Cannes, c’est parti !

Une star hollywoodienne, Forest Whitaker, puis une comédie de zombies déjantée signée par le réalisateur du film The Artist : le coup d’envoi a été donné hier soir pour le 75e Festival de Cannes, une édition entre 7e art, vedettes et ombre de la guerre en Ukraine.

En matinée, le tapis rouge de cette édition anniversaire a été déroulé sur les célèbres marches. Juste à temps pour accueillir les stars et les festivaliers ainsi que les membres du jury, présidé par l’acteur français Vincent Lindon. Les influenceurs sont nombreux cette année, notamment ceux du réseau social TikTok – nouveau partenaire du Festival de Cannes –, mais sont privés de leur smartphone sur le tapis rouge, étiquette oblige... En soirée, la cérémonie d’ouverture a été présidée par Virginie Efira, attendue également à l’écran pour son rôle de survivante d’un attentat dans Revoir Paris.

La star internationale de cette soirée a été Forest Whitaker, qui a reçu à 60 ans une Palme d’or d’honneur pour une carrière marquée par un Oscar pour son interprétation d’Idi Amin Dada, le dictateur ougandais (de 1971 à 1979), dans Le dernier roi d’Écosse (2007), ou encore pour son rôle de tueur chez Jim Jarmusch dans Ghost Dog (1999). Le comédien américain est un habitué de la Croisette, où il avait obtenu un prix d’interprétation en 1988 pour Bird de Clint Eastwood – long-métrage dans lequel il avait magistralement incarné le jazzman Charlie Parker (1920-1955).

Soirée déjantée

L’ambiance a ensuite radicalement changé, avec la projection en ouverture de Coupez ! du cinéaste Michel Hazanavicius, une parodie déjantée de films de zombies et une déclaration d’amour à tous les films – même les plus ratés. Le long-métrage, qui est simultanément sorti en salles, a fait office d’exutoire pour un monde du cinéma qui tente de se remettre de la pandémie de coronavirus : Coupez ! « est joyeux, il met en valeur les gens du cinéma et j’espère qu’il donne envie d’en faire », a déclaré le réalisateur français, « très heureux » de revenir à Cannes en ouverture.

Quelques heures auparavant, les festivaliers ont pu remonter le temps et redécouvrir La maman et la putain, l’un des films qui ont fait la légende de Cannes, sorti en 1973. Certains cinéphiles l’ont vu enfin, et pour la première fois : un demi-siècle après avoir fait scandale, cette œuvre majeure de la Nouvelle Vague, signée Jean Eustache, n’avait pas été rééditée et était devenue difficile à visionner pour des questions de droits. Le film est désormais restauré et deux de ses interprètes, Jean-Pierre Léaud et Françoise Lebrun, ont pu assister avec émotion à sa projection cannoise, avant sa ressortie en salles le 8 juin.

Le Festival de Cannes, qui s’achèvera le 28 mai, entre aujourd’hui dans le vif du sujet : symbole fort, la compétition officielle débute ce soir par la projection du dernier film du réalisateur russe Kirill Serebrennikov, en rupture avec le régime de Moscou. Il pourra venir pour la première fois défendre en personne son film. Le Festival de Cannes refuse en revanche d’accueillir « des représentants officiels russes, des instances gouvernementales ou des journalistes représentant la ligne officielle » du Kremlin. « Nous allons afficher un soutien absolu et non négociable au peuple ukrainien », avait affirmé lundi Thierry Frémaux, le délégué général du Festival de Cannes, avec plusieurs films sélectionnés.

Côté tapis rouge, les appareils photos chaufferont pour la montée des marches de l’équipe du second opus du film Top Gun (Top Gun: Maverick, présenté hors compétition), dont Tom Cruise.

Côté réalisateurs, parmi les cinéastes en lice pour la Palme d’or (21 films sont en compétition), Park Chan-wook (Old Boy) revient avec une enquête sulfureuse (Decision to Leave), James Gray présente Armageddon Time, avec Anthony Hopkins et Anne Hathaway, tandis que d’autres, déjà médaillés, tenteront de décrocher un nouveau trophée, dont les frères Dardenne (Rosetta) avec Tori et Lokita ou le grinçant Ruben Östlund (The Square) avec Sans filtre.

Source : AFP