
Affaibli physiquement, Daniil Medvedev devra attendre encore un peu pour déloger à nouveau Novak Djokovic et redevenir n° 1 mondial. Michael Reaves/Getty Images/AFP
Daniil Medvedev attendra pour remporter un premier titre cette saison et patientera avant de redevenir n° 1 mondial : affaibli physiquement, il n’a pu éviter la défaite en quarts de finale au tournoi de tennis de Miami face à Hubert Hurkacz, coriace tenant du titre. Le 2e mondial, finaliste du dernier Open d’Australie, s’est incliné (7-6 (9/7), 6-3) face au Polonais (10e mondial), qui affrontera le phénomène espagnol Carlos Alcaraz (16e) en demi-finales. Conséquence directe, le Russe ne remontera pas lundi prochain sur le trône du circuit ATP. Seule une accession dans le dernier carré lui aurait permis de déloger à nouveau Novak Djokovic.
Après une demi-finale perdue à Acapulco contre Rafael Nadal, déjà son bourreau à Melbourne, et une élimination surprise au 3e tour d’Indian Wells face à Gaël Monfils, ce revers sonne la fin d’un premier trimestre guère satisfaisant pour Medvedev, pourtant jamais aussi à l’aise que sur surface dure. Il n’a pas retrouvé son niveau stratosphérique de l’US Open, il y a six mois, quand, implacable en finale, il avait brisé le rêve de Grand Chelem sur une saison de Djokovic, l’empêchant de surcroît de battre le record du nombre de Majeurs remportés. Et il est tombé sur le maître des lieux, bien décidé à conserver son titre remporté l’an passé face à l’Italien Jannik Sinner. « C’est un joueur extraordinaire, mais je retournais bien et je mettais la pression sur son service », a commenté le vainqueur.
Hurkacz, qui égalise à deux victoires partout dans leurs confrontations, a en effet été le plus agressif, lâchant des coups droits dévastateurs et n’hésitant pas à monter au filet pour acculer son adversaire. S’appuyant sur une excellente première balle (76 %), le Polonais a su ne pas se désunir quand Medvedev, après avoir sauvé deux balles de premier set (à 5-2), a débreaké pour le pousser au jeu décisif. Le tie-break a fini par sourire à Hurkacz qui a eu besoin de trois autres opportunités.
Vestiaire et physio
Le Russe est alors parti au vestiaire et l’attente a duré huit minutes. Signe avant-coureur d’un affaiblissement apparu de plus en plus manifeste au second set. « Tout au long du match, je n’étais pas au mieux, a-t-il confirmé en conférence de presse. Après les points difficiles, j’avais du mal à reprendre mon souffle. Je ne récupérais pas assez vite. C’était peut-être la chaleur, mais j’avais des vertiges et il y a eu un jeu où je ne pouvais plus servir. » Medvedev a ainsi dû batailler neuf minutes pour conserver son premier jeu de service, avant de céder son engagement sur le troisième, qui en a duré dix autres, Hurkacz parvenant à le faire plier sur sa 6e balle de break.
Plusieurs fois obligé de s’appuyer, dos baissé, sur sa raquette pour récupérer après les échanges, Medvedev a fait appel au kiné, se plaignant d’étourdissement. Il n’en fallait pas plus pour que Hurkacz abrège son calvaire au bout de 2h03. « J’ai passé beaucoup de temps en Floride, donc je suis habitué à l’humidité. Je pense que les conditions étaient en ma faveur aujourd’hui », a dit le Polonais, en course pour un doublé jamais encore réussi à Miami chez les hommes.
Son prochain adversaire sera donc Carlos Alcaraz, devenu à 18 ans le troisième plus jeune joueur de l’histoire, après le Canadien Félix Auger-Aliassime (2019) et son compatriote Rafael Nadal (2005), à atteindre le dernier carré du tournoi en sortant vainqueur d’un gros bras de fer (6-7 (5/7), 6-3, 7-6 (7/5)) aux dépens du Serbe Miomir Kecmanovic (22 ans, 48e mondial). Ces deux des plus brillants représentants de la nouvelle génération du tennis mondial ont offert, pendant 2h26, un tennis flamboyant et spectaculaire, donnant tout ce qu’ils avaient dans le ventre pour la victoire. Elle est revenue à Alcaraz, qui aura été le plus entreprenant dans le jeu, à l’image de ses montées à la volée (29 points réussis sur 34 tentatives). Et mentalement, il a été très solide : mené (5-3) dans le jeu décisif du 3e set, il a encore élevé son niveau de jeu pour remporter les quatre points suivants. L’Espagnol, vainqueur du premier tournoi de sa carrière en février à Rio de Janeiro, tentera d’accéder à sa première finale d’un tournoi de cette envergure.
