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Économie - Balance commerciale

Les importations libanaises bondissent de plus de 20 % en 2021 malgré la crise

Le déficit commercial du Liban s’est creusé de 24,4 %, principalement à cause d’une importante augmentation des importations.

Les importations libanaises bondissent de plus de 20 % en 2021 malgré la crise

Depuis août dernier, les douanes libanaises n’avaient plus mis leurs données à jour, seules celles allant jusqu’à mars 2021 étant disponibles.

Ce retard a été en grande partie rattrapé en un roulement de molette de souris à peu près au moment où l’Administration centrale de la statistique actualisait les comptes nationaux, et où une délégation du Fonds monétaire international (FMI) entamait à Beyrouth une série de réunions décisives pour la demande d’assistance financière que lui ont adressée les autorités libanaises.

Si le site des douanes affiche désormais l’ensemble des résultats de 2021, le bilan est toutefois déconcertant compte tenu de la situation du pays.

Car, malgré une crise marquée par l’effondrement de la livre libanaise, la fonte du pouvoir d’achat, l’épuisement des réserves en devises et les multiples crises qui font vaciller le pays depuis 2019, le déficit commercial du Liban est reparti à la hausse. Et ce après des exercices 2019 et 2020 marqués par des baisses consécutives, sur fond d’épuisement des réserves de devises de la Banque du Liban qui ont servi à stabiliser le taux de change sur le marché pour se limiter ensuite, dès octobre 2019, à subventionner certaines importations dites de base.

Ainsi, fin 2021, ce déficit atteint 9,7 milliards de dollars, en hausse de 24,4 % par rapport à l’année précédente durant laquelle ce solde s’était amélioré de 49,7 % en enregistrant 7,8 milliards de dollars en 2020.

+19,5 % d’importations de carburant

Ce résultat est directement lié à une augmentation des importations en valeur beaucoup plus importante que celle des exportations. En effet, selon les chiffres publiés par les douanes, le Liban a importé pour 13,6 milliards de dollars en 2021, soit 2,3 milliards de plus que lors de l’exercice précédent (en hausse de 20,6 %), alors que ses exportations n’ont augmenté que de 342 millions de dollars, pour atteindre 3,9 milliards de dollars, en hausse de 9,6 % par rapport à 2020.

Point de vue

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Dans le détail, la hausse des importations a notamment été causée par les augmentations en valeur de celles du matériel de transport (1,1 milliard de dollars ; +137,7 %), des bijoux et des métaux précieux (1,2 milliard ; +38,5 %), du matériel électrique et mécanique (1,2 milliard ; 31,6 %) et des carburants (3,9 milliards ; 19,5 %). Il faut toutefois noter que la hausse des importations de ces hydrocarbures a été causée par l’augmentation des cours mondiaux du pétrole en 2021 et non par l’importation de plus de carburant. En effet, le baril de pétrole est passé de 60 dollars en début d’année à plus 70 dollars fin 2021, après être brièvement monté à plus de 75 dollars. Or, toujours selon les chiffres des douanes, le Liban a importé 17,1 % de moins de carburant en 2021 en volume par rapport à l’année précédente.

Les marchandises importées ont principalement transité via le port de Beyrouth, à hauteur de 62,5 % (un niveau quasi identique à celui de 2020, 62,3 %). Le port de la capitale reste de loin l’infrastructure principale en termes de trafic commercial, malgré les importants dégâts qu’il a subis à la suite de la double explosion du 4 août 2020. L’Aéroport international de Beyrouth (21,8 % en 2021, contre 25,2 % en 2020) et le port de Tripoli (10,2 % en 2021, contre 7,9 % en 2020) se placent respectivement en deuxième et troisième places.

Ce dernier est d’ailleurs opéré depuis fin février par le géant mondial CMA CGM après son rachat de 100 % des parts et des actifs de Gulftainer Liban, l’opérateur qui y gérait précédemment le terminal conteneurs. En plus de son implantation dans le Nord, le groupe CMA CGM a aussi remporté l’appel d’offres remettant en jeu la gestion du terminal de conteneurs du port de Beyrouth et de ses 16 grues géantes.

