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Politique - Focus

Le Liban de nouveau au centre d’une valse diplomatique

Le dossier libanais aurait été abordé lors d’une réunion à Paris entre un conseiller d’Emmanuel Macron et une délégation saoudienne.

Le Liban de nouveau au centre d’une valse diplomatique

Le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmad Aboul Gheit, et le président Michel Aoun, à Baabda, le 14 mars 2022. Photo Dalati et Nohra

Le Liban ne doit pas être abandonné, même si le monde a le regard rivé sur l’Ukraine en guerre. C’est ainsi que l’on pourrait comprendre le sens de la valse diplomatique dont le pays du Cèdre a fait l’objet ces derniers jours. Outre la tournée lundi à Beyrouth du secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmad Aboul Gheit, des informations obtenues par L’Orient-Le Jour font état d’une réunion qui se serait tenue dernièrement à Paris entre Patrick Durel, conseiller du président français pour les Affaires du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, et une délégation saoudienne qui aurait compté parmi ses membres Walid Boukhari, ambassadeur d’Arabie saoudite à Beyrouth, et Nizar Alaoula, diplomate saoudien qui avait mené plusieurs missions au Liban. Selon une source bien informée, cette rencontre aurait débouché sur la formation d’une commission de suivi du dossier libanais. Elle devrait regrouper, outre MM. Durel, Boukhari et Alaoula, Khaled Saadoun, présenté comme responsable au sein des SR saoudiens, ajoute la source précitée. « Patrick Durel a toujours suivi de près le dossier libanais », rappelle un diplomate libanais installé en France. Il estime que la réunion s’inscrit dans le prolongement du récent sommet de Djeddah entre M. Macron et le prince héritier saoudien Mohammad ben Salmane, qui avait débouché sur la mise en place d’un fonds franco-saoudien à des fins humanitaires. La réunion de Paris est la première entre responsables saoudiens et français depuis ce sommet Macron-MBS, le 4 décembre 2021. Le dossier libanais y a été évoqué alors que la communauté sunnite au Liban essaie de s’organiser après le retrait de son leader, le chef du courant du Futur, Saad Hariri, de la vie politique. Le 24 janvier dernier, l’ex-Premier ministre avait annoncé sa décision de boycotter les élections législatives prévues en mai prochain. Plusieurs figures sunnites lui ont naturellement emboîté le pas, de même que le Premier ministre, Nagib Mikati, dont le cabinet se chargera de l’organisation de la consultation populaire.

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Parallèlement, des ténors de la communauté s’activent pour prendre part au scrutin et empêcher l’électorat sunnite de bouder les urnes. Tel est notamment le cas de Fouad Siniora, ancien Premier ministre et ex-faucon du courant du Futur. Depuis des semaines, l’ancien chef de gouvernement (qui aurait rencontré M. Saadoun à Paris) s’active pour appuyer des listes électorales en amont du scrutin, sans pour autant se porter personnellement candidat, comme il l’a annoncé hier. Une démarche qu’il justifie par la nécessité de ne pas laisser la place vide aux « arrivistes », dans une allusion aux alliés du Hezbollah, ce dernier étant accusé de chercher à profiter de l’absence de Saad Hariri pour mener à la Chambre des personnalités sunnites qui lui seraient proches. « Paris voudrait pousser Riyad à ne pas abandonner le Liban », se contente de dire le diplomate précité.

Les mêmes craintes se font sentir chez plusieurs protagonistes locaux, dont le chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, qui multiplie les appels en faveur d’un rétablissement des rapports entre le Liban et les monarchies du Golfe. « Nous payons aujourd’hui le prix de notre abandon par les pays arabes à cause de déclarations arbitraires de grands leaders concernant les pays du Golfe », a écrit hier le chef druze sur Twitter, dans une critique aux attaques régulières du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, contre les monarchies arabes. « Pourrons-nous obtenir du blé, du carburant et du safran en provenance de l’Est, comme on nous l’avait promis ? » s’est interrogé le leader druze, non sans humour. Encore une pique en direction du chef du Hezbollah qui avait appelé les Libanais à se diriger vers l’est (l’Iran et la Chine notamment) pour sortir de la crise économique.

« Walid Joumblatt critique ceux qui nous font perdre la confiance arabe sans offrir une alternative », commente pour L’Orient-Le Jour Marwan Hamadé, député joumblattiste démissionnaire du Chouf. Pour lui, « il ne faut pas abandonner le Liban, en proie à un véritable orage économique, à cause de la dérive insupportable du camp qui dirige le pays ».

