Le chef des Marada, Sleiman Frangié, s’est déclaré jeudi soir « ouvert à un dialogue » avec le Courant patriotique libre de Gebran Bassil après les législatives, alors que les deux rivaux chrétiens sont des candidats potentiels à la présidentielle prévue fin octobre. M. Frangié a par ailleurs estimé que « rien ne prouve l’existence d’un lien entre les Forces libanaises de Samir Geagea et Israël », peu après que M. Bassil a estimé que « voter FL, c’est voter Israël ».
« Nous sommes ouverts à un dialogue avec le CPL après les législatives, à tourner la page et à ouvrir toutes les cartes avec de bonnes intentions et sans conditions. Nous pourrons nous entendre ou être en désaccord », a affirmé le leader chrétien lors d’une intervention sur la chaîne al-Mayadine, dans des propos montrant une certaine ouverture à l’égard de son principal rival dans la bataille pour la magistrature suprême. M. Frangié a également indiqué que « les FL avaient demandé, lors des discussions effectuées durant la période où la présidence avait été abordée, qu’un dialogue avec le Hezbollah soit parrainé ». Sleiman Frangié n’a pas précisé qui pourrait, selon les FL, parrainer un tel dialogue, ni à quelle période de discussions il fait allusion. Dans une réaction à ces propos, le bureau de presse des FL a démenti les affirmations de M. Frangié concernant un dialogue avec le Hezbollah. « Cette question n’a nullement été évoquée », a affirmé le parti de M. Geagea, expliquant qu’il s’y opposait « en raison de l’attachement du Hezbollah à ses armes ».
Par ailleurs, le chef des Marada a d’abord soutenu qu’« il n’est pas candidat à la présidentielle », avant de tempérer ses propos, faisant un nouveau clin d’œil à Gebran Bassil, mais s’adressant surtout au chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah : « Je ne me porterai pas candidat à la présidentielle sans le soutien de mes alliés politiques, même si l’autre partie me soutient », dans une référence implicite à l’ancienne coalition du 14 Mars.
« Voter FL, c’est voter pour Israël »
« Entre le CPL et les FL, nous choisissons en fonction de notre ligne stratégique », a par ailleurs ajouté M. Frangié, laissant deviner qu’il choisirait le camp aouniste, bien que les deux partis n’entretiennent pas de bonnes relations depuis l’élection de Michel Aoun à la présidence de la République. Il a enfin noté que « rien ne prouve l’existence d’un lien entre les FL et Israël, mais rien ne garantit son absence ».Le parti de Samir Geagea est parfois accusé d’entretenir des liens avec Israël, notamment par Gebran Bassil. Ce dernier a en effet affirmé jeudi que « voter FL, c’est voter pour Israël et ses alliés régionaux ». « Samir Geagea a toujours fait partie du projet israélien au Liban », a-t-il fustigé. « Nous nous trouvons dans une étape décisive. (...) Pouvons-nous nous rendre à celui qui menace notre existence ? » a-t-il renchéri.
Malgré les signes d’ouverture à l’égard de M. Bassil, M. Frangié s’était opposé mardi à l’élection du chef du CPL à la tête de l’État. « Si le chef du plus grand groupe parlementaire devient d’office président de la République, à quoi bon tenir des élections ? » avait-il dit, alors que le CPL, fondé par le président Michel Aoun, estime souvent qu’il est logique que le chef du plus grand groupe parlementaire chrétien soit élu à la présidence de la République. Le lendemain, c’est le patriarche maronite Béchara Raï qui avait critiqué la logique du président fort brandie par le CPL. « Le (futur) président représente tous les Libanais, et non seulement les maronites ou les chrétiens », avait lancé le cardinal, soulignant que la pratique selon laquelle il faudrait que le chef politique le plus fort chez les chrétiens soit élu président est anticonstitutionnelle.
La question d’une candidature de Gebran Bassil à la présidence revient régulièrement sur le devant de la scène. Cela a notamment été le cas début avril après un iftar qui avait réuni autour du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, le chef du CPL et celui des Marada. Les chances de ces deux alliés du Hezbollah d’accéder à Baabda semblent toutefois limitées pour différentes raisons : Gebran Bassil ne peut en effet compter sur aucun allié à part le parti chiite sur la scène locale, tout en étant sanctionné par les États-Unis depuis novembre 2020. En ce qui concerne Sleiman Frangié, sa candidature semble fragilisée par son faible poids politique et sa proximité avec Damas. Il semblerait en outre que les Occidentaux et les pays arabes favorisent la candidature de « personnalités compétentes, n’ayant pas de passif au pouvoir et pouvant bénéficier du soutien de la communauté internationale », selon un diplomate cité récemment par notre chroniqueur politique Mounir Rabih.
commentaires (13)
pour reprendre la sortie super intelligente du chef zghortiote : les 2 maronites allies malgre eux seront attristes si l'un des deux parvenait a etre elu a baabda et pas l'autre MAIS MAIS MAIS , le deconfit sera quand meme heureux d'avoir eu khamenai le libanais toujours le guide supreme.... de baabda.
Gaby SIOUFI
10 h 17, le 14 mai 2022