Le ministère des Télécoms a enfin mis un terme au suspense qui régnait concernant les nouveaux tarifs de la téléphonie et Internet fixes (Ogero) et mobiles (Alfa et Touch) lors d’une conférence de presse jeudi à Beyrouth.
Selon les différents responsables présents, dont le ministre sortant Johnny Corm, les nouvelles grilles approuvées vendredi dernier par le Conseil des ministres – lors de la dernière réunion dans le cadre de laquelle le gouvernement détenait les pleins pouvoirs – doivent permettre d’assurer la pérennité des réseaux concernés, dans un contexte de crise marqué entre autres par un effondrement continu de la monnaie nationale, depuis près de trois ans, et un rationnement en électricité qui implique un recours aux générateurs pour assurer une alimentation électrique. Un des coûts les plus importants à assumer est dès lors celui de « l’énergie », qui a été multiplié par « 14 » depuis le début de la crise qui sévit au Liban. Une hausse notamment liée à celle des cours mondiaux.
Selon les chiffres fournis pendant la conférence de presse, les coûts énergétiques des opérateurs mobiles absorbaient 9 % du total de leurs recettes avant la crise, une proportion qui dépasse 50 % aujourd’hui. Ogero affirme produire 23 mégawatts (MW) d’électricité avec ses « générateurs d’urgences » pour maintenir son réseau. Selon le directeur général d’Ogero, Imad Kreidié, les moteurs de l’office chargés de gérer la téléphonie et Internet fixe fonctionnent « 22 heures par jour » en raison de l’explosion du rationnement imposé par Electricité du Liban (EDL) – qui trouve sa source dans les profonds problèmes de gouvernance et de corruption du pays. Selon les responsables présents à la conférence, les opérateurs mobiles et fixes du pays ont commencé à installer des capacités photovoltaïques pour pallier les problèmes d’énergie mais sont quand même obligés de compter dans certaines régions sur les générateurs privés. Les responsables ont également dénoncé les vols dont ils sont victimes - électricité, carburant et même batteries.
Lors de la conférence de presse a également été abordée la question d'une mise hors service du réseau 2G et d'une partie du réseau 3G.
En ce qui concerne les nouveaux tarifs, ils entreront en vigueur le 1er juillet. Les tarifs en livres que nous avons calculés dépendent du taux de Sayrafa de jeudi soir à 24 600 livres.
I-Opérateurs mobiles
Pour les opérateurs mobiles, les prix étaient, jusqu'à présent, affichés en dollars mais payables en livres, après une conversion au taux officiel de 1 507,5 livres pour un dollar, qui ne reflète plus du tout la réalité du taux de change (36 000 livres pour un dollar jeudi).
Sur le principe, la nouvelle grille prévoit de diviser tous les prix actuels en dollars par trois, puis de les convertir au taux de Sayrafa, pour obtenir le montant à payer en livres.
Les tarifs des communications à travers des téléphones portables sont divisés en cartes prépayées et abonnements (post-payés). Les tarifs des différents abonnements et cartes prépayés seront publiés « rapidement » sur les sites des deux opérateurs.
Pour les cartes prépayées
Selon la formule annoncée jeudi, le coût de la carte recharge valable un mois passe par exemple de 22,73 à 7,58 dollars. Cela veut dire que la recharge que les usagers payaient jusqu'à présent 34 200 livres serait facturée à près de 190 000 livres au taux de Sayrafa de 24 600 livres, si l'entrée en vigueur de cette nouvelle tarification avait eu lieu jeudi.
Les prix en dollars des minutes d’appel pouvant être effectués via ces recharges, ainsi que celui des SMS, ont également été divisés par trois, passant de 0,25 à 0,08 dollar pour les premiers, 0,05 à 0,02 dollar pour les seconds.
Au niveau des données, les 500 mégabits (MB) passent de 10 dollars (15 075 livres) à 3,5 dollars (86 100 livres, au taux Sayrafa de jeudi). Les responsables n’ont pas précisé si le prix du MB diminuait en achetant une plus grande quantité de données en une fois, comme c’est actuellement le cas.
Selon l’exemple mis en avant par le ministère pour résumer toutes ces modifications, la carte prépayée qui permet 10 minutes d’appel et offre 500 MB de données mobiles coûtera désormais 2,94 dollars, soit 70 500 livres selon les calculs du ministère, contre 9,23 dollars ou 14 000 livres auparavant.
Pour les abonnements
S’agissant des abonnements post-payés, la part fixe a été divisée par 3, passant de 15 dollars (22 600 livres au taux officiel) à 5 dollars (123 000 au taux de Sayrafa).
Le prix des minutes est passé de 0,11 à 0,04 dollar, tandis que les prix des SMS et des données mobiles sont identiques à ceux des cartes prépayées (soit 0,08 le SMS et 3,5 dollars les 500 MB).
Selon l’exemple du ministère, un usager qui aurait consommé 100 minutes d’appels et 500 MB de données mobiles sans envoyer de SMS payait auparavant 41 dollars, soit 62 000 livres au taux officiel, et paiera après le 1er juillet 14,17 dollars ou 340 000 livres.
II-Téléphonie et Internet fixe
Les nouveaux tarifs d’Internet fixe ont déjà été publiés sur le site d’Ogero, l’office dédié. Son directeur général, Imad Kreidieh, a complété le tableau lors de la conférence de presse.
Téléphonie
Le prix de la minute d’appel n’a pas été modifiée : de 28 à 49 livres par minutes pour un appel vers une autre ligne fixe selon que l’on se situe en « heure de pointe » (de 7h du matin à 9 h du soir) ou non, et 166 livres pour un appel vers un mobile au Liban, peu importe la période de la journée. Ces prix n’incluent pas la TVA.
