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Culture - Entretien

Sonnez trompette, Liban Jazz revient et Paolo Fresu aussi !

C’est avec le grand jazzman italien que le festival reprogramme un premier concert au MusicHall le samedi 12 mars, après deux ans de silence assourdissant. Et son directeur Karim Ghattas rêve déjà de nouvelles aventures musicales...

Sonnez trompette, Liban Jazz revient et Paolo Fresu aussi !

Paolo Fresu, une trompette pleine et claire. Photo DR

Karim Ghattas, deux ans d’absence à cause du Covid et de la situation économique, où étiez-vous pendant ce temps ?

Plus que la pandémie ou la situation de crise économique, c’est le drame du 4 août qui a provoqué un choc suivi d’un départ. Rétrospectivement, j’ai vécu ces deux années comme une ellipse. Installé en Grèce avec ma famille, j’ai pu prendre un recul nécessaire à ce moment-là. Lorsque la possibilité de proposer un nouveau festival dédié aux musiques de la Méditerranée s’est présenté sur l’île de Spetses, j’ai imaginé le Zenith Music Festival, un événement dédié aux musiques de la Méditerranée, dont la première édition a été couronnée d’un succès très encourageant. La 2e édition aura lieu cet été.

Ce n’est donc ni le Covid ni la crise économique qui m’ont éloigné de Beyrouth. Non, c’est le choc du 4 août, notre vulnérabilité et les remises en question de tout ce qui s’est passé au Liban ces dernières années. Une forme de refus en somme.

Qu’est-ce qui vous a poussé à revenir sur la scène beyrouthine ?

Je ne vais pas vous mentir, malgré ce départ précipité, il ne se passe pas une journée sans voir Beyrouth à travers les carreaux de mes fenêtres. Mais l’explication est toute simple : j’avais 23 ans quand je suis arrivé au Liban. J’y ai lancé le festival Liban Jazz qui est l’histoire de ma vie. J’ai eu bien des aventures sur mon parcours. J’ai organisé des concerts dans des lieux extraordinaires ou prestigieux, comme le siège des Nations unies à New York avec le trio Joubran, le Barbican Center à Londres avec Mashrou’ Leila ou le Théâtre du rond-point à Paris avec un line-up d’artistes uniques, mais Beyrouth et le MusicHall, c’est chez moi, c’est la maison !

Cela veut dire que Liban Jazz reprend et va proposer régulièrement des concerts ?

C’est l’objectif et nous y travaillons d’arrache-pied. Quelle que soit la difficulté rencontrée, il faut aller de l’avant, essayer d’inventer des projets et puis faire tenir tout ça en équilibre, à la façon d’un funambule. C’est tout à la fois périlleux et excitant.

Pourquoi programmer le Paolo Fresu Trio pour ce premier concert ?

Liban Jazz a toujours revendiqué une image élégante, intense et chaleureuse, et Paolo Fresu conjugue ces valeurs avec un naturel déconcertant. C’est un artiste exceptionnel que Monica Zecca, qui dirige l’IIC (Instituto Italiano di cultura ou l’Institut culturel italien) de Beyrouth sans qui ce concert ne pourrait voir le jour, a aussi souhaité voir remonter sur scène devant les férus de jazz. J’en profite pour remercier ces partenaires historiques que sont l’IIC et la famille Eléftériadès aux côtés de qui Liban Jazz progresse depuis près de 20 ans maintenant.

Avec la crise économique, le prix du billet est une donnée non négligeable. Comment en avez-vous fixé le prix ?

Il faut savoir s’adapter et c’est ce que nous avons fait d’un commun accord en fixant trois barèmes pour que le concert soit accessible au plus grand nombre : un prix d’entrée à 350 000 LL et deux autres catégories à 750 000 LL et 1 100 000 LL.

Vu la situation actuelle, est-il possible pour un producteur de concert d’assurer des revenus ?

L’enjeu est surtout de réaliser un beau concert dans les meilleures conditions possibles pour partager un moment hors du temps. La comptabilité se fera après le concert.

Le prochain spectacle, qui et quand ?

J’ai actuellement plusieurs pistes très enthousiasmantes, mais je préfère réserver la surprise au public. Vingt années au Liban m’ont rendu un peu superstitieux...

Paolo Fresu

Éveillé à la musique dans la fanfare municipale, le jeune Paolo âgé de 11 ans développe son sens musical dans les orchestres de bals et les fêtes de villages. C’est à 19 ans qu’il se lance dans l’aventure du jazz. Tout s’enchaîne alors : deux ans d’études musicales à Sienne, naissance en 1984 du premier quintette, puis départ en 1986 pour Paris.

Fanfare, « musica leggera », maîtrise de la composition et de l’improvisation, expériences vécues de diverses formes de jazz – classique, expérimental, ouvert aux musiques populaires italiennes. Avec un tel bagage, le jeune homme s’impose presque naturellement dans le monde du jazz. Avec plus de 300 enregistrements à son actif et près de 200 concerts par an en moyenne, le trompettiste ne chôme pas, loin de là. Un habitué du festival Liban Jazz, il s’y est produit de nombreuses fois, en 2008, 2011, 2012 et dernièrement en février 2020.

Pour mémoire

Liban Jazz fait de la résistance et propose des billets à moitié prix

Mais Paolo Fresu, c’est avant tout une sonorité, pleine, claire, tranquillement joyeuse, dont il émane une certaine lumière, directement inspirée de ses maîtres, Miles Davis pour la sourdine et la créativité, et Chet Baker, « musicien et chanteur, donc instrumentiste magnifique et poétique », comme l’a souligné l’artiste dans un entretien il y a quelques années avec l’AFP.

Au MusicHall, centre Starco, centre-ville, à 20h. Billets sur Antoine Ticketing.

Karim Ghattas, deux ans d’absence à cause du Covid et de la situation économique, où étiez-vous pendant ce temps ? Plus que la pandémie ou la situation de crise économique, c’est le drame du 4 août qui a provoqué un choc suivi d’un départ. Rétrospectivement, j’ai vécu ces deux années comme une ellipse. Installé en Grèce avec ma famille, j’ai pu prendre un recul nécessaire...
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