
Emmanuel Macron en campagne à Spezet, le 5 avril 2022. Ludovic Marin/AFP
Emmanuel Macron s’est défendu hier de toute « complaisance » avec son homologue russe Vladimir Poutine, taclant sans la nommer sa rivale d’extrême droite Marine Le Pen avec qui l’écart se resserre à cinq jours du premier tour, Jean-Luc Mélenchon restant en embuscade.
En déplacement dans le Finistère, le président sortant a renvoyé à « d’autres candidats » leur « complaisance vis-à-vis de Vladimir Poutine » et leurs « financements du côté de la Russie ». M. Macron faisait allusion à Marine Le Pen reçue par le président russe en 2017 et dont le parti continue de rembourser un prêt d’environ neuf millions d’euros à un créancier russe.
Le chef de l’État était interrogé lors d’un point de presse sur son dialogue avec M. Poutine avec qui il a échangé à de multiples reprises depuis le début de la guerre en Ukraine, sans succès notable. Le président-candidat, qui à 27 % est en tête des intentions de vote selon les sondages, a encore défendu son bilan et sa vision d’une France forte dans « une Europe forte », affirmant avoir « tenu » ses engagements pris au début de son quinquennat.
Dans le petit village de Spézet, où il est allé à la rencontre d’habitants, il a lancé un plaidoyer pour l’Europe y compris en matière d’indépendance énergétique. Une divergence d’approche profonde avec ses concurrents directs, Mme Le Pen et le chef de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon. Ce dernier, en troisième position dans les sondages à 15 % environ, devait tenir mardi soir à Lille le dernier grand meeting de sa campagne présidentielle ressuscitant ses hologrammes de 2017. Comme en 2017, il devait déployer ceux-ci dans 11 villes : pendant qu’il parlera en chair et en os dans la capitale nordiste, son image sera projetée en trois dimensions sur des scènes au Havre, à Vannes, Poitiers, Pau, Narbonne, Albertville, Montluçon, Besançon, Metz, Trappes et Nice.
Le leader LFI ne veut pas croire au duel entre le président-candidat et sa concurrente d’extrême droite : « Ça n’aura pas lieu, ça, Macron/Le Pen », a-t-il estimé sur Sud Radio hier. « Je pense que j’ai une très sérieuse probabilité d’y arriver et que M. Macron ferait bien de se demander s’il est réellement certain qu’il va s’y trouver. Regardez les courbes », a-t-il ajouté. Pour les Insoumis, l’objectif est de s’imposer comme la seule campagne à gauche capable de qualifier son candidat au second tour, et incarner le « vote utile ».
Dérobade
Entre-temps, M. Macron a été critiqué par ses adversaires, étant le seul des 12 candidats à la présidentielle à décliner l’invitation à l’émission Élysée 2022 sur France 2, officiellement pour « raison d’agenda ». La socialiste Anne Hidalgo, l’écologiste Yannick Jadot, la LR Valérie Pécresse, le polémiste d’extrême droite Éric Zemmour et le NPA Philippe Poutou y participaient mardi soir.
De retour de la Guadeloupe, Valérie Pécresse a fustigé une absence « scandaleuse », parlant d’une « dérobade absolument inacceptable » aussi proche du scrutin de dimanche. « Ça fait 5 ans qu’on est dans une dépolitisation complète, 5 ans qu’on nous explique que les jeux sont faits, qu’on nous explique que la démocratie s’organise entre un homme et des extrêmes », a dénoncé de son côté Anne Hidalgo.
Manipulations
L’attention des candidats se porte aussi depuis lundi après-midi sur l’affaire d’un jeune homme juif percuté par un tram mi-février à Bobigny à la suite de violences, mise en avant par l’extrême droite. Son impact sur la campagne reste à mesurer mais plusieurs candidats ont réclamé toute la lumière sur les circonstances de cette affaire qui, à quelques jours du premier tour, est remontée jusqu’à l’Élysée. Éric Zemmour a multiplié les tweets sur le sujet et est en lien avec la famille du jeune homme. « Est-il mort parce que juif ? » s’est-il interrogé. Marine Le Pen (RN) a évoqué mardi sur France Inter un « acte criminel » qui aurait été « caché » en accident. La candidate d’extrême gauche Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière) a elle dénoncé « une instrumentalisation qui est faite par Éric Zemmour de ce drame » pour mettre « toute la violence de la société sur le dos de l’immigration ».
À sa demande, le cabinet d’Emmanuel Macron a eu au téléphone la mère puis le père de la victime, Jeremy Cohen, pour « faire toute la lumière sur cette affaire » qu’il compte « suivre de près », selon l’Élysée. Interrogé mardi en Bretagne, Emmanuel Macron a demandé « la clarté complète » sur la mort du jeune homme, un drame qui ne doit pas donner lieu, selon lui, à des « manipulations politiques ».
Source : AFP