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Le reste des marchandises a été importé via les ports de Saïda et de Tyr et les différents points de passage frontaliers.

En ce qui concerne les plus importants fournisseurs du Liban, c’est la Turquie qui occupe la première place du classement de 2021 avec 1,44 milliard de dollars de marchandises qui en sont importées. La Grèce et la Chine complètent le podium, avec respectivement 1,36 milliard et 1,26 milliard de dollars. L’année précédente, les trois premières places étaient réservées aux États-Unis (936,1 millions de dollars), à la Grèce (857,6 millions) et à la Turquie (810,9 millions).

Le Cameroun intègre le top 3

Au niveau des exportations, l’augmentation de 342 millions de dollars en 2021 a principalement été causée par la hausse des ventes à l’étranger de produits divers dont les meubles (atteignant 366,8 millions de dollars ; +345,5 %), les produits végétaux (498 millions ; +113,8 %) et des métaux et objets métalliques (463,9 millions; +51,7 %). De manière similaire aux biens importés, ceux exportés sont eux aussi principalement sortis du Liban à travers le port de Beyrouth (à hauteur de 52,6 % en 2021, contre 40,1 % en 2020), l’Aéroport international de Beyrouth (33,3 % en 2021, contre 47,7 % en 2020) et le port de Tripoli (7,5 % en 2021, contre 5,1 % en 2020). Le reste des marchandises a été envoyé via les autres postes susmentionnés.

Prise de vue depuis une des grues géantes du terminal conteneurs de Beyrouth. Photo P.H.B.

Quant aux pays vers lesquels le Liban a le plus exporté en 2021, ce sont les Émirats arabes unis qui occupent la tête du classement en accueillant 864,2 millions de dollars, suivis par la Suisse (424,5 millions) et le Cameroun (282,7 millions). D’ailleurs, ce dernier représente le pays vers lequel les exportations libanaises ont le plus augmenté, avec une hausse de 3 161 % en un an, lui permettant d’intégrer ce podium alors qu’il se plaçait en 49e position en 2020. Une augmentation qui a été causée par l’explosion des exportations de meubles vers ce pays, celles-ci passant d’à peine 1,1 million de dollars en 2020 à plus de 275 millions de dollars en 2021. En 2020, c’était la Suisse qui occupait la première place (1,05 milliard de dollars), alors que les Émirats arabes unis (460,3 millions) et l’Arabie saoudite (217,7 millions) complétaient le podium.


Depuis août dernier, les douanes libanaises n’avaient plus mis leurs données à jour, seules celles allant jusqu’à mars 2021 étant disponibles. Ce retard a été en grande partie rattrapé en un roulement de molette de souris à peu près au moment où l’Administration centrale de la statistique actualisait les comptes nationaux, et où une délégation du Fonds monétaire international...

commentaires (3)

Il faut déduire le fuel et les médicaments qui ont été passés en contrebande en Syrie…

Gros Gnon

14 h 04, le 11 avril 2022

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Commentaires (3)

  • Il faut déduire le fuel et les médicaments qui ont été passés en contrebande en Syrie…

    Gros Gnon

    14 h 04, le 11 avril 2022

  • a t on seulement la moindre idee du volume de produits importes que les douanes ignorent qui certainement ajoutent un % d'importations assez important ? ps. bien sur ca a toujours ete les cas mais ca a surement augmente depuis .

    Gaby SIOUFI

    10 h 40, le 11 avril 2022

  • L'impact de la hausse inattendue des cours des produits pétroliers, va continuer à augmenter le déficit commercial en 2022,malgré la diminution en quantité de ces produits. Il n'y a que les exportations qui vont aider à diminuer le déficit attendu si la crise avec les pays du Golfe trouve une réelle fin.

    Esber

    07 h 27, le 11 avril 2022

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