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Économie - Relance

« Le temps presse », mais rien n’avance ou trop peu, sinon à reculons

Le Conseil des ministres d’hier n’a marqué aucune avancée concrète sur les questions de l’importation du courant électrique de Jordanie ou du blé.

« Le temps presse », mais rien n’avance ou trop peu, sinon à reculons

Le Conseil des ministres, réuni hier au Grand Sérail. Photo Dalati et Nohra

Réuni hier au Grand Sérail pendant deux heures pour étudier 21 points inscrits à son ordre du jour, le Conseil des ministres n’a marqué aucune grande avancée sur des dossiers pourtant jugés essentiels en cette période de crise, tels que ceux de l’importation de blé et de courant électrique de Jordanie via la Syrie. « Le temps presse », a pourtant prévenu le ministre de l’Information et porte-

parole du gouvernement, Ziad Makari, au sortir de la réunion pour justifier l’intention du gouvernement de finaliser et d’adopter son plan de relance économique avant les élections législatives du 15 mai prochain.

Le plan s’inscrit dans le cadre de l’accord préliminaire avec le Fonds monétaire international–supposé assurer à terme un financement à hauteur de 3 milliards de dollars sur quatre ans conditionné à de nombreuses et sérieuses réformes – conclu il y a deux semaines et dont le contenu a fuité dans la presse lundi soir et suscité de nombreuses critiques d’experts (voir notre édition de jeudi). Entre autres, ce plan souligne la nécessité pour le Parlement d’adopter une loi de restructuration du secteur bancaire, une autre instaurant un contrôle formel des capitaux et une troisième aménageant la législation sur le secret bancaire.

Des réformes qui « pressent » donc, bien qu’elles soient loin d’être inédites dans un Liban en crise, qui touche l’ensemble des institutions, réduisant au minimum le fonctionnement du pays et impactant de manière gravissime sa population, dont les trois quarts sont depuis passés sous le seuil de pauvreté. Le pays est également impacté par les crises internationales, parmi lesquelles le conflit russo-ukrainien qui a vu les prix à la consommation croître à nouveau (lire par ailleurs) et qui a mis à mal les importations de blé, une denrée venant majoritairement de ces deux pays belligérants.

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Parmi les points approuvés hier, le ministre de la Santé Firas Abiad a fait savoir que « 14 milliards de livres » provenant des réserves du budget ont été transférés au ministère au profit des hôpitaux gouvernementaux, le secteur traversant une crise aggravée par la pandémie de Covid-19 depuis mars 2020. Quant à la ministre du Développement administratif Najla Riachi, elle a annoncé l’approbation par le gouvernement d’une « stratégie nationale de transformation numérique ». Ce projet doit faciliter par la numérisation les services administratifs aux citoyens. Entamé « il y a plus de deux décennies », ce processus « sera long et s’étend sur dix ans », a-t-elle toutefois précisé. Mieux vaut tard que jamais donc, à l’instar de la loi sur le contrôle formel des capitaux « qui aurait dû être instaurée au début de la crise financière », a affirmé hier le Premier ministre Nagib Mikati en début de réunion.

Le contrôle des capitaux

Ce projet de loi devrait d’ailleurs être étudié à la Chambre mardi prochain, selon la convocation de son président Nabih Berry hier, après l’échec de la session de mercredi faute de quorum et en parallèle des manifestations de déposants en colère aux abords du Parlement. Leur colère était justifiée par le fait que ce projet avaliserait les restrictions bancaires imposées depuis le début de la crise sur leurs comptes en devises, et en livres par la suite, et sur lesquelles la Chambre n’a jamais légiféré.

Poursuivant son propos, Nagib Mikati a insisté sur la nécessité de cette mesure en vue de présenter un plan de relance économique « afin que l’argent reste au Liban ». Un montant estimé en juillet 2020 à « plus de 5,5 milliards de dollars » par le directeur général démissionnaire du ministère des Finances, Alain Bifani, avait été transféré à l’étranger dès le 17 octobre 2019, à l’entame de mouvement de contestation contre une élite dite « corrompue » et malgré l’imposition des restrictions bancaires.

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En sus du contrôle des capitaux, « le vote d’un budget, la levée du secret bancaire et la restructuration des banques » font partie des réclamations du FMI, a rappelé le Premier ministre, souhaitant voir ces mesures adoptées « en toute transparence », sans quoi « nous ne pouvons pas aboutir à une relance ». Ce fameux plan de relance « n’a pas été approuvé par le Conseil des ministres », a enfin précisé Nagib Mikati, faisant savoir que les remarques et opinons des ministres sur ce texte sont toujours en attente.

La question du blé

Parmi les autres dossiers mis en attente se trouve celui du blé, pourtant urgent face aux sérieuses craintes quant à l’approvisionnement en cette denrée essentielle depuis l’invasion russe de l’Ukraine fin février dernier. Lors de sa dernière réunion, le cabinet avait décidé d’allouer 15 millions de dollars de ses droits de tirage spéciaux (DTS) du FMI à l’importation de blé. Hier, lors de la réunion, le ministre de l’Économie et du Commerce Amine Salam a assuré que le dernier lot importé la semaine dernière au Liban fait environ « entre 30 et 35 000 tonnes de blé, pour une valeur de 15,4 millions de dollars subventionnés ». Une quantité s’ajoutant aux quelque « 40 000 tonnes » actuellement stockées au Liban. Le ministre a afin assuré travailler avec la Banque du Liban pour ouvrir un crédit permettant de couvrir les besoins en blé pour les « deux prochains mois à compter d’aujourd’hui (hier) ».