Naomi Osaka consulte une thérapeute et a confié sentir les premiers bienfaits de cette démarche. Son parcours à Miami le prouve. Megan Briggs/Getty Images/AFP
Les larmes de joie d’Osaka
Des larmes de joie, cette fois : Naomi Osaka s’est qualifiée pour la finale féminine de l’Open de Miami où elle tentera d’acter, contre l’irrésistible Iga Swiatek (future n° 1 mondiale), son retour au premier plan après un an de grandes turbulences sur le plan psychologique. La Japonaise de 24 ans, redescendue au 77e rang après avoir été au sommet du classement WTA, semble voir le bout du tunnel.
Elle a fait preuve de force mentale pour renverser (4-6, 6-3, 6-4) la Suissesse Belinda Bencic (28e mondiale). Mais pour sa première finale en Floride, il lui faudra surmonter autant tout sentiment d’accomplissement avant l’heure que l’émotion qui l’a brièvement envahie après avoir félicité son adversaire, à qui elle a rendu hommage. « Je n’ai pas du tout eu l’impression de comprendre son jeu et j’ai pourtant réussi à gagner. C’est une joueuse extraordinaire. J’aimerais avoir son retour. Je voulais juste dire merci à tout le monde. L’atmosphère était vraiment bonne », a-t-elle dit les yeux embués. « Bon sang, je pleure toujours ! Mais ce tournoi signifie beaucoup pour moi », a-t-elle ajouté dans un sourire qui tranchait évidemment avec ses pleurs d’il y a deux semaines à Indian Wells. La Japonaise y avait connu un troisième épisode lacrymal, pendant et après son élimination au 2e tour, après une provocation verbale venue des tribunes (« Naomi, tu es nulle ! »).
Se posait alors à nouveau la question de son avenir dans le tennis professionnel pour celle qui avait confié, au moment de Roland-Garros en juin dernier, être en proie à de l’anxiété depuis plusieurs années. Depuis, plusieurs moments de détresse se sont produits. D’abord au tournoi de Cincinnati en août 2021 puis le mois suivant à l’US Open, en conférence de presse, après son élimination surprise au 3e tour face à la Canadienne Leylah Fernandez. Elle avait alors fait une pause et n’était revenue à la compétition qu’en janvier dernier à l’Open d’Australie. Tenante du titre, elle avait été sortie au 3e tour.
Swiatek pour le doublé du Soleil
Depuis deux semaines, Osaka a commencé à travailler avec une thérapeute, et elle a confié sentir les premiers bienfaits de cette démarche. Cela s’est vu à Miami, puisqu’elle a remporté ses quatre premiers matches sans perdre le moindre set et encore moins ses moyens, laissant augurer le retour de la redoutable championne qu’elle fut, quadruple lauréate en Grand Chelem (deux Open d’Australie et deux US Open).
Cette fois, il lui a fallu concéder un set, le premier, débordée par l’agressivité de Bencic, excellente en revers et qui sait comment s’y prendre pour la battre, puisqu’elle avait remporté trois de leurs quatre premières confrontations. Mais Osaka a montré qu’elle savait à nouveau réagir face à l’adversité. S’appuyant sur son puissant service (18 aces), elle a repris le dessus pour égaliser à une manche partout, affichant une grande détermination en serrant souvent les poings et en sautillant entre deux échanges pour mieux aller de l’avant. « À ce stade, j’ai besoin de m’affirmer. Face à des joueuses si fortes, je ne dois pas me laisser abattre. Si j’avais eu ce sentiment négatif, cela aurait pu me coûter la victoire », a-t-elle expliqué. Osaka a enchaîné au troisième set, chipant deux fois le service de la Suissesse, qui est tout de même revenue dans le match (à 5-4). Même pas peur : la Japonaise a su conclure sans trembler.
Iga Swiatek a fait preuve d’une même assurance pour écarter (6-2, 7-5) l’Américaine Jessica Pegula (21e). La 16e victoire de rang pour la Polonaise, qui accédera officiellement lundi prochain au sommet du classement WTA grâce à la retraite sportive de l’Australienne Ashleigh Barty. Dominatrice sans partage au premier set, Swiatek n’a en effet pas laissé la place au doute au second, quand l’Américaine lui a pris trois fois le service pour mener (3-1 puis 4-2) et égaliser (à 5-5) en effaçant deux balles de match au passage. La Polonaise ne s’est pas laissé envahir par la frustration. Sûre de son tennis, elle a effacé l’affront avec un jeu blanc qui a écœuré son adversaire au service, avant d’enfin conclure au bout de 1h50 d’un match pas si simple que cela. À 20 ans, la lauréate de Roland-Garros en 2020 peut réaliser le Sunshine Double (le doublé Indian Wells – qu’elle a remporté – et Miami), histoire d’asseoir sa domination actuelle sur le circuit.
Source : AFP