Aboul Gheit et la feuille de route arabe

Parallèlement aux contacts franco-saoudiens, le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmad Aboul Gheit, s’est rendu lundi au Liban pour la seconde fois en l’espace de deux semaines, au moment où l’organisation panarabe est au cœur des efforts actuellement en cours pour un réchauffement des rapports libanais avec les pays du Golfe – Arabie saoudite en tête –, à partir de l’initiative koweïtienne. En janvier dernier, le Koweït avait mené une mission diplomatique à Beyrouth au nom des monarchies du Golfe et avec le soutien des puissances occidentales. Lors d’une visite officielle de deux jours, le chef de la diplomatie koweïtienne, Ahmad Nasser al-Mohammad al-Sabah, avait remis aux autorités une feuille de route arabe pour aider le Liban à rétablir ses liens tendus avec les pays du Golfe. Ce document comprend des requêtes parmi lesquelles le désarmement du Hezbollah, un point litigieux qui divise au Liban. Y figure également un appel à la tenue des élections législatives en mai et à l’application de réformes.

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La tournée de M. Aboul Gheit va donc au-delà de la simple participation à une conférence organisée par la Commission économique et sociale de l’Asie de l’Ouest (Escwa). « C’est pour montrer que le dossier libanais figure toujours sur l’agenda de la Ligue arabe », commente un diplomate libanais installé au Caire. Il reconnaît toutefois que le pays du Cèdre « n’est plus parmi les priorités des Arabes », les regards étant rivés sur la guerre en Ukraine. « Rien ne prête à croire que le monde arabe va abandonner le Liban. Mais Beyrouth doit prendre certaines mesures pour accélérer les négociations concernant la feuille de route arabe », croit savoir le diplomate. De leur côté, les milieux officiels libanais se félicitent du fait que M. Aboul Gheit a affirmé que la feuille de route koweïtienne est toujours sur le tapis. « Elle représente le début d’une solution, même si sa concrétisation va prendre du temps », estime un proche de M. Mikati.

Le Liban ne doit pas être abandonné, même si le monde a le regard rivé sur l’Ukraine en guerre. C’est ainsi que l’on pourrait comprendre le sens de la valse diplomatique dont le pays du Cèdre a fait l’objet ces derniers jours. Outre la tournée lundi à Beyrouth du secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmad Aboul Gheit, des informations obtenues par L’Orient-Le Jour font état...

commentaires (3)

LE HEZBOLLAH FERA TOUT ECHOUER. C,EST SON BUT POUR L,HEGEMONIE IRANO-HEZBOLLAHI SUR LE PAYS. QUE LE PEUPLE SOUFFRE OU MEURT IL S,EN FOUT AU CARRE DE SON M,ENFOUTISME.

LA LIBRE EXPRESSION

13 h 00, le 16 mars 2022

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Commentaires (3)

  • LE HEZBOLLAH FERA TOUT ECHOUER. C,EST SON BUT POUR L,HEGEMONIE IRANO-HEZBOLLAHI SUR LE PAYS. QUE LE PEUPLE SOUFFRE OU MEURT IL S,EN FOUT AU CARRE DE SON M,ENFOUTISME.

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 00, le 16 mars 2022

  • Une valse imputée de partenaires fiables. Ils peuvent continuer leur navettes pendant encore des décennies, rien ne sera fait tant que les diplomates n’ont pas compris que pour arriver à un dialogue saint il faut savoir choisir leurs interlocuteurs et non se compromettre avec des vendus voleurs pour trouver la solution. Leurs sanctions tant attendues par les citoyens libanais ne sont jamais tombées et les menaces qui continuent à les ridiculiser sont restées lettre mortes au grand dam des libanais qui savent que les occidentaux n’en ont cure de leur vie ou de leur sort seul comptent leurs intérêts. Mais plus la solution tarde à venir plus ils vont se retrouver affaiblis. N’ont ils donc rien retenu de la leçon de la guerre syrienne, puis actuellement ukrainienne pour savoir que pour qu’ils soient efficaces il faut qu’ils se montrent crédibles et que lorsqu’ils menacent d’agir il faut le faire avant que leur ennemi ne se prépare à toutes les éventualités pour les ridiculiser. Ils ont toujours un temps de retard sur les dictateurs qui eux prennent leur lâcheté comme un tremplin pour se positionner en héros en mettant à exécution toutes leurs menaces aussi barbares soient elles pour sortir triomphant. La crise du Liban aurait été résolue depuis des lustres si les occidentaux avaient la volonté de faire, mais pour une raison que la raison ignore, ils continuent à balbutier et patauger dans la semoule en attendant le grand apocalypse et s’avouer impuissants.

    Sissi zayyat

    11 h 24, le 16 mars 2022

  • Rien n'y fait et tout dépendra d'un eventuel rapprochement Seoudo-iranien qui dépend de la signature sur le nucléaire iranien, laquelle depend de l'attachement de l'Iran aux dernières conditions de la Sainte Russie, qui dépend aussi de l'incapacité de Biden de convaincre MBS de se joindre au boycott petrolier de Poutine , en sachant que tout cela dépendra de la victoire des russes sur les ukrainiens ! Le Liban grain de sable !

    Chucri Abboud

    00 h 31, le 16 mars 2022

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