Avec la fermeture hier à minuit du délai de dépôt des candidatures et le bond soudain du nombre de personnes déterminées à se lancer dans la bataille électorale, le Liban est entré dans une nouvelle phase. En dépit des doutes qui continuent à entourer la tenue des élections à la date prévue, toutes les parties concernées se comportent désormais comme si celles-ci devaient forcément avoir lieu le 15 mai. La fièvre électorale s’empare donc de tout le monde, les slogans et les campagnes sont lancés. Tous les efforts se concentrent ainsi sur ce fameux dimanche 15 mai qui devrait changer le cours de la vie au Liban.
Pris dans le feu de la bataille électorale, bien peu pensent à ce qui se passera au lendemain des élections. Selon un diplomate occidental chevronné, quels que soient les résultats, le Liban se trouvera devant une période particulièrement délicate. Pour lui, si l’on considère que le Hezbollah est au cœur des enjeux électoraux – notamment sur le plan de l’intérêt que porte la communauté internationale, Occidentaux et Arabes confondus, à ce scrutin –, l’avenir du Liban pour les prochains mois, et peut-être même plus, dépendra donc des résultats que cette formation et ses alliés obtiendront à travers ces élections.
Jusqu’à présent, le Hezbollah affiche une grande confiance au sujet des résultats. Ceux qui sont en charge des machines électorales de cette formation et ceux qui supervisent la campagne affirment que le parti s’est fixé comme objectif de rafler, avec ses alliés du mouvement Amal ou d’autres partis amis, la totalité des sièges chiites du Parlement, c’est-à-dire 27. De plus, comme il bénéficie selon eux d’un surplus de voix préférentielles, il a décidé d’aider ses alliés dans plusieurs circonscriptions, qu’il s’agisse du Courant patriotique libre (CPL), du Parti syrien national social (PSNS), de personnalités considérées comme indépendantes mais appuyant la résistance, ou même des Ahbache, Fayçal Karamé et d’autres encore. Ce qui, selon les estimations des milieux du Hezbollah, devrait lui permettre, à défaut d’obtenir la majorité parlementaire comme ce fut le cas en 2018, au moins de la perdre à quelques sièges seulement, face à une majorité désunie et incapable de prendre des décisions en tant que groupe homogène et cohérent.
Par conséquent, les parties étrangères qui ont tout misé sur les élections pour changer la tendance politique se retrouveront face à un paysage politique peu satisfaisant : le Hezbollah sera renforcé par une légitimité populaire renouvelée et il sera très difficile, dans le camp adverse, d’ignorer sa représentativité de la communauté chiite ou même d’une large tranche de la population libanaise. Dans ces conditions, comment former un gouvernement en mesure de prendre des décisions hostiles au parti chiite et visant à l’isoler et à l’affaiblir ? Même si un gouvernement issu de la nouvelle majorité est formé, ce qui reste difficile, voire improbable dans les mois qui suivent les élections, il sera très compliqué pour lui de prendre des décisions contre le Hezbollah. Et s’il le fait, le pays se trouvera devant une nouvelle crise politique, avec des possibilités de dérapages sécuritaires, et la situation y sera encore plus compliquée que celle qui prévaut aujourd’hui, avec un durcissement probable de la crise économique et sociale et des interventions étrangères multiples qui diviseront encore plus la population.
Si, par contre, le Hezbollah ne parvient pas avec ses alliés à maintenir le cap qu’il s’est fixé, c’est-à-dire à obtenir la totalité de la représentation chiite au sein du Parlement, en plus d’un nombre acceptable de sièges pour ses alliés, un gouvernement issu des « forces du changement », qu’il s’agisse de partis ou de formations de la société civile, sera probablement formé. Sous la pression des parties étrangères, il prendra des décisions visant à isoler le Hezbollah et à réduire son influence au Liban, dans le genre d’une interdiction à toute formation libanaise de se rendre dans un autre pays pour y combattre, au risque de perdre la nationalité libanaise… Le Hezbollah cherchera alors à montrer qu’il n’est pas le seul à se battre hors du territoire libanais et, de plus, il refusera de se conformer aux décisions du gouvernement. Celui-ci pourrait alors songer à confier à l’armée la mission d’appliquer ses décisions… et le pays entrera dans une crise complexe et dramatique qui affaiblira encore davantage l’État libanais.
Selon ces deux scénarios, la situation après les élections risque donc d’être encore plus compliquée qu’elle ne l’est actuellement, et ceux qui croient qu’avec ce scrutin le Liban est au bout du tunnel seraient dans l’erreur.
Le diplomate occidental précité explique dans ce contexte qu’il existe une troisième possibilité. Celle-ci consiste dans le fait que les résultats des élections permettraient de déceler des signes certains de changement dans la tendance populaire au Liban. Mais le processus devrait prendre du temps et le pays restera sous surveillance jusqu’à ce que le moment soit propice à une action déterminante, parallèlement à de grands changements régionaux et internationaux. Le processus d’affaiblissement du Hezbollah aura ainsi déjà commencé en douceur et le moment sera alors venu de frapper un grand coup. Autrement dit, là aussi, les attentes de changements importants à la suite des élections ne seraient pas vérifiées.
Élections ou pas, le Liban ne serait donc pas, selon ce diplomate, à la veille de solutions… sauf si les derniers développements régionaux et internationaux poussent les différents protagonistes à conclure des ententes.
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LES DOLLARS POUR L,ACHAT DE VOIX VIENDRA A F;OTS DE L,IRAN POUR LES UNS ET D,AILLEURS POUR LES AUTRES. LE PAUVRE BACILLE A COURT DE DOLLARS EN CASH, CEUX DE LA LATTA DES BARGES TURQUES DE KHARADENIZ ETANT A L,ABRI A L,ETRANGER, VA COMPTER SUR CEUX DE L,IRANO-HEZBOLLAHI A QUI IL SONT VENDUS DEPUIS TOUJOURS LUI ET SON PAPA-NOEL.
LA LIBRE EXPRESSION
13 h 14, le 16 mars 2022