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Culture - Théâtre

Josyane Boulos : la comédie sera reine au Monnot et la tragédie sa princesse !

Nommée à la direction du théâtre Monnot, l’actrice, auteure et productrice répond aux questions de « L’Orient-le Jour ». Toujours avec le sourire, toujours avec un brin d’humour.

Josyane Boulos : la comédie sera reine au Monnot et la tragédie sa princesse !

Plutôt que sur les « Inch'Allah », Josyane Boulos compte sur son envie féroce de réussir. Photo Alain Giradet

Alors qu’elle avoue ne fantasmer que sur une vie oisive au bord de la mer des Caraïbes, son parcours professionnel est loin d’être banal ! Après avoir entamé une carrière à la télévision (Télé-Liban) qui a duré 14 ans, durant lesquels elle a produit et présenté des programmes télévisés à succès auprès de feu son père Jean-Claude Boulos, elle s’est lancée dans l’événementiel durant 20 années, d’abord avec sa première société Urban Art, ensuite avec 62 Events. Elle s’est par la suite tournée vers le théâtre auquel elle s’est consacrée pleinement depuis 2016. Actrice dans plus de 15 pièces sous la direction de Betty Taoutel, Lina Abyad, Clément Vieu et Alain Plisson, et auteure de quatre pièces, sans oublier ses rôles au cinéma sous la direction de Lara Saba, Clément Vieu, Philippe Aractingi et Nibal Arakji, Josyane Boulos succède aujourd’hui à Paul Matar au poste de directrice du théâtre Monnot. Elle se décrit comme une passionnée, une battante, peut-être une rêveuse qui tente de transformer ses rêves en réalité, une amoureuse de la scène et une productrice professionnelle, mais surtout une mère dévouée et une femme à l’optimisme chevillé au corps. « C’est plus drôle que le pessimisme », dit-elle.

Quel est pour vous le rôle essentiel d’un théâtre ?

Le théâtre est une source de divertissement incontournable dans la société, il éduque, cultive, forme et transforme. Il permet de véhiculer une forme d’éducation pour l’épanouissement de l’individu. Il peut être un outil pour la transmission du savoir. Il est toujours plus facile d’apprendre en regardant une pièce, la forme ludique favorise l’enseignement. D’où l’importance d’aller au théâtre dès le plus jeune âge. D’ailleurs, je regrette le manque de pièces de qualité pour les enfants au Liban, et j’espère pouvoir combler cette lacune, cela fait partie de mes plans. Le plus magique au théâtre est la relation entre les spectateurs, les acteurs, la salle et la scène. Ce contact direct permet un échange d’idées. Il est tellement agréable de voir les spectateurs rester après un spectacle pour en discuter. Ce moment de convivialité autour de la culture est pour moi source de bonheur.

Le pays traverse une période difficile et la culture est menacée d’être reléguée au dernier plan. Accepter cette position (directrice du théâtre Monnot) est courageux et ambitieux. Quels sont vos appréhensions, vos craintes ou vos espoirs ?

La culture est déjà reléguée au dernier plan. Si le confinement a poussé les gens à lire, écouter de la musique ou visiter des musées virtuels, il les a aussi habitués à rester chez eux. S’ajoute à cela la crise économique qui évidemment est l’ennemie des loisirs. L’appréhension, la crainte et même l’espoir pour moi sont des freins. La peur empêche d’avancer, et compter sur l’espoir veut dire ne pas être préparé. Plutôt que les « Inch'Allah » distribués, c’est la confiance en mon expérience et le soutien de toute l’équipe du CREAL (Centre de création artistique libanais crée par 5 férus du théâtre : Nadim Chammas, Wajih Akkari, Tania Rizk, Alexandre Najjar et Josyane Boulos, qui ont signé un accord avec l’USJ pour la gestion du théâtre Monnot), du Monnot et de mon entourage professionnel qui m’animent. J’ai un calendrier, une to-do list, une envie féroce de réussir, comme si j’avais encore 30 ans !

