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Nos Lecteurs ont la Parole

Autopsie d’une tragédie

Dans son égocentrisme, sa paranoïa et sa mégalomanie, le tsar de toutes les Russies, conforté par un arsenal tactique des plus redoutables accumulé depuis plus de vingt ans, était hissé dans son délire à des degrés tels que toute vision du réel devait lui être une torture inimaginable...

Car, comment expliquer toutes ces maladresses qui l’ont conduit dans l’impasse peu confortable où il se trouve désormais ?

Déjà, les militaires s’accordaient dès les premiers jours de l’invasion à ne guère comprendre le fait qu’une armée puisse aligner à la queue leu leu sur une route unique plus de 60 km de chars et de blindés en une seule et même file ! Même si l’ennemi est privé d’aviation, il dispose néanmoins d’une artillerie et de missiles ! D’ailleurs, il a suffi d’un commando de 30 ingénieurs ukrainiens en informatique sur des scooters nocturnes munis de la lumière infrarouge et de quelques drones – jouets bourrés d’explosifs (et non des Beyrakdar turcs) – pour attaquer à la James Bond 007 la tête du convoi et son milieu, et l’immobiliser sur place, rendant non opérationnelle la monumentale expédition…

À court de carburants et de nourriture, ce fut le sauve-qui-peut, l’abandon et le retour dans le sens inverse, la raspoutitsa des sols interdisant de quitter la route en bitume.

Selon de hauts gradés militaires, depuis le convoi des éléphants par Hannibal traversant les Alpes, on a rarement vu pareille mésaventure...

Puis il y a ce mépris vaniteux, cette sous-estime maladive de l’ennemi, jugé inférieur en combativité et en résistance, vu son nombre et qui s’est révélé désastreux aux alentours de Kiev et dans Kharkiv, mais surtout à Marioupol (que j’ai qualifiée de Stalingrad de ce début de siècle dans un poème dans ces mêmes colonnes), qui a galvanisé l’énergie du désespoir des civils martyrisés... Cette goutte qui fait déborder le vase de la conscience humaine qui fait que le petit irréductible puisse faire douter le puissant réducteur et finit par le déstabiliser. Comme jadis le petit Viêt-minh face aux Français puis aux Américains...

La victoire éclair malgré la force n’est plus garantie et devient impossible avec le temps qui passe, et donc les illusions trépassent.

Alors, le grand chef devient furieux, s’excite, réprimande conseillers, ministres et généraux, vu les pertes conséquentes, contre ces Russes de Kiev, ces inférieurs qu’on voulait libérer.

Alors, on sort les missiles tactiques, les intercontinentaux, et on prévient les Européens que l’Europe sera rasée en 60 secondes cartes et dessins à l’appui. Et que les États-Unis n’auront même pas les minutes qu’il leur faut pour répliquer...

Mais, chose inespérée, voilà qu’un missile fabriqué en Ukraine, tiré en douce d’une côte sur la mer Noire, vient couler le Moskva, l’unique navire amiral fleuron de la flotte, et son majestueux équipement balistique... Et qu’une guerre de tranchées, donc d’usure (toujours favorable aux défenseurs), se profile dans le Dombas même, au cœur du pays russophone, rappelant celle de Verdun il y a un siècle et qui a duré quatre ans... gagnée à la fin par la France.

Mais que se passe-t-il donc avec la deuxième armée du monde ?

Des milliers de soldats morts, des pertes lourdes en matériel, que dire au grand peuple invincible de la Sainte Russie, la pauvre agence TASS, comme jadis la Pravda, n’arrivant plus à faire boire la tasse... Ça ressemble à une mauvaise passe. Après tout, l’Armée rouge a quitté l’Afghanistan bien avant l’armée américaine et M. Biden.

Et, acculé, désemparé comme le dictateur dans le film de Charlie Chaplin, le grand vadrouilleur Poutine se retrouve dans la posture de Bourvil et de Funès se demandant : « Et maintenant, que vais-je faire ? »

Le monde vivait jusqu’à hier sur le mythe de l’invincibilité du pays le plus étalé au monde avec ses 12 fuseaux horaires, ses richesses énergétiques inouïes et ses 160 millions d’habitants... Un pays qui tenait les pays alentour au respect depuis des siècles.

Quel cadeau impensable donné aux ennemis de la Russie de la part d’un illuminé qui se prenait pour le Tarzan missionnaire de l’orthodoxie chrétienne et qui se retrouve être un malheureux Tartarin de Tarascon chantre de la vantardise et des camouflets... Si Corneille était vivant, il nous aurait publié un autre Cid...

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Dans son égocentrisme, sa paranoïa et sa mégalomanie, le tsar de toutes les Russies, conforté par un arsenal tactique des plus redoutables accumulé depuis plus de vingt ans, était hissé dans son délire à des degrés tels que toute vision du réel devait lui être une torture inimaginable...Car, comment expliquer toutes ces maladresses qui l’ont conduit dans l’impasse peu confortable...

commentaires (1)

160 millions d’habitants pour un pays grand comme un continent ce n’est pas beaucoup. Un beau pays qu’il avait tout pour être heureux . Une amie a fait le transiberien jusqu’à Vladivostok l’océan Pacifique, unique au monde

Eleni Caridopoulou

17 h 55, le 19 mai 2022

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Commentaires (1)

  • 160 millions d’habitants pour un pays grand comme un continent ce n’est pas beaucoup. Un beau pays qu’il avait tout pour être heureux . Une amie a fait le transiberien jusqu’à Vladivostok l’océan Pacifique, unique au monde

    Eleni Caridopoulou

    17 h 55, le 19 mai 2022

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