Rechercher
Rechercher

Culture - Initiative

La première pierre du Beirut Museum of Art a été posée

Après sept ans d'attente et une série d'obstacles politiques et socio-économiques, le coup d’envoi de la construction d'un nouveau musée d'art moderne et contemporain, dont la vocation est de servir d’espace commun pour les artistes et le public, a finalement été donné à Beyrouth.  

La première pierre du Beirut Museum of Art a été posée

Le musée BeMA est voulu comme un lieu pour abriter l'art et les hommes et non comme un temple. Photo DR

La construction du Beirut Museum of Art (BeMA) a été lancée lors d'une conférence de presse organisée conjointement par le BeMA et l'Université Saint-Joseph vendredi sur le site de l'espace proposé rue de Damas, face au Musée national où la première pierre du bâtiment a été posée par le premier ministre Nagib Mikati, en présence du ministre de la Culture Mohammad Wissam Mortada. Le projet devrait nécessiter quatre ans de travaux. Le conseil d'administration de BeMA a l'intention de financer le projet par des fonds privés. Richard Haykel, membre du conseil d'administration, a refusé de divulguer le chiffre exact du coût total prévu pour la construction et le fonctionnement du musée, mais a précisé que le conseil espérait réunir au moins 50 à 60 millions de dollars.

Lors de la cérémonie de la pose de la première pierre du bâtiment du BeMA : au centre, le président du conseil Nagib Mikati, entouré du ministre de la Culture Mohammad Mortada et de Sandra Abou Nader, co-fondatrice du BeMA. Photo DR

En tant qu'espace interactif, le BeMA présentera la collection d'œuvres modernes et contemporaines rassemblées par le ministère libanais de la Culture, « un trésor national », selon les termes de Rita Nammour, cofondatrice du BeMA. Le musée exposera également les œuvres d'artistes locaux, régionaux et internationaux dans des galeries ultramodernes, des salles de spectacle, une bibliothèque, des archives et un laboratoire de conservation.

Contrairement à l'Europe, où le soutien public aux arts est courant, les arts et la culture sont souvent négligés, sous-estimés et mal entretenus au Liban. Malgré le riche patrimoine artistique du pays et la diversité de sa culture, le chaos qui règne actuellement au pays a entravé les efforts visant à soutenir la production et l'exposition d'art sous ses nombreuses formes.

Cependant, un certain nombre d'artistes et d'institutions œuvrent pour consacrer le Liban en tant que plaque tournante culturelle dans la région MENA et dans le monde. Lancée en 2015 par l'Association pour la promotion et l'exposition des arts au Liban (APEAL), la mission de BeMA se nourrit d’une « foi profonde dans le pouvoir de transformation des arts et le droit de tous à accéder à la culture. »

Pour mémoire

BeMA : le dernier trait

En prévision de son ouverture, le BeMA prévoit un programme de résidence d'artistes d'une durée de dix ans, en collaboration avec le ministère libanais de l'Éducation et de l'enseignement supérieur, qui commandera une série d'interventions d'artistes. Il y aura également un programme professionnel de restauration d'œuvres d'art, construit en collaboration avec des institutions spécialisées et animé par une petite équipe de spécialistes libanais qui ont déjà restauré des œuvres de la collection du ministère de la Culture. Le BeMA proposera un cours agréé de restauration d'art.

Le musée a été conçu par l'architecte Amale Andraos, cofondatrice de WORK Architecture Company (WORKac) et doyen de la Graduate School of Architecture Planning and Preservation de l'Université de Columbia. Le concept de base, indique Rita Nammour, est de représenter « le musée comme une communauté, et non comme un temple. »

« Le musée comprendra un espace d'exposition dédié et une promenade de six étages qui s'articule autour de la façade du bâtiment. La conception innovante de WORKac pour un « musée ouvert » fait allusion à son héritage géographique, en utilisant le balcon méditerranéen omniprésent pour transformer ses murs en espaces hybrides intérieur-extérieur », explique la cofondatrice du BeMA, qui a lancé le projet de musée avec Sandra Abou Nader. « L'art se répand à l'extérieur du bâtiment principal, s'adressant à des publics divers grâce à une déclinaison d'espaces publics". Elle ajoute : « En brouillant les lignes entre l'intérieur et l'extérieur, la façade poreuse de la conception de WORKac dissout le modèle de galerie traditionnellement fermé, en cube blanc, et invite le public à s'engager directement avec l'œuvre, créant des possibilités nouvelles et variées de rencontres et de dialogue avec l'art ainsi que parmi ses visiteurs. »

En plus de fournir un espace pour les expositions, le musée créera des opportunités pour la production de nouvelles œuvres artistiques. Il fournira également des espaces de travail partagés abordables et un certain nombre de studios pour que les artistes puissent créer, confirmant ainsi la mouvance artistique du musée.

