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Monde - Repère - invasion de l'Ukraine

Portée, limites : ce qu'il faut savoir sur les sanctions contre Moscou

Tour d’horizon des mesures punitives imposées par Washington et l’UE.


Portée, limites : ce qu'il faut savoir sur les sanctions contre Moscou

Le président Joe Biden annonçant, le 24 février 2022, des sanctions contre la Russie. REUTERS/Leah Millis

Les principaux artisans des sanctions contre la Russie

Suite à la reconnaissance par Vladimir Poutine de l’indépendance des républiques séparatistes à l’est de l’Ukraine et au lancement de l’invasion du pays dans la nuit du 23 au 24 février, un grand nombre d’États ont réagi à cette agression via l’imposition de sanctions contre la Russie. Cette décision résulte d’une coordination entre alliés, comprenant les membres de l’OTAN et les partenaires européens pour s’opposer avec plus de force au projet russe. Cette réponse commune vise à sanctionner les transgressions du droit international déjà opérées par Vladimir Poutine et à le dissuader de poursuivre son offensive en Ukraine. Pour se faire, le niveau de sanctions pourrait être réévalué à mesure que les Russes poursuivent leur progression.

États-Unis

Dès lundi 21 février, Washington avait esquissé quelques mesures punitives, qui ont été renforcées le lendemain. La publication d’un décret, le 22 février, interdisant tout nouvel investissement