire leurs choix dans les urnes, et leur volonté devrait être respectée ».
Les efforts du Hezbollah
Selon notre chroniqueur politique Mounir Rabih, M. Bassil aurait informé le Hezbollah qu’il tenait à garder le juteux ministère de l’Énergie (entre les mains de la mouvance aouniste depuis 2008). Les tractations en cours, menées par le parti de Dieu, viseraient donc principalement à convaincre le chef du parti orange d’appuyer l’option Mikati. « Nous n’avons pas encore décidé des portefeuilles que nous briguons, sachant qu’au vu du court mandat du prochain gouvernement, nous ne voulons pas paralyser le processus. Si nous voyons qu’une bonne majorité des protagonistes est favorable au maintien de M. Mikati à son poste, nous n’allons pas empêcher cela », souligne Mme Jabbour. Le CPL pourrait donc mettre de l’eau dans son vin en dépit de la détérioration de ses rapports avec M. Mikati, du fait de la dernière guerre des communiqués entre ce dernier et le ministre sortant de l’Énergie Walid Fayad, proche du courant aouniste, concernant le dossier de l’électricité. C’est d’ailleurs dans cette atmosphère « électrique » que s’est tenue la réunion entre MM. Aoun et Mikati vendredi à Baabda. Selon notre chroniqueur politique, le chef de l’État aurait assuré au Premier ministre sortant qu’il n’a aucun problème à ce qu’il forme la future équipe, à condition de limoger le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, bête noire de Baabda, et de procéder à certaines nominations. Des informations balayées par les milieux des deux responsables, où l’on affirme que la rencontre s’est déroulée dans une atmosphère positive et qu’aucune condition pour la formation de l’équipe ministérielle n’a été posée.
Parallèlement, le vice-président de la Chambre, Élias Bou Saab, a été dépêché samedi à Aïn el-Tiné pour un entretien avec le chef du législatif, Nabih Berry, adversaire du duo Baabda-CPL. « M. Berry souhaite que le train soit mis sur les rails le plus rapidement possible. Nous nous sommes entendus pour œuvrer avec le chef de l’État afin de régler tous les problèmes dans l’intérêt (de tous) », a dit le numéro deux de la Chambre, indiquant avoir transmis au président Berry un message de la part de M. Aoun, sans donner plus de détails.
commentaires (3)
Le Sayed a déclaré qu’il fallait qu’il y ait un État pour qu’il puisse lui livrer les armes du Hezbollah. Donc selon les propres termes du Sayed, l’Etat n’existe pas. Alors pourquoi ces pistes de chef de l’Etat, PM, parlementaires et leur président à vie, fonctionnaires…. Ce sont tous des emplois fictifs payés par le contribuable saigné à mort par cette pourriture de classe politique
Lecteur excédé par la censure
11 h 16, le 06 juin 2022