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Monde - France

Un nouveau gouvernement à Matignon et un jeu de chaises musicales

La nouvelle équipe ministérielle mènera la bataille des législatives des 12 et 19 juin qui pourrait donner lieu à une autre vague de nominations.

Un nouveau gouvernement à Matignon et un jeu de chaises musicales

Le secrétaire général Alexis Kohler quittant le perron de l’Élysée après avoir annoncé les noms des ministres du nouveau gouvernement français, hier à Paris. Ludovic Marin/AFP

L’historien Pap Ndiaye à l’Éducation et un vaste jeu de chaises musicales : un mois après la réélection d’Emmanuel Macron et à trois semaines des législatives, la France s’est enfin dotée hier d’un nouveau gouvernement oscillant entre renouvellement et recyclage. Parmi les surprises égrenées sur le perron de l’Élysée par le secrétaire général Alexis Kohler, figurent l’attribution du portefeuille de ministre des Affaires étrangères à la diplomate Catherine Colonna ou encore l’arrivée à la Culture de Rima Abdul Malak, jusque-là conseillère d’Emmanuel Macron. Mais le centre d’attraction est l’arrivée au ministère de l’Éducation de Pap Ndiaye, âgé de 56 ans, qui dirigeait jusqu’à présent le palais de la Porte-Dorée et donc le musée de l’Histoire de l’immigration. Cet intellectuel, spécialiste d’histoire sociale des États-Unis et des minorités, aura la charge de succéder à Jean-Michel Blanquer à la tête d’un ministère à vif traversé par des tensions sociales. L’extrême droite a immédiatement concentré ses critiques sur ce choix. « La nomination de Pap Ndiaye, indigéniste assumé, à l’Éducation nationale est la dernière pierre de la déconstruction de notre pays, de ses valeurs et de son avenir », a dénoncé Marine Le Pen, estimant que « ce remaniement symbolise l’incompétence et l’arrogance d’Emmanuel Macron ».

Mme Colonna, elle, est déjà rompue aux rouages de l’État, ayant été ministre des Affaires européennes de 2005 à 2007 et porte-parole de l’Élysée sous Jacques Chirac. La nouvelle chef de la diplomatie française, qui arrive dans un contexte international marqué par la guerre en Ukraine, était ambassadrice au Royaume-Uni depuis septembre 2019.

Le maire numéro deux

À l’image de la nomination, lundi à Matignon, d’Élisabeth Borne, ancienne ministre du Travail, le premier gouvernement du second quinquennat Macron est aussi marqué par la reconduction de plusieurs figures de l’acte I. Certains conservent leurs portefeuilles : c’est le cas des poids-lourds Bruno Le Maire (Économie, Finances et Souveraineté industrielle et numérique), qui obtient le statut de numéro deux du gouvernement, Gérald Darmanin (Intérieur) et surtout Éric Dupond-Moretti (Justice), malgré des relations conflictuelles avec les syndicats de magistrats. Clément Beaune reste pour sa part le M. Europe de l’exécutif et Franck Riester au Commerce extérieur. L’essentiel du mouvement s’apparente à un jeu de chaises musicales, ce qui fait dire à l’Insoumis Jean-Luc Mélenchon que « sous les apparences ternes et grises, sans audace, on y retrouve les principales figures de la maltraitance sociale et de l’irresponsabilité écologique du précédent gouvernement ». « Un gouvernement de droite qui se moque complètement de l’écologie et du social », a fustigé Julien Bayou, secrétaire national d’Europe-Écologie-les Verts (EELV).

C’est ainsi qu’Amélie de Montchalin (ex-Fonction publique) devient ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, et qu’Agnès Pannier-Runacher (ex-Industrie) obtient le porte-feuille de ministre de la Transition énergétique. Les deux femmes formeront avec Élisabeth Borne, directement chargée de la Planification écologique et énergétique, le triumvirat « écolo » du gouvernement. Sébastien Lecornu (ex-Outre-mer) décroche pour sa part les Armées en remplacement de Florence Parly, Marc Fesneau (ex-Relations avec le Parlement) ira à l’Agriculture, Brigitte Bourguigon (ex-Autonomie) prend du galon en allant à la Santé, tandis que le ministère du Travail échoit à Olivier Dussopt (ex-Budget), avec la réforme des retraites en toile de fond. Figure de la gestion de la crise Covid, Olivier Véran prend en charge les Relations avec le Parlement, tandis que Gabriel Attal est envoyé aux Comptes publics. Olivia Grégoire lui succède en tant que porte-parole.

Parmi les entrants politiques, l’arrivée de Damien Abad focalise l’attention et traduit la poursuite de la fracturation de la droite par Emmanuel Macron. Ancien patron des députés LR qui a claqué cette semaine la porte de son parti, il obtient un ministère des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées. Proche d’Édouard Philippe, le maire d’Angers Christophe Béchu est nommé ministre délégué en charge des Collectivités territoriales.

Ministres en réserve

Et quelques marcheurs historiques sont récompensés, au premier rang desquels le patron du parti Stanislas Guérini, ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, la présidente de la commission des Lois de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet, promue à l›Outre-mer, ou encore Amélie Oudéa-Castera, ancienne DG de la Fédération de tennis (FFT), qui accède aux Sports. La présidente de l’Université Paris-Saclay Sylvie Retailleau prend la tête de l’Enseignement supérieur et la Recherche, et la magistrate Isabelle Rome sera chargée de l’Égalité femmes-hommes. Élisabeth Borne devait défendre ces choix au journal télévisé de TF1 hier soir.

Ce nouveau gouvernement, qui doit se réunir en Conseil des ministres lundi, mènera la bataille des législatives des 12 et 19 juin, qui pourrait donner lieu à une autre vague de nominations.

Mais les ministres devront aussi se faire discrets, la période de réserve débutant... lundi. Le tempo de ces nominations, fruit d’un long processus de maturation, a agacé les oppositions, à l’image de l’Insoumis Jean-Luc Mélenchon. « Macron attend ce soir pour annoncer le gouvernement. Avantage : alléluia médiatique tout le week-end + manière d’empêcher les candidatures de riposte face aux futurs ministres ralliés », a-t-il tweeté, alors que les candidats aux législatives des 12 et 19 juin ont jusqu’à 18h pour déposer leur candidature. « C’est particulièrement anormal lorsque l’on connaît la situation quotidienne des Français qui n’est pas un long fleuve tranquille », avec notamment la hausse des prix, a affirmé jeudi la finaliste d’extrême droite à la présidentielle Marine Le Pen.

Source : AFP

L’historien Pap Ndiaye à l’Éducation et un vaste jeu de chaises musicales : un mois après la réélection d’Emmanuel Macron et à trois semaines des législatives, la France s’est enfin dotée hier d’un nouveau gouvernement oscillant entre renouvellement et recyclage. Parmi les surprises égrenées sur le perron de l’Élysée par le secrétaire général Alexis Kohler,...

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