Les prix de certains services ont été relevés, comme pour les changements d’adresse (passés de 10 000 livres à 25 000 livres avec TVA). D’autres n’ont pas changé, comme le fait de faire un « freezing », soit geler la ligne de manière à la maintenir sans payer de frais supplémentaires pendant une période d’absence, par exemple.
Internet
Pour Internet, le principe est que tous les prix libellés en livres ont été multipliés en moyenne par un facteur de 2,5, mais avec des différences en fonction des plans. Pour Internet, l’abonnement destiné aux particuliers proposant 40 Gb par mois à 52 000 livres aura un équivalent dans la nouvelle grille facturée à 60 000 livres, soit un montant multiplié par 1,15, pour une consommation là aussi doublée (80 Gb). Le tarif correspond à une vitesse de connexion plafonnée à 4 mégabits par seconde (Mbps). À noter que l’abonnement plafonné à 2 Mbps en illimité par DSL, qui figure dans la liste de prix d’Ogero, a disparu, mais a été remplacé par un abonnement à une vitesse maximale de 2,3 Mbps, avec un quota de 300 GB pour 250 000 livres.
Les plans illimités, en termes de données utilisées, se payent eux entre 175 000 livres à 325 000 livres, dépendamment de la vitesse choisie (de 6 Mbps à la vitesse maximale permise par la connexion). Dans le cas où l’utilisateur opte pour une vitesse maximale, il devra payer entre 90 000 livres et 250 000 livres, dépendamment du quota de donnés permises (100 à 300 GB).
Concernant la fibre optique (plus rapide que l’ADSL), les utilisateurs devront débourser entre 175 000 et 325 000 livres pour un abonnement dont les vitesses de connexion varient de 6 Mbps à 50 Mbps. S’ils souhaitent bénéficier de la vitesse maximale permise par la fibre, les abonnements varient entre 300 000 livres et 900 000 livres.
III-Mise hors service du réseau 2G
Lors de la conférence de presse, les responsables présents sont également revenus sur le projet de mise hors service du réseau 2G (ou Edge) ainsi qu’une partie conséquente du réseau 3G (82 %), au profit du réseau 4G.
La mise hors service du réseau 2G - que certains opérateurs ont commencé à mettre en œuvre dans d’autres pays - est un autre pan du plan présenté par le ministre et approuvé par l’exécutif vendredi dernier. Si l’ajustement des tarifs vise à augmenter les recettes du secteur, en chute libre sur fond d'effondrement de la livre, la seconde mesure vise à baisser les coûts spécifiques des opérateurs mobiles engagés pour opérer ce réseau bas débit, utilisé pour les appels vocaux et les données. Selon la présentation faite par Salem Itani, les coûts des deux opérateurs mobiles Alfa et Touch s’élevaient à 530 millions en 2018 et le plan ambitionne de les faire passer à 254 millions.
Selon le PDG de l’opérateur Touch, Salem Itani, « l’opération va commencer dans quatre mois et va s’étendre sur neuf mois, de manière progressive » selon « une étude » du ministère des Télécoms qui tient compte des « utilisateurs qui dépendent de ce réseau » et du « facteur sécuritaire ». Ce réseau est en effet utilisé par les forces armées du pays, notamment pour la géolocalisation. « Tous les utilisateurs concernés seront prévenus en amont », a-t-il assuré.
Johnny Corm et Salem Itani ont défendu la mesure, en se limitant à parler du « réseau 2G ». « Nous étions arrivés à un point où nous devions investir pour réhabiliter ce réseau. J’ai demandé à ce qu’on étudie la question pour voir s’il n’y avait pas des économies à faire (…) Il est ressorti que nous pouvions économiser au total 48,6 millions de dollars sur trois ans (sur l’ensemble des deux opérateurs mobiles Alfa et Touch et en comptant toutes les composantes de l’opération, à court, moyen et long terme, NDLR) » en mettant hors service ce réseau, a-t-il notamment exposé. Il a ajouté que cela ne détériorera pas la qualité du réseau dans son ensemble, mais permettra de supprimer les coûts de fonctionnement de plusieurs « sites ». Salem Itani a indiqué que 100 000 abonnés, soit 3 ou 4 % du total de Touch, seront impactés et devront se connecter sur le réseau 3G.
Critiques
Malgré les circonstances expliquées par les responsables pour justifier leurs décisions, l'organisation de défense des droits numériques, SMEX, basée à Beyrouth, s'est récemment opposée à ce nouveau plan du ministère des Télécoms, qualifiant, sur son site, les solutions proposées de « désastreuses ». Contacté en marge de la conférence à ce propos, le gestionnaire de contenu numérique de SMEX, Abed Kataya, a reproché aux autorités de « ne pas respecter le droit des gens à être connectés » puisque « plus de 230 000 personnes », « majoritairement des personnes sous le seuil de pauvreté », devront changer de téléphone quand elles ne pourront plus accéder au réseau 2G ni à une grande partie du réseau 3G. Rebondissant également sur la hausse des tarifs, Abed Kataya a dénoncé l’incapacité des responsables « à trouver des solutions aux problèmes en interne », soit au sein du ministère et des opérateurs, et de les renvoyer sur la population « en lui faisant payer » l'addition.
OYEZ OYEZ Mmes /Mssrs, notre Etat nous escroque ouvertement -pire encore-LEGALEMENT si j'ose dire pour les services cellulaire: nous lui payons chaque mois un minimum de X LL pour Y nombre de MB/G3 ces LL X demultiplies a chaque depassement des Y MB, que nous les utilisions a 1% ou aux 100% -c a d l'etat nous fait payer chaque mois la totalite de X LL sans reporter a notre credit le solde des Bites non utilises.
16 h 10, le 27 mai 2022