
C’est le total des importations de blé au Liban venant d’Ukraine, « le grenier à blé de l’Europe », et de Russie en 2021. Sur les 754 160 tonnes de blé importées l’année dernière, le premier pays a ainsi compté pour 74,05 % de cette quantité avec 558 433 tonnes, et 87 515 tonnes, soit 11,6 % de la somme, pour le second. Fait rare depuis plusieurs années, les importations de blé venant de Moldavie se sont insérées entre ces deux nations, avec 88 291 tonnes de blé importées par le Liban pour un total de 11,71 %. De fait, selon les données publiées sur le site des douanes libanaises et qui remontent à 2012, la Russie et l’Ukraine ont particulièrement dominé ce marché depuis lors, avec des pics respectifs en 2018 pour le premier (49,18 %) et en 2020 pour le second (81,18 %).
Géographiquement proche du Liban, la région de la mer Noire sert de provenance principale des importations de blé par le Liban en en comptant, en 2021, 98,35 % dont, en sus des pays susmentionnés, la Roumanie. Ce pays s’ajoute donc à la liste avec un total l’année dernière de 7 500 tonnes de blé exportées au Liban, soit 0,99 % du total. Au-delà de cette région, viennent s’ajouter la Serbie (7 409 tonnes, 0,98 %), le Kazakhstan (5 001 , 0,66 %), l’Italie (8 tonnes) et Chypre (3). Les quantités livrées au Liban par ces deux dernières se trouvent loin derrière le 1 %. À titre de comparaison, en 2020, le Liban avait importé 630 548 tonnes de blé, dont 95,91 % provenaient d’Ukraine et de Russie, et 99,2 % de la mer Noire.
Une région européenne d’où les exportations de blé sont mises à mal depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février dernier. Courant mars, le Liban a ainsi reçu les dernières cargaisons chargées de blé venant de ces deux pays aujourd’hui belligérants, celles-ci ayant pu quitter leurs territoires respectifs avant que le conflit ne s’envenime. Les cités portuaires ukrainiennes sont de fait des points stratégiques importants que le président russe Vladimir Poutine souhaite contrôler. Du côté de la Russie, ce sont les sanctions économiques considérables imposées par le camp occidental qui ont mis un terme à ses importations vers le Liban et d’autres pays.
Une conjoncture qui a fait craindre à de nombreux Libanais et professionnels du secteur une prochaine pénurie de blé au Liban. Toutefois, les autorités concernées ont assuré que des dispositions ont rapidement été prises pour trouver de nouveaux marchés, dont l’Inde, les États-Unis et le Kazakhstan, alors que les réserves de blé présentes sur le territoire libanais sont suffisantes pour encore un mois. Un plan national pour la production, la culture et le stockage de cette céréale, visant à porter la capacité de la production locale « à 30 ou 40 % des besoins du marché local », sont par ailleurs en cours de préparation, a de son côté déclaré la semaine dernière le ministre de l’Agriculture Abbas Hajj Hassan.