La participation de la galerie d’art Nadine Fayad, avec la nouvelle série Carnaval des darwiches de l’artiste libanais Raouf Rifaï, à la Volta Art Fair de New York, organisée en parallèle de la semaine Frieze Art Fair New York, a attiré de nombreux collectionneurs. L’évènement, qui s’est tenu du 18 au 22 mai dans l’ancien bâtiment historique de la Fondation Dia, dans l’espace abritant la galerie Hauser et Wirth, un lieu phare à l’ouest de la 22e rue, a rassemblé « de nombreux artistes iraniens et de la région encore méconnus du public international », indique à L’Orient-Le Jour Kamiar Maleki, directeur de la Volta Art Fair.
« Avec le retour de l’édition new-yorkaise, Volta Art Fair a accueilli 49 nouvelles galeries nationales et internationales réparties sur trois étages. C’est une plateforme dont l’objectif est d’encourager les jeunes collectionneurs à acquérir des œuvres d’artistes émergents. Nous avons un grand éventail de galeries internationales avec des références européennes, ainsi qu’avec des artistes et des galeries du New Jersey et de New York. Volta Art Fair crée l’énergie entre le local et le monde. Nous participerons de nouveau à Volta Basel, du 13 au 19 juin, avec la présence de nombreuses galeries suisses », ajoute Kamiar Maleki en précisant que Volta inaugurera une nouvelle collaboration avec la Fondation ATHR, supporter infatigable d’artistes d’Arabie saoudite et de la région.
Darwiche ou Karakouz ?
Fondamentalement humain, le « darwiche », ou « karakouz », est un personnage folklorique mythique créé par Raouf Rifaï qui rappelle les caractères du théâtre d’ombres, comme le karagöz turc et tunisien, une sorte de marionnette, un guignol moustachu en tarbouche, dans des vêtements folkloriques, doté d’une myriade d’expressions, d’attitudes et d’émotions. Celui de Rifaï représente un homme simple évoluant dans des espaces virtuels et réels, avec une puissante présence virevoltante qui évoque les derviches tourneurs mystiques soufis d’Alep et de Konya. Ce caractère imaginaire expressif, récurrent dans l’œuvre colorée de l’artiste, symbolise l’identité libanaise, et célèbre l’héritage culturel et la riche diversité de la société du Moyen-Orient.
« Durant plus de quarante ans, Raouf Rifaï a produit une œuvre vibrante, convaincante et expressive dans une gamme de médias largement collectionnée et exposée à l’échelle internationale, relève le critique d’art Joseph Tarrab. Son style présente des couleurs et des formes fortes, des figures et des visages humains expressionnistes, avec des éléments sémantiques laissant au spectateur le soin de déchiffrer et de se connecter pour retrouver leur cohérence sous-jacente. » La galerie d’art Nadine Fayad, qui représente l’artiste libanais en exclusivité, a pour objectif « de le faire connaître partout dans le monde. » « J’ai voulu me lancer avec Raouf Rifaï en dehors du Liban, indique la galeriste à L’Orient-Le Jour. J’ai choisi New York en tant que cité de l’art. J’ai décidé d’y participer après avoir rencontré Kamiar Maleki, qui ambitionne de mener cette entreprise dans différentes directions. » Parlant avec enthousiasme de sa nouvelle galerie, inaugurée en février 2021 à la rue Chéhadé à Achrafieh, « malgré la crise économique que traversait et continue de traverser le Liban, et qui a été aggravée par le Covid-19. C’est une galerie d’art engagée dans l’expression de peintures et sculptures figuratives modernes et contemporaines. L’objectif est d’en faire un point de repère pour l’art visuel où les artistes peuvent exposer et vendre leurs œuvres, tandis que les clients et invités bénéficient d’un environnement convivial et de conseils professionnels », explique-t-elle.
Dans l’ouvrage bilingue intitulé Raouf Rifaï, le Carnaval des darwiches que la galerie a édité et distribué lors de la foire Volta, la critique d’art Dina Germanos Besson analyse l’univers artistique du peintre en ces termes : « Raouf Rifaï réhabilite et réunit les deux conceptions du carnaval », le moyenâgeux et le romantique, « pour inventer son propre univers, c’est-à-dire son propre style, quelque chose de carnavalesque contemporain… La farce de Rifaï est une façon de transformer la guerre (économique et confessionnelle) en une «fête de fous», renouant ainsi avec le geste médiéval et ses motifs grotesques. »
Raouf Rifaï, qui est l’un des artistes les plus renommés du Moyen-Orient, a participé à de nombreuses expositions collectives à travers l’Europe, les États-Unis et le Japon, et a eu plus d’une trentaine d’expositions individuelles depuis 1984.
En 2010, il a reçu le premier prix du Salon d’automne du musée Sursock à Beyrouth. Ses œuvres, qui se trouvent dans les collections privées et dans de nombreux musées internationaux, ont également été vendues avec succès à la prestigieuse maison de vente aux enchères Christie’s Dubaï. Né au Liban en 1954, il vit et travaille à Beyrouth. Il est détenteur d’un diplôme en arts décoratifs de l’Institut des beaux-arts de l’UL et titulaire d’un doctorat en urbanisme de la Sorbonne à Paris. Il enseigne l’art à l’Université libanaise.