Pour mémoire

BeMA lance son 3e programme « Artistes en résidence dans les écoles publiques libanaises »

Comme le BeMA travaille en collaboration avec l'Université Saint-Joseph, qui a fait don du terrain où il sera construit, le musée proposera des cours qui seront accrédités par les programmes diplômants de l'université.

Bien avant la crise catastrophique actuelle du Liban, plusieurs projets de musées libanais avaient été annoncés. En 2015, le Beirut Contemporary (BeMA) devait être le premier musée d'art contemporain et moderne de la ville, une initiative menée par APEAL. Le projet a été mis en suspens pour une durée indéterminée après les soulèvements de 2019, puis la tragique explosion du port de Beyrouth en 2020.

Malgré le changement de nom, le BeMA conserve les mêmes valeurs et espère atteindre les mêmes objectifs, selon les promoteurs du musée : donner aux artistes locaux et internationaux un espace pour s'épanouir, créer et partager, malgré l'absence de financement public pour la scène artistique.

C'est justement en raison de cette absence que les institutions et les bailleurs de fonds privés ont permis à des initiatives telles que le BeMA de survivre. Cette situation a soulevé la question de savoir si une telle somme d'argent dépensée pour un musée est durable, voire pertinente dans le climat actuel. « Nous avons presque terminé la collecte de fonds pour le musée » dit Rita Nammour à L'Orient Today. « Nous commençons la dotation, et de nombreuses personnes sont intéressées pour la soutenir. C'est pourquoi nous sommes allés de l'avant avec la construction du musée... Poursuivre le projet est un acte de résistance ». Selon elle, le conseil d'administration du musée est plus que jamais convaincu qu’un « musée mettant en avant la conscience et la réflexion sociales est une nécessité, et à ce titre, avec l'encouragement des donateurs, il a pris la décision de ne pas retarder le début des travaux. Sans les arts et la culture, la société est vouée à se désintégrer. »

Cet article est paru dans sa version originale anglophone dans l’édition du 25 février 2022 de « L’Orient Today »

La construction du Beirut Museum of Art (BeMA) a été lancée lors d'une conférence de presse organisée conjointement par le BeMA et l'Université Saint-Joseph vendredi sur le site de l'espace proposé rue de Damas, face au Musée national où la première pierre du bâtiment a été posée par le premier ministre Nagib Mikati, en présence du ministre de la Culture Mohammad Wissam Mortada. Le...

commentaires (6)

La première pierre, et……la dernière !

LeRougeEtLeNoir

10 h 47, le 28 février 2022

Tous les commentaires

Commentaires (6)

  • La première pierre, et……la dernière !

    LeRougeEtLeNoir

    10 h 47, le 28 février 2022

  • Nourrissez les gens aidez les étudiants et les professeurs avant de bâtir des musées que va fréquenter une minorité de privilégiés

    FATTAL Noël

    18 h 57, le 27 février 2022

  • les initiatives personnelles et pouvoir prives doivent prendre le dessus sur ce pouvoir politique mediocre usé et sale. surtout dans les medias Libanais. ministres ou pas, bien des milliers et voire des dizaines de milliers de personnes honnêtes et cultives méritent de remplacer chaque ministre au pouvoir

    Abdallah Barakat

    01 h 09, le 27 février 2022

  • ce petit ministre en question veut voir son nom sur la plaque a l’entrée a droite du musée lui et l’autre grand premier ministre. ces tribus fonctionnent comme ça. ça me rappel quand saad hariri et michel aoun sont allés depuis deja des années deja “poser la premiere pierre” pour le port de Jounieh. il ne faut pas accepter de les recevoir tout comme le president du syndicat des ingénieurs actuel n’a pas accepte de recevoir le premier ministre actuel pour je ne sais plus quel événement a la maison des Architectes et Ingénieurs. le pouvoir prive et les intitatives

    Abdallah Barakat

    01 h 05, le 27 février 2022

  • exactement. quel interet ces ministres? sans eux cet événement aurait été mieux apprécié

    FOUAD KARKOUR

    15 h 21, le 26 février 2022

  • Bravo pour l'arts et la culture qui continuent à évolués en dépit de tout. Mais je ne comprends pas qu'est ce que les ministres ont fait pour être invités sois pour posée la première pierre du bâtiment soit simplement pour être présent ? Même le ministre de la Culture n'a rien à voir avec l'événement, vue que c'est une initiative entièrement privée. Y a ils encore des libanais sous l'illusion que de telles présences ajoutent la moindre importance ou prestige à leur événements?!

    Sarkis Dina

    13 h 18, le 26 février 2022

Retour en haut