Siniora appelle à "voter en nombre pour les listes souverainistes"

L'ancien Premier ministre libanais Fouad Siniora a appelé jeudi les électeurs à voter en nombre "pour les listes souverainistes" aux législatives de dimanche, alors que le boycott du scrutin par le Courant du Futur de Saad Hariri fait craindre une forte abstention auprès des sunnites. Fouad Siniora n'est pas candidat à la députation mais il soutient des listes et des candidats dans plusieurs circonscriptions. 

Dans un discours prononcé depuis son bureau à Beyrouth, M. Siniora a déploré que les listes qu'il soutient, ainsi que lui-même, ont dû "faire face à des campagnes de diffamation et de mensonges, dans toutes les régions, qui avaient pour but de détourner l'attention des dossiers primordiaux".

"La période à venir s'annonce encore plus difficile pour nous tous si des réformes ne sont pas lancées", a-t-il mis en garde, appelant "tous les Libanais à contribuer au changement et à l'édification d'un État fort". Et l'ancien Premier ministre d'inviter les électeurs à voter en masse "pour des listes souverainistes". Dénonçant une loi électorale "empoisonnée", il les a invités à la transformer "en remède". "Votez pour un État fort, dirigé selon les principes de la Constitution et des lois, et non par les silencieux des armes et les explosifs", a-t-il exhorté. "N'oubliez pas les résultats de précédents boycottages des élections", a-t-il ajouté, en référence probable au scrutin de 1992, qui s'était déroulé sous occupation syrienne au Liban, à la sortie d'une guerre civile de 15 ans, et que les partis politiques les plus représentatifs sur la scène chrétienne avaient boycotté, avec l’approbation du patriarcat maronite de Bkerké.
Il a dans ce cadre salué le rôle du mufti de la République Abdellatif Deriane, qui a "motivé les électeurs à voter en nombre". Dans la journée, les ambassadeurs d'Arabie saoudite, du Qatar et du Koweït avaient été reçus par le mufti et avaient exhorté depuis Dar el-Fatwa à une forte participation au scrutin. 

Fouad Siniora a par ailleurs critiqué avec virulence le Hezbollah et ses alliés, les accusant d'avoir transformé le Liban "d'un État des institutions et des lois, en camp d'entraînement, plateforme d'insultes et de narcotrafic". "Ils se moquent des échéances constitutionnelles et bloquent les institutions afin d'imposer l'élection d'un président", a-t-il encore déploré, en allusion au blocage du scrutin présidentiel pendant deux ans en  2016. Face à cette situation, et par crainte que "Beyrouth ne sombre dans le chaos", il a estimé qu'il était "de son devoir, envers le défunt Rafic Hariri", ancien Premier ministre assassiné en 2005, de s'impliquer dans les élections en soutenant certaines listes.
Plus tôt dans la journée, le patriarche maronite Béchara Raï avait également critiqué l'élection "imposée" du chef de l’État. 

Les critiques voilées de M. Siniora à la décision du Futur et de son chef de boycotter le scrutin ont provoqué une réponse rapide du secrétaire général de ce parti, Ahmad Hariri. Ce dernier a publié sur Twitter une photo de Saad Hariri, son cousin, accompagné du message : "Seul ton point de vue nous représente", répété trois fois.