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Moyen-Orient - Médias

Les élections libanaises vues par la presse étrangère

Reflétant un clivage dominant de la campagne électorale, les organes de presse étrangers tirent surtout un bilan des législatives : le parti chiite et ses alliés sont devenus minoritaires.

Les élections libanaises vues par la presse étrangère

Un partisan du Hezbollah brandissant un drapeau du parti durant les élections législatives libanaises à Beyrouth, le 15 mai 2022. Louaï Béchara/AFP

« Le bloc du Hezbollah a perdu sa majorité. » Tel est le principal bilan que la presse internationale a tiré des résultats des élections législatives qui se sont déroulées dimanche dans le pays du Cèdre, plus encore que la « percée significative de l’opposition », titrée mardi par le quotidien français Le Monde. Basées sur les premiers chiffres publiés par le ministère de l’Intérieur, qui ne permettent pas encore de conduire une analyse détaillée du vote, les conclusions et les leçons à tirer diffèrent d’un média à l’autre. Du quotidien américain The New York Times au journal saoudien basé à Londres al-Chark al-Awsat, la presse internationale évoque néanmoins le risque de paralysie politique lié au morcellement des forces politiques qui constituent désormais le Parlement.

Insistant surtout sur le constat d’un recul du groupe parlementaire du parti pro-iranien, par rapport aux 71 sièges qu’il avait obtenus avec ses alliés lors du précédent scrutin en 2018, les grands titres internationaux ne lui attribuent pourtant pas tous le même nombre de députés cette année. Des blocs cohérents seront en effet difficiles à constituer tant la nouvelle Chambre élue apparaît morcelée entre les parlementaires de différentes formations politiques, les indépendants – aux positions parfois polémiques ou issus de grandes familles politiques – et les forces de la contestation du 17 octobre 2019. Les estimations pour le groupe du parti chiite varient ainsi entre 58 pour la chaîne qatarie al-Jazeera et 62 pour la BBC, alors que la majorité s’établit à 65 parlementaires sur les 128 qui forment la Chambre.

Soutenu par une campagne d’intimidations et de pressions, le tandem Hezbollah-Amal a remporté les 27 sièges chiites du Parlement. Aussi les titres de presse internationaux notent que la défaite du parti de Hassan Nasrallah se limite à celle de ses alliés. Le Courant patriotique libre du président Michel Aoun et de son gendre Gebran Bassil en premier lieu, qui a perdu cinq sièges depuis 2018, et les candidats prosyriens « balayés dans de nombreuses circonscriptions », selon Le Monde. Mais le quotidien américain

The Washington Post reste prudent, signalant que « le Hezbollah pourrait regagner la majorité s’il persuade certains candidats indépendants de rejoindre son bloc ». Sur la question de la branche armée du parti, qui dépouille l’État de son monopole de la violence légitime, certains candidats avaient en effet évité de prendre clairement position.

Les partis traditionnels

Ce clivage, pourtant central durant la campagne électorale, a trouvé écho dans les pages de certains médias régionaux. « Les résultats des récentes élections libanaises indiquent l’existence d’un soulèvement contre le projet iranien et ses soutiens dans la région, de l’Iran au Liban, en passant par l’Irak (où des élections législatives avaient porté un coup aux forces pro-iraniennes en octobre dernier, menant aussi des indépendants au Parlement, NDLR) », soutient dans al-Chark al-Awsat Tarek Hmayed, ancien rédacteur en chef du journal saoudien. Riyad a lancé ses forces dans la bataille à la dernière minute, en renvoyant notamment son ambassadeur à Beyrouth après cinq mois de brouille diplomatique. Sa mission était d’une part de soutenir le parti chrétien des Forces libanaises, hostile au Hezbollah, et d’autre part de mobiliser les électeurs sunnites dont le vote s’annonçait dispersé en raison de la suspension de l’activité politique de Saad Hariri, chef du courant du Futur. Face au recul du groupe parlementaire de Hassan Nasrallah, l’Iran a seulement déclaré lundi par la voix du porte-parole du ministère des Affaires étrangères qu’il n’avait jamais essayé d’interférer dans les affaires intérieures du Liban, notant que « la République islamique d’Iran, elle-aussi, respecte la décision du peuple libanais ».

