Le chef du courant Marada Sleiman Frangié, l'un des candidats probables à la présidentielle qui doit se tenir en octobre après la fin du mandat du chef de l’État Michel Aoun, a estimé qu'il n'y aura pas de président qui serait hostile au Hezbollah, son allié chiite et poids lourd politique et militaire.
Au cours d'un entretien télévisé jeudi soir sur la chaîne MTV, le leader chrétien de Zghorta a critiqué le président Aoun et son gendre, le chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil, à qui l'on prête également des ambitions présidentielles et avec qui M. Frangié entretient des liens détestables.
Critique à l'adresse de Aoun
"Je ne vais mendier la présidence auprès de personne et je maintiens mes convictions", a lancé M. Frangié durant son intervention lors de l'émission Sar el-Wa't, animée par le journaliste Marcel Ghanem. "Je crois en l'entente et je refuse d'éliminer (les autres)", a ajouté le chef des Marada, dans une critique à peine voilée au président Aoun et son camp, accusés par leurs détracteurs, notamment M. Frangié, de vouloir éliminer de l'échiquier politique leurs rivaux chrétiens.
"Le paysage électoral présidentiel en octobre sera différent de celui qui prévaut en ce moment. Il pourrait être mieux ou pire", a estimé M. Frangié, sans élaborer davantage sur ce plan. "Si l'échéance arrive et que les circonstances nous sont favorables, alors nous verrons à ce moment-là", a-t-il ajouté, entretenant le flou sur sa propre candidature. Il a toutefois été plus clair concernant le profil du prochain chef de l’État : "Il n'y aura pas de président de la République au Liban hostile au Hezbollah".
Pour Sleiman Frangié, il y aura "une nouvelle étape après Michel Aoun, et la population libanaise est optimiste". Des propos tenus alors que le Liban poursuit son effondrement socio-économique depuis 2019. "Je ne peux pas faire porter à Aoun toute la responsabilité de ce qui s'est passé durant son mandat, mais c'est lui qui l'a fait, lorsqu'il s'est présenté comme l'homme du mandat fort et a tenté d'éliminer les autres. Le régime a promis plus que ce qu'il pouvait faire. Il aurait pu ne pas assumer la responsabilité de la situation actuelle, alors qu'il y a des causes accumulées depuis 1992", a estimé l'ex-ministre, candidat malheureux face à Michel Aoun, lors de la présidentielle de 2016.
Le pire allié et le rival stratégique
Le zaïm de Zghorta a en outre abordé la question épineuse des élections législatives qui doivent avoir lieu le 15 mai. Il a dans ce contexte exprimé la crainte de la "possibilité d'un report du scrutin en raison de détails techniques". "Je ne serais pas triste de voir Gebran Bassil échouer à Batroun, mais l'intérêt de mon pire allié vaut mieux que celui de mon rival stratégique", a aussitôt tempéré M. Frangié. "Mon projet politique est celui du camp du 8 Mars (pro-régime syrien et Hezbollah, NDLR) et de ses alliés, et notre but est d'obtenir le plus grand groupe au sein du Parlement", a clairement fait savoir le chef des Marada. "Il m'importe peu de protéger Gebran Bassil ou de l'éliminer", a-t-il ajouté, laissant ainsi la porte ouverte à une alliance électorale avec le chef du CPL.
Sleiman Frangié a enfin estimé qu'il était "peu probable qu'un changement stratégique intervienne après les législatives". "Les changements stratégiques dans le pays n'auront pas lieu, et la thaoura (révolte populaire du 17 octobre 2019) n'a pas permis de créer un système alternatif", a-t-il affirmé. Il a dans ce cadre estimé que "selon les statistiques, ceux qui sont donnés vainqueurs sont ceux qui ont surfé sur la vague de la thaoura, comme Samy Gemayel, Michel Moawad, Nehmat Frem, et d'autres figures de la classe politique".
Les législatives du 15 mai sont vues par nombre de Libanais comme une opportunité de changer la classe politique au pouvoir, accusée de corruption et de clientélisme. La communauté internationale ainsi que plusieurs protagonistes locaux redoutent un report des législatives sous le prétexte d’un problème de financement. Mais le Conseil des ministres a tenté de donner un signal positif sur ce plan en assurant une partie des fonds. Et le Hezbollah, allié chiite de M. Frangié et accusé par ses détracteurs de vouloir repousser cette échéance, affirme régulièrement qu'il est en faveur de la tenue du scrutin. Il a même lancé sa campagne électorale et annoncé ses candidats.
commentaires (22)
C’est dommage que l’histoire de notre pays n’est pas enseignée dans les écoles privées et publiques. Les jeunes libanais verront ainsi la putréfaction du monde politique et des gens qui le gouvernement actuellement alors que nous avions eu la crème de la crème avec des président tels que Camille Chamoun, Charles Helou, Elias Sarkis et Bachir El Gemayel qui malheureusement n’a pu gouverner pour sauver notre pays parce que trop patriotique aux yeux des vendus. On se retrouve avec des illettrés animés par le culte de l’argent et, du pouvoir usurpé, parce qu’ils savent qu’ils ne valent rien en temps de paix et dans un pays démocratique d’où leur alliance avec les obscurantistes et les fossoyeurs de notre démocratie.
Sissi zayyat
13 h 09, le 08 mars 2022