Dans cette nouvelle aventure qui s’offre à vous, avez-vous réfléchi en matière d’innovation à une nouvelle ligne de conduite, éventuellement penser l’espace comme lieu consacré aux arts multidisciplinaires, comme la musique, la danse ou les rencontres culturelles ?

Je suis à l’écoute du public du théâtre libanais. J’aimerais leur offrir ce qu’ils apprécient pour les pousser à abandonner le confort du canapé face à une série Netflix et venir partager de belles émotions. J’ai organisé un petit sondage qui a plébiscité la comédie par rapport à la tragédie ou au drame : 95 % du public veut rire, 5 % pleurer. Résultat : la comédie sera reine la saison prochaine au Monnot. Et la tragédie sa princesse ! Nous restons multidisciplinaires, ouverts aux jeunes talents comme aux vétérans. Nous comptons aussi organiser des activités autour de Molière dont les 400 ans n’ont pas été célébrés au Liban alors que la première pièce jamais jouée au Liban était une adaptation de L’Avare en 1847 par Maroun Naccache, une célébration de la Journée internationale du théâtre…

Il est clair que chaque théâtre à Beyrouth a son public avec son identité et ses penchants. Comment allez-vous faire pour attirer le public des autres théâtres qui sont assez différents ?

J’aimerais que le public du théâtre prolifère. Inaugurer de nouvelles salles et non pas attirer le public de l’un et de l’autre pour survivre. Il est essentiel que le théâtre se déplace hors de la capitale, il a tendance à y naître et à y mourir. Encourager les productions à circuler dans tout le pays, dans toute la région et, pourquoi pas, dans le monde entier. Il suffit d’avoir la volonté de le faire. Mais il faut voir grand pour accomplir un minimum. Je ne pense pas qu’il y ait plusieurs publics mais plutôt différents projets. Le Monnot est et restera pluridisciplinaire. Attirer la jeunesse vers le théâtre en général serait déjà une victoire. En France par exemple, l’âge moyen des spectateurs tourne autour de 45 ans. Les moins de 25 ans représentent 12,5 % du public sondé et 28,6 % ont plus de 55 ans. Au Liban, c’est le 3e catégorie qui est la plus élevée, vu que le théâtre est presque exclusivement beyrouthin. D’où notre envie au CREAL d’encourager les jeunes projets et d’offrir des possibilités aux artistes émergents pour les empêcher de partir. J’espère pouvoir faire du théâtre Monnot un lieu de vie vibrant d’activités, réunissant les artistes autour d’une table pour discuter de l’avenir de cet art. J’envisage même une boutique à partir de la saison prochaine.

Pensez-vous pouvoir garder votre casquette de productrice sans que cela ne représente un conflit d’intérêts ?

Le CREAL a pour mission non seulement d’encourager les métiers de la scène sous toutes ses formes, mais aussi de produire des artistes émergents. Ce sera pour moi une joie de guider les jeunes producteurs et de partager avec eux ma longue et riche expérience de productrice (plus de 75 spectacles) ! Et lorsque je produirai mes propres spectacles (parce que je ne vais pas arrêter de produire, d’écrire et de jouer ! ), je paierai la location de la salle comme tout un chacun, et si le Monnot affiche complet, j’irai taper à la porte de mes collègues !

Alors qu’elle avoue ne fantasmer que sur une vie oisive au bord de la mer des Caraïbes, son parcours professionnel est loin d’être banal ! Après avoir entamé une carrière à la télévision (Télé-Liban) qui a duré 14 ans, durant lesquels elle a produit et présenté des programmes télévisés à succès auprès de feu son père Jean-Claude Boulos, elle s’est lancée dans l’événementiel durant 20 années, d’abord avec sa première société Urban Art, ensuite avec 62 Events. Elle s’est par la suite tournée vers le théâtre auquel elle s’est consacrée pleinement depuis 2016. Actrice dans plus de 15 pièces sous la direction de Betty Taoutel, Lina Abyad, Clément Vieu et Alain Plisson, et auteure de quatre pièces, sans oublier ses rôles au cinéma sous la direction de Lara Saba, Clément Vieu, Philippe...
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