Le président chinois invité à se rendre en Arabie saoudite

L’Arabie saoudite et la Chine poursuivent leur rapprochement. Selon des sources citées par le quotidien américain The Wall Street Journal lundi, Riyad a invité le président chinois, Xi Jinping, à se rendre prochainement dans le royaume wahhabite, alors que Riyad cherche à diversifier ses partenariats dans un contexte de relations tendues avec son allié traditionnel américain. La visite officielle de Xi Jinping pourrait avoir lieu dès le mois de mai après la fin du ramadan, pour ce qui serait alors le premier déplacement du chef de l’État chinois à l’étranger depuis la pandémie de coronavirus. L’accueil en grande pompe prévu par le royaume viserait à signaler un renforcement du partenariat sino-saoudien, alors que Pékin est le premier importateur mondial de pétrole et est devenu en outre ces dernières années le premier partenaire commercial de Riyad. Au point que le royaume wahhabite se dit désormais prêt à accepter des paiements en yuan plutôt qu’en dollar américain, selon le WSJ, ce qui pourrait considérablement renforcer la monnaie chinoise sur les marchés internationaux.

Une initiative qui risque d’accroître encore les tensions avec Washington, qui poursuit son désengagement du Moyen-Orient pour se tourner vers l’Asie. Depuis son arrivée à la Maison-Blanche, le président Joe Biden refuse également de s’adresser directement au prince héritier, Mohammad ben Salmane, qu’une enquête des renseignements américains rendue publique accuse d’avoir approuvé l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi dans le consulat de son pays à Istanbul en 2018. Suite à ce scandale qui l’a isolé sur la scène internationale, le dirigeant de facto du royaume saoudien avait effectué en 2019 une visite officielle en Chine pour signer des accords énergétiques et commerciaux. Dans la lignée de ce rapprochement, CNN révélait en décembre dernier que l’Arabie saoudite avait lancé sa propre production de missiles balistiques avec l’aide de la Chine, selon des renseignements américains.

La guerre en Ukraine

L’invitation de Xi Jinping à se rendre en Arabie saoudite intervient au moment où les Occidentaux continuent de faire pression sur leurs alliés traditionnels pour prendre position contre la Russie dans la guerre en Ukraine. S’il a voté en faveur de la résolution onusienne exigeant le retrait immédiat et inconditionnel des forces russes d’Ukraine, Riyad s’est néanmoins gardé de condamner la Russie. En porte-à-faux, le royaume wahhabite, qui coopère avec Moscou dans le cadre de l’OPEP+, a refusé de répondre favorablement aux demandes occidentales d’augmenter sa production pétrolière pour faire baisser les prix des hydrocarbures, alors que ceux-ci ont explosé depuis le début du conflit. Le prince héritier aurait même refusé de participer à un appel entre son père, le roi Salmane, et le président américain le mois dernier, tandis que des rumeurs sur un voyage prochain de Joe Biden à Riyad ont vite été démenties par son administration.

Lire aussi

« La Chine veut conserver son partenariat avec la Russie sans pour autant s’aliéner l’Occident »

La Chine s’est quant à elle abstenue de voter pour la résolution de l’ONU, mais serait décidée à aider Moscou sur les plans économique et militaire face aux sanctions qui lui ont été imposées, selon des officiels américains qui ont participé à la réunion entre les conseillers à la Sécurité nationale américain et chinois, lundi à Rome. Par ailleurs, au regard des bonnes relations existant entre la Chine et l’Iran, le prince héritier saoudien, Mohammad ben Salmane, pourrait essayer de capitaliser sur la relation amicale qu’il entretient avec son homologue chinois, au sujet du nucléaire iranien. Contrairement à Pékin, l’Arabie saoudite n’est pas partie aux négociations de Vienne visant à revenir à l’accord de 2015, dont les États-Unis se sont retirés unilatéralement en 2018. Les Saoudiens, qui lancent doucement leur propre programme nucléaire, craignent la montée en puissance de la République islamique dans la région en cas de nouvel accord sur le nucléaire et pourraient voir en Pékin un moyen de pression sur leur voisin.