Répondant à une question de notre envoyé sur place pour notre publication anglophone L’Orient Today, Amine Salam a toutefois précisé avoir demandé « un montant supplémentaire de 21 millions de dollars afin que nous puissions assurer les quantités de blé nécessaires pour les sept à huit prochains mois ». Une requête qui « n’a pas été approuvée » par le conseil, a-t-il indiqué. Néanmoins, et comme à son habitude depuis le début de cette crise du blé, le ministre s’est voulu rassurant en affirmant que les autorités « ne comptent pas supprimer les subventions sur le pain ». Celles-ci représentent le dernier mécanisme en vigueur instauré par la BDL depuis le début de la crise. Enfin, le ministre a annoncé que « les négociations avec la Banque mondiale se sont clôturées hier et seront renvoyées au conseil d’administration de la BM, puis au Parlement pour approbation ». Entamées depuis quelques semaines, ces négociations ont porté sur un plan de sécurité alimentaire à hauteur de 150 millions de dollars, « dont 15 millions de prêts et le reste de réallocation d’un prêt déjà existant », notamment pour assurer l’approvisionnement en blé.

L’électricité

Autre dossier important qui semble avancer à reculons, celui de l’importation du courant électrique de Jordanie via la Syrie, dans le cadre d’une initiative américaine, Washington ayant accepté de faire une exception sur les sanctions qui auraient pu toucher le Liban pour coopération avec le régime syrien de Bachar el-Assad. Cet accord doit être financé par la BM mais ce volet n’a toujours pas été réglé, alors que le Liban n’offre que quelques heures d’électricité publique par jour à ses habitants. Avant le début de la séance d’hier, le ministre de l’Énergie et de l’Eau Walid Fayad a affirmé à la presse que « l’accord a été conclu et (que) nous avons fait notre devoir mais il y a un retard de financement », réfutant que cet accord ait été rejeté « comme cela a été dit » dans certains médias. Désormais, pour ce ministre, « la balle est dans le camp de l’administration américaine et de la BM », précisant que cette dernière continue d’étudier « la pertinence politique du projet », sans expliquer le sous-entendu de cette précision.

Réuni hier au Grand Sérail pendant deux heures pour étudier 21 points inscrits à son ordre du jour, le Conseil des ministres n’a marqué aucune grande avancée sur des dossiers pourtant jugés essentiels en cette période de crise, tels que ceux de l’importation de blé et de courant électrique de Jordanie via la Syrie. « Le temps presse », a pourtant prévenu le ministre de...

commentaires (4)

le ministre de l energie avait déclaré 10h d élécrecite par jour au printemps mais il avait oublié de dire en quelle année. ce n est pas de sa faute biensur il fait partie d un gouvernement futuriste tout le monde parle au futur et le peuple dort en attendant les éléctions du future. pauvre Liban

barada youssef

21 h 02, le 22 avril 2022

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Commentaires (4)

  • le ministre de l energie avait déclaré 10h d élécrecite par jour au printemps mais il avait oublié de dire en quelle année. ce n est pas de sa faute biensur il fait partie d un gouvernement futuriste tout le monde parle au futur et le peuple dort en attendant les éléctions du future. pauvre Liban

    barada youssef

    21 h 02, le 22 avril 2022

  • Est ce qu’ils se prennent vraiment au sérieux ou bien ils font juste semblant de travailler ? Dans les deux cas, on a une bande d’incompétents qui se prétendent ministres grâce à leur confession et leur appartenance partisane. S’ils sont vraiment ministres alors moi je suis le dalaï lama

    Lecteur excédé par la censure

    14 h 25, le 22 avril 2022

  • voila en resume ce qu'il faut comprendre : " l’administration américaine et la BM », continuent d’étudier « la pertinence politique du projet », sans expliquer le sous-entendu de cette précision" parlant de l'importation de courant electrique depuis la jordanie & de l'Egypte. LA PERTINENCE d'un tel projet voulant ouvertement signifier le manque de confiance en ces Kellon qui semblent reprendre du poil de la bete apres les elections legislatives.

    Gaby SIOUFI

    11 h 01, le 22 avril 2022

  • Est-ce que les responsables savent qu'une certaine proportion de foyers ne sont plus fournis au courant électrique à part les 2 heures sur 24 qu'offre encore EDL ? Et par conséquent, les coupures prolongées de courant sur plusieurs jours, risquent de rendre les frigos de ces foyers, une source d'intoxication alimentaire les mois chauds venant pour aggraver cette éventualité ? L'EDL aurait dû prévoir et prendre les mesures bien avant la coupure brutale du courant électrique, en rationnant de façon à éviter ce risque de façon calculée .

    Esber

    09 h 07, le 22 avril 2022

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