Après avoir envisagé de renoncer à la bataille des législatives du 15 mai, l'ex-député Kataëb Nadim Gemayel a finalement mis fin au suspense et annoncé mardi sa candidature dans la circonscription de Beyrouth I, détaillant sa vision et critiquant vertement le Hezbollah et le camp politique du président de la République, Michel Aoun.
"J’ai sérieusement pensé à renoncer à ma candidature aux législatives, et beaucoup d’encre a coulé dans la presse sur ce sujet", a rappelé le fils de Bachir Gemayel, fondateur des Forces libanaises (FL) et ex-président de la République assassiné en 1982. "Je cherchais une solution pour mener la bataille", a expliqué Nadim Gemayel, pris d'un bref malaise en début de conférence de presse, avant qu'il ne se ressaisisse.
"J’ai décidé de me présenter à Beyrouth, car il s’agit de la continuité d’une ligne politique qui va au-delà des législatives. Nous allons poursuivre ce combat, non pas pour gagner ou perdre un siège parlementaire par ci ou par là", a martelé l'ancien élu maronite.
Reconnaissant que "le Parlement est contre-productif et dominé par une équipe incapable de faire quoi que ce soit" et qu'"un parti politique décide de tout ce qui se fait dans le pays", en référence claire au Hezbollah, Nadim Gemayel a tenté de justifier sa démarche. "Il est vrai que je suis candidat à Beyrouth, mais je porterai mon programme dans tout le Liban pour libérer le pays de l’emprise dont il est victime", a promis le cousin du chef du parti Kataëb, Samy Gemayel.
"Président du pure forme"
Après avoir critiqué le camp politique du président Aoun et le Courant patriotique libre dirigé par son gendre, le député Gebran Bassil, sans les nommer, M. Gemayel a estimé que "celui qui vend la souveraineté au profit de la stabilité perd les deux". "Aujourd’hui, nous avons un président, un Premier ministre et un président du Parlement de pure forme (...), ainsi qu'un parti qui prend ses ordres du Wilayet el-Faqih (L'Iran islamique). Est-ce ce pays que nous voulons ?", a demandé Nadim Gemayel.
"La corruption morale, c’est ceux qui sont responsables de l’explosion du nitrate d’ammonium au port de Beyrouth (le 4 août 2020) et ceux qui ont qualifié l’invasion de Beyrouth de +journée bénie+", a encore dénoncé l'ex-député, en allusion claire au Hezbollah et la mini-guerre civile du 7 mai 2008.
"Notre bataille est un vrai référendum. Nous misons sur la population libanaise et sur tous ceux qui croient en un Liban, libre, indépendant et souverain. Nous appelons les vrais Libanais à choisir et à voter pour le Liban qu’ils veulent, et non un Liban comme le Venezuela ou la Corée du Nord, comme certains le veulent", a encore plaidé M. Gemayel. "Aujourd’hui, vous choisissez un pays et pas une personne, vous choisissez un mode de vie. Et je vous promets que ce mode de vie sera le nôtre et je le défendrai partout. Nous comptons sur vous et sur la nouvelle génération", a-t-il conclu.
Interrogé sur les alliances qu'il compte nouer pour former sa liste de candidats à Beyrouth I, Nadim Gemayel est resté évasif, préférant attendre la fin du délai de dépôts de candidatures qui expire mardi minuit. "Il y a un noyau de liste de candidats quasi-prête, et notre main est tendue à tous ceux qui veulent travailler avec nous", a-t-il toutefois souligné.
Après avoir hésité pendant plusieurs semaines, M. Gemayel était récemment revenu sur sa décision de ne pas se porter candidat à ce scrutin, après discussion avec le chef des Kataëb et la médiation du fondateur du Rassemblement souverainiste de Saydet el-Jabal, Farès Souhaid.
Député Kataëb de Beyrouth depuis 2009, Nadim Gemayel et ses collègues Kataëb avaient démissionné dans le sillage de l'explosion d'août 2020. Il est connu pour ses prises de position radicales contre le Hezbollah et son arsenal, ainsi que pour sa proximité avec les Forces libanaises de Samir Geagea. En 2018, les formations de M. Geagea et de Samy Gemayel étaient parvenues à former une liste commune, à laquelle s’étaient joints l’ancien ministre Michel Pharaon et l’homme d’affaires et banquier Antoun Sehnaoui, représenté par Jean Talouzian, député arménien-catholique de la capitale. Mais dans la perspective du scrutin prévu dans près de deux mois, les Kataëb, qui se veulent le fer de lance de l’opposition, notamment depuis la révolte d’octobre 2019, maintiennent leur veto contre toute alliance électorale avec les FL.
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Mr. Nadim Gemayel wants to fight corruption by having one of the most maligned bank CEOs who, among others, has confiscated people’s deposits, gambled them away by lending them to an insolvent state, fund his political campaign. How is he planning to help return our deposits if he’s re-elected to Parliament? What is his socioeconomic plan?
Mireille Kang
07 h 28, le 28 mars 2022