Pour les Libanais qui ont vécu la « thaoura », l’explosion du 4 août 2020, et qui se débattent contre une crise économique et financière étouffante, la percée de 13 candidats se réclamant de la contestation (contre une seule lors du scrutin précédent en 2018) constitue une des principales leçons de ces élections. Pourtant, c’est en passant qu’elle est évoquée par de nombreux médias qui ne s’attardent pas dessus. La chaîne britannique BBC résume quant à elle que « les victoires de candidats indépendants et de partis non alignés ont aussi été importantes », mentionnant deux exemples, celui d’Élias Jaradé au Liban-Sud III, habituellement acquis au tandem chiite, et de Marc Daou qui a détrôné le chef druze Talal Arslane dans la circonscription du Chouf-Aley. Se distinguant des autres, Le Monde caractérise cette poussée comme « une petite secousse qui a ébranlé les partis traditionnels libanais ».

Le New York Times rappelle néanmoins que « de nombreux politiciens de la vieille garde ont conservé leur siège, y compris deux personnes inculpées par le juge chargé de l’enquête sur l’explosion au port de Beyrouth » : Ali Hassan Khalil et Ghazi Zeaïter du mouvement Amal, qui conservent ainsi leur immunité parlementaire. Ce dossier, à l’image de nombreux autres, à commencer par le plan de réforme à mettre en place pour obtenir une aide du Fonds monétaire international, constituera très probablement une ligne de clivage qui divisera le Parlement. Un risque intrinsèque de fragmentation de la chambre qui pourrait s’exprimer en premier lieu lors de l’élection de son président. « Sans bloc majoritaire et avec un groupe indépendant qui n’est ni suffisamment grand ni unifié, le Liban devrait revivre une période de paralysie politique comme celle qui a caractérisé le pays entre 2009 et 2018 », anticipe le quotidien israélien de gauche Haaretz, en référence à l’époque où la présidence de la République était restée vacante pendant deux ans et où la Chambre avait renouvelé son propre mandat deux fois. L’analyse de Zvi Ba’rel parue hier évoque ainsi la possibilité que le combat politique se traduise en confrontations violentes entre partisans et détracteurs du Hezbollah. Le parti a néanmoins exprimé hier, par l’intermédiaire de son groupe parlementaire, sa volonté de « tendre la main pour une coopération positive » dans l’intérêt du Liban.

« Le bloc du Hezbollah a perdu sa majorité. » Tel est le principal bilan que la presse internationale a tiré des résultats des élections législatives qui se sont déroulées dimanche dans le pays du Cèdre, plus encore que la « percée significative de l’opposition », titrée mardi par le quotidien français Le Monde. Basées sur les premiers chiffres publiés par...

commentaires (3)

L’Iran respecte la décision du peuple libanais mais il nous prend pour des c..

Eleni Caridopoulou

18 h 44, le 19 mai 2022

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Commentaires (3)

  • L’Iran respecte la décision du peuple libanais mais il nous prend pour des c..

    Eleni Caridopoulou

    18 h 44, le 19 mai 2022

  • TANT PIS POUR LES MINORITAIRES (?)VOYONS CE QUE LES MAJORITAIRES ( ? ) VONT PROMETTENT FAIRE .. ARTICLE BASE SUR DES HYPOTHÈSES SPÉCULATIVES .

    aliosha

    08 h 21, le 19 mai 2022

  • Pays de Bananes Les maronites sont tout aussi a blamer que chiites pour la destruction de notre patrie. Ce sont des petites gens….

    Robert Moumdjian

    02 h 46, le 19 mai 2022

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