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Monde - Entretien express

« L’enjeu que représente l’arme nucléaire dans la guerre d’invasion russe est très problématique »

Benjamin Hautecouverture, maître de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique, répond aux questions de « L’Orient-Le jour ».

« L’enjeu que représente l’arme nucléaire dans la guerre d’invasion russe est très problématique »

Vladimir Poutine parle de mettre les forces de dissuasion nucléaire en état d’alerte élevée, le 27 février 2022. Photo Reuters

Une onde de choc a parcouru le monde après la déclaration de Vladimir Poutine du 27 février dans laquelle il annonçait la mise en alerte des « forces de dissuasion » russes, faisant craindre le recours à l’arme nucléaire par le chef du Kremlin dans le cadre du conflit ukrainien. L’agitation par le président russe de la menace nucléaire survient comme une réponse à la coordination d’un grand nombre d’États dans l’imposition de sanctions visant à isoler et sanctionner la Russie. Mais cet étalage de force par Vladimir Poutine pourrait être un « signe de faiblesse », comme l’a qualifié Leon Panetta, ancien directeur de la CIA. Moscou monte en gamme dans l’intensité de ses déclarations face à une situation sur le terrain qui semble plus compliquée que ce que le Kremlin avait anticipé, et pour tenter de dissuader l’OTAN d’intensifier son soutien à l’Ukraine. Interrogé par L’Orient-Le Jour, Benjamin Hautecouverture, maître de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique, décrypte les enjeux et les conséquences de la menace nucléaire russe.

Avec la crise ukrainienne, le nucléaire redevient-il un enjeu de premier plan des relations internationales ?

La question nucléaire militaire, l’arme nucléaire en particulier, n’a jamais cessé d’être un enjeu de premier plan des relations internationales depuis 1945. Il s’agit d’un facteur qui continue de rendre compte au premier chef des relations de sécurité entre sujets de droit international que sont les États. Comment pourrait-il en être autrement ? Les cinq États membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies sont ceux qui sont dotés de l’arme nucléaire au sens du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), entré en vigueur en 1970.

Pour autant, la guerre d’invasion portée par la Russie contre l’Ukraine depuis le 24 février 2022 n’est pas une guerre menée avec des armes nucléaires, qui n’ont jamais été employées dans un conflit depuis le mois d’août 1945.

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Cela étant posé, l’enjeu que représente l’arme nucléaire dans cette guerre d’invasion actuelle est très problématique : comment faire face à un État qui utilise sa propre dissuasion nucléaire à des fins de coercition et de sanctuarisation agressive contre un État qui se trouve de facto isolé militairement, dans un rapport de force totalement inégal ? C’est un usage pernicieux de la dissuasion.

Comment la crise ukrainienne peut-elle affecter l’architecture de la sécurité européenne, en particulier sur le plan nucléaire ?

La guerre de Vladimir Poutine contre l’Ukraine affectera l’architecture de sécurité européenne à tous égards. En réalité, il est même probable que ce sera l’événement à l’origine d’une nouvelle architecture de sécurité européenne conçue dans son ensemble, à l’instar de ce que furent les grands événements des siècles précédents qui permirent aux systèmes de sécurité européens de se reconfigurer : fin de l’Empire napoléonien, fin de chaque guerre mondiale, mise en place de la guerre froide en particulier.

Il ne s’agit pas d’une incantation mais d’une nécessité qui relève premièrement de l’éclipse graduelle, depuis le début du siècle, de l’architecture de sécurité issue de la fin de la guerre froide, deuxièmement de la réapparition d’une menace militaire majeure à l’est de l’Europe, troisièmement de l’obligation historique pour les pays européens de penser leur sécurité hors des cadres issus de la fin de la Seconde Guerre mondiale. De ce point de vue, la guerre menée contre l’Ukraine marquerait la dernière étape de l’achèvement d’un processus.

Quel crédit faut-il accorder à la mise en alerte des forces nucléaires russes par Vladimir Poutine ?

Dans le cadre d’un conflit vite destiné à atteindre une intensité élevée, la décision, très mise en scène dimanche 27 février 2022 et consistant pour le président Poutine à relever le stade d’alerte de la force de dissuasion du pays, notamment nucléaire, n’est pas surprenante.

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En particulier, toute force de dissuasion nucléaire doit pouvoir être mobilisable à court préavis, c’est une condition sine qua non pour qu’un outil de dissuasion soit crédible. C’est du reste un élément de la notion de « posture permanente », qu’incidemment Emmanuel Macron a rappelé dans son message aux armées lundi 28 février, garantissant cette permanence pour la force de dissuasion nucléaire de la France.

Il s’agit bien, de la part du président Poutine, d’un signalement supplémentaire pour indiquer que la force de dissuasion nucléaire russe couvre les opérations conventionnelles sur le terrain.

Comment les Occidentaux peuvent-ils répondre à cette menace ?

