A quatre jours des élections législatives sur le territoire libanais, le chef de l'Église maronite, Béchara Raï, qui critique de plus en plus le camp du chef de l'Etat, Michel Aoun, a affirmé que l'élection de celui-ci en 2016 avait été "imposée" au pays, après presque deux ans et demi de vacance à la présidence. Le cardinal, qui a donné mercredi soir une interview à la chaîne publique Télé Liban, a profité de cette occasion pour également critiquer le Hezbollah, qu'il a qualifié de "milice", et a affirmé que le mentor du parti chiite, l'Iran, violait la souveraineté du Liban.
"Anti-démocratique, illégal et anticonstitutionnel"
Interrogé par le journaliste Walid Abboud, pour savoir si l'élection du président Aoun était "une chose normale", le patriarche a répondu : "On a bloqué la République pour élire untel". "Il ne faut pas imposer l'élection du président de la République. Celui-ci doit être élu. Il faut qu'au moins deux noms soient proposés pour cette élection", a estimé Mgr Raï. "Le général Aoun a été imposé. La République s'est arrêtée pour l'élire, ce qui est anti-démocratique, illégal et anticonstitutionnel". Le chef de l'Eglise maronite a ensuite critiqué la logique défendue par le camp aouniste, selon laquelle le chef du groupe parlementaire chrétien le plus nombreux devrait être élu à la présidence de la République. "Ce principe est anticonstitutionnel. Le président représente tous les Libanais, et non seulement les maronites ou les chrétiens", a rappelé le cardinal.
Soulignant que le scrutin législatif de dimanche détermine le président qui sera élu en octobre, le chef de l'Etat étant élu par les députés, Mgr Raï a appelé les électeurs à "voter en liberté, en conscience et par choix, sans vous soumettre à des pressions extérieures". "Si les électeurs votent comme des moutons, il n'y aura pas de changement", a-t-il prévenu.
"Les choses s'aggraveront" sans débat autour du Hezbollah
Abordant également la question des armes du Hezbollah, allié chiite du Courant patriotique libre fondé par Michel Aoun, Mgr Raï a demandé : "Pourquoi la résistance doit-elle être le fait d'une seule partie des Libanais, une partie qui décide de la paix et de la guerre ?". Il a également estimé qu'un seul État ne peut pas contenir deux pouvoirs, deux armées.
Le chef de l'Eglise maronite a également appelé à un Liban neutre et au respect des différentes résolutions internationales qui prévoient le désarmement du Hezbollah. Il a prôné un dialogue national sur cette question, "sans quoi les choses s'aggraveront". Selon lui, "le Liban va vers un suicide" s'il ne résout pas ce problème.
Le patriarche a ensuite affirmé que le parrain du parti chiite, l'Iran, "viole la souveraineté du Liban en raison de la présence d'une milice qui lui est affiliée, le Hezbollah".
Béchara Raï a enfin abordé la visite du pape François au Liban, qui était prévue pour les 12 et 13 juin prochain, selon Beyrouth, mais qui a été reportée pour raisons de santé. "Nous n'avons pas encore été informés par la Nonciature apostolique du fait que le pape François a reporté sa visite au Liban. Il est réellement malade, il n'y a pas de raisons politiques à ce report", a-t-il affirmé.
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Un peu tard quand même non? Il aura fallu des morts, des blessés, une économie en ruine et une ville a moitié détruite pour qu'il réagisse. Bon, il n'est jamais trop tard pour bien faire mais espérons qu'il sera plutôt comme Sfeir et non comme Khreich, solide et constant dans ses positions.
Pierre Christo Hadjigeorgiou
10 h 49, le 13 mai 2022