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Économie - Secteur privé

Outerpond, une plateforme pour créer un lien entre les sociétés libanaises et étrangères

Le but est de mettre en avant les entreprises locales lorsque leurs consœurs étrangères cherchent à externaliser certains de leurs services.

Outerpond, une plateforme pour créer un lien entre les sociétés libanaises et étrangères

La conférence de promotion de la plateforme d’Outpond qui a eu lieu hier à Beyrouth. Photo M.A.

La crise dans laquelle s’enfonce le Liban depuis deux ans et demi a poussé inévitablement de nombreux citoyens, des jeunes, voire parfois des familles entières, à s’exiler, comme l’avait confirmé la semaine dernière à L’Orient-Le Jour Suzanne Menhem, maître de conférences et chercheuse à l’Institut des sciences sociales de l’Université libanaise. Une fuite des cerveaux inéluctable compte tenu des circonstances, mais dont l’ampleur pourrait être mitigée si une partie de ces exilés parvenait à trouver un emploi dans leur pays qui soit rémunéré en dollars frais, des devises sur lesquelles ne s’applique aucune restriction.

C’est pour tenter de trouver une solution à ce problème que l’entrepreneur Nagi Moubarak a lancé le 16 juillet 2021 la plateforme gratuite Outerpond, qui met en relation des entreprises locales, capables de fournir des services grâce à une main-d’œuvre qualifiée, avec des sociétés étrangères souhaitant externaliser certains besoins (outsourcing). Le projet est actuellement au centre d’une campagne de promotion lancée en coopération avec 14 partenaires, dans le but d’attirer l’attention des entreprises étrangères qui manquent de main-d’œuvre qualifiée sur la possibilité d’externaliser certains de leurs services au Liban. Le marché canadien, réputé pour connaître des pénuries de main-d’œuvre, figure parmi les cibles prioritaires de deux conférences organisées dans ce cadre, une première qui s’est déroulée à Beyrouth hier, et une seconde prévue à Montréal aujourd’hui.

Le marché américain

Selon Nagi Moubarak, la plateforme a déjà attiré près de 200 entreprises, pour des demandes de services oscillant entre « 10 000 et 100 000 dollars », dont certaines ont même dépassé « le million de dollars ». Le projet a été financé par un « apport personnel », dont le montant n’a pas été précisé. Il a été lancé par une société fondée par Nagi Moubarak et basée à Londres, et soutenue par une quinzaine de bénévoles. La plateforme est de plus gratuite pour tous ses utilisateurs potentiels, mais des services et outils supplémentaires payants pourraient être mis à leur disposition à l’avenir afin d’assurer les financements nécessaires à son maintien et son développement. Une levée de fonds est également dans les tuyaux.

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Le Canada n’est pas le seul marché courtisé, précise de son côté Ricardo Hosri, représentant des entreprises familiales libanaises et aussi du Rassemblement des dirigeants et chefs d’entreprise libanais (RDCL), qui cite également le marché américain où la diaspora libanaise est également bien implantée. Des eldorados lointains vers lesquels le Liban se tourne en raison des incertitudes qui règnent encore sur ses relations en dents de scie avec les pays du Conseil de coopération du Golfe.

Hasard du calendrier, cette campagne de promotion de la plateforme intervient plus d’un mois après le début de la guerre en Ukraine, un pays qui était alors considéré comme l’un des leaders mondiaux pour l’externalisation de services, selon Nagi Moubarak, qui mise – en se défendant de tout cynisme – pour que ce momentum bénéficie aux travailleurs du Liban. Il précise également que dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA), ce sont essentiellement l’Égypte et la Jordanie qui sont sollicitées.

Deux interfaces distinctes

Au niveau du fonctionnement, la plateforme offre deux interfaces distinctes : une pour les fournisseurs de services (dans ce cas les entreprises libanaises), qui peuvent mettre des brochures en ligne pour montrer leur niveau d’expertise et les différents projets menés, et une autre pour les demandeurs de services (les sociétés étrangères). Les deux interfaces permettent aux entreprises d’inclure plusieurs informations, comme leur domaine d’activité, leur date de création ou encore la fourchette de prix proposée, en leur offrant la possibilité de ne l’afficher qu’à un certain moment du processus. Il existe de plus une option spécifique pour les start-up, afin de leur permettre d’attirer des investissements, et la plateforme permet de filtrer les critères selon les préférences. Nagi Moubarak affirme que l’inscription prend « moins de 30 minutes ». La plateforme ne prévoit pas en revanche d’interface pour la signature des contrats en ligne, pour l’instant en tout cas.

Dans les rangs des partenaires d’Outerpound figurent la Chambre de commerce libano-américaine, le conseil de travail au Koweït, Beirut Digital District, Global Chamber, Lebnet, BIEEL (Business Innovation Enhance Exports for Lebanon), LLWB (Lebanese League for Women in Business), Berytech, Lebanese Private Sector Network, la Chambre de commerce et d’industrie Canada-Liban, le Meref CCI France-Liban (clubs d’affaires), FBN Levant (The Family Business Network) et le RDCL.

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Ricardo Hosri, qui a collaboré dans ce projet, tout d’abord au sein d’un groupe de travail du RDCL, puis directement avec Nagi Moubarak, s’est félicité hier de voir la collaboration de plusieurs réseaux libanais à un but commun : préserver le secteur privé libanais. Et pour ce faire, « la préservation du capital humain est le plus important », a assuré hier Rima Feriji, représentante du Lebanese Private Network (réseau du secteur privé libanais). Le représentant du RDCL avait en effet assuré à L’Orient-Le Jour que l’un des problèmes auxquels font face les entreprises libanaises est la démission des employés, préférant se tourner vers du free-lance (travail indépendant), payé en dollars frais.

Favoriser les entreprises et les start-up et les aider à mieux rémunérer les employés est l’une des raisons pour lesquelles la plateforme Outerpond exclut les free-lancers. De plus, Nagi Moubarak considère que les entreprises sont capables de s’adapter plus facilement à une charge de travail élevée, en embauchant davantage d’employés, ou encore en payant des heures supplémentaires à leurs salariés, qu’un free-lancer pris par son emploi du temps. Toujours selon lui, une entreprise a plus de moyens qu’un individu pour pouvoir pallier les infrastructures défaillantes au Liban que sont la pénurie d’électricité et l’accès inégal à l’internet.

La crise dans laquelle s’enfonce le Liban depuis deux ans et demi a poussé inévitablement de nombreux citoyens, des jeunes, voire parfois des familles entières, à s’exiler, comme l’avait confirmé la semaine dernière à L’Orient-Le Jour Suzanne Menhem, maître de conférences et chercheuse à l’Institut des sciences sociales de l’Université libanaise. Une fuite des cerveaux...

commentaires (1)

Bonjour, merci pour cet article, pouvez vous nous donner le lien de la plateforme ou un contact? Merci

Kfoury Jihad

13 h 46, le 13 avril 2022

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Commentaires (1)

  • Bonjour, merci pour cet article, pouvez vous nous donner le lien de la plateforme ou un contact? Merci

    Kfoury Jihad

    13 h 46, le 13 avril 2022

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