Pour ma part, je me refuse à faire mienne cette division entre Russes d’un côté, Occidentaux de l’autre, comme s’il s’agissait d’un conflit ethnique. Cette façon de distinguer les camps, pour un chercheur, doit être systématiquement critiquée et mise en question. Il s’agit notamment d’un schéma de pensée imposé par l’agresseur dans le cadre d’un conflit mené entre un régime autocratique et un État voisin démocratique. Reprendre à son compte la dichotomie « Russes » contre « Occidentaux » est une incorrection méthodologique.

Si la question est : que peuvent faire les démocraties libérales, notamment celles qui se regroupent sous la bannière de l’Alliance atlantique ou de l’Union européenne, mais pas seulement, la réponse est double : maintenir et affirmer pour les États qui en bénéficient la garantie nucléaire de leur sécurité ; accroître considérablement la protection des États qui n’en bénéficient pas et se situent à portée de la menace russe. S’agissant de l’Ukraine, la meilleure réponse sur le plan militaire est très certainement la capacité de résistance d’une partie significative d’un pays de plus de 600 000 km2, qui usera les forces d’invasion jusqu’à la corde.

Une onde de choc a parcouru le monde après la déclaration de Vladimir Poutine du 27 février dans laquelle il annonçait la mise en alerte des « forces de dissuasion » russes, faisant craindre le recours à l’arme nucléaire par le chef du Kremlin dans le cadre du conflit ukrainien. L’agitation par le président russe de la menace nucléaire survient comme une réponse à la...

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Voilà du sérieux, sans ironie aucune : "S’AGISSANT DE L’UKRAINE, LA MEILLEURE REPONSE SUR LE PLAN MILITAIRE EST TRES CERTAINEMENT LA CAPACITE DE RESISTANCE D’UNE PARTIE SIGNIFICATIVE D’UN PAYS DE PLUS DE 600 000 KM2, QUI USERA LES FORCES D’INVASION JUSQU’A LA CORDE". La guerre donc prendra du temps, jusqu’à l’épuisement des forces occupantes. On est bien averti que la guerre s’installe dans la durée, mais comment vivront les Ukrainiens ? Dans la durée donc jusqu’aux préparatifs des armées occidentales, mais le sage Biden a fait savoir qu’il n’interviendra pas pour le moment. Le président russe le sait bien, et c’est bien lui qui a annoncé le premier l’usage de l’arme nucléaire, et en cas d’usage des ogives bénies par les patriarches de toute la Russie, son pays sera rasé de la carte. On est fou, mais dans une certaine limite. Poutine partira comment ? Tous les experts le prédisent, l’effet boomerang retournera contre le maître du Kremlin. Tous les experts se trompent ? Non, et non, pas tous.

Nabil

17 h 11, le 05 mars 2022

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Commentaires (2)

  • Voilà du sérieux, sans ironie aucune : "S’AGISSANT DE L’UKRAINE, LA MEILLEURE REPONSE SUR LE PLAN MILITAIRE EST TRES CERTAINEMENT LA CAPACITE DE RESISTANCE D’UNE PARTIE SIGNIFICATIVE D’UN PAYS DE PLUS DE 600 000 KM2, QUI USERA LES FORCES D’INVASION JUSQU’A LA CORDE". La guerre donc prendra du temps, jusqu’à l’épuisement des forces occupantes. On est bien averti que la guerre s’installe dans la durée, mais comment vivront les Ukrainiens ? Dans la durée donc jusqu’aux préparatifs des armées occidentales, mais le sage Biden a fait savoir qu’il n’interviendra pas pour le moment. Le président russe le sait bien, et c’est bien lui qui a annoncé le premier l’usage de l’arme nucléaire, et en cas d’usage des ogives bénies par les patriarches de toute la Russie, son pays sera rasé de la carte. On est fou, mais dans une certaine limite. Poutine partira comment ? Tous les experts le prédisent, l’effet boomerang retournera contre le maître du Kremlin. Tous les experts se trompent ? Non, et non, pas tous.

    Nabil

    17 h 11, le 05 mars 2022

  • UN ARTICLE DE DESINFORMATION. C,EST SLEEPING JOE, PRESIDENT ENDORMI DES USA, QUI LE PREMIER A DIT QUE CE CONFLIT POURRAIT TOURNER A L,ARME NUCLEAIRE. PUIS SON ECHO ET HOMME STOLTENDERG DE L,OTAN. PUIS LA MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES DU ROYAUME UNI. POUTINE PRENANT AU SERIEUX CES MENACES MIT SES FORCES NUCLEAIRES EN ETAT D,ALERTE MAXIMALE. CE QU,AURAIT FAIT TOUT LEADER PATRIOTE A SA PLACE. CA C,EST LA VERITE. LA PROPAGANDE AVEC L,ACHAT DE TOUS LES MEDIAS OCCIDENTAUX BAT SON PLEIN POUR DESINFORMER L,OPINION INTERNATIONALE SURTOUT SUR CE SUJET. ET LE PARTI PRIS ET LA DESINFORMATION DE MME HARFOUCHE SONT CLAIRS COMME LE JOUR.

    LA LIBRE EXPRESSION

    01 h 23, le 05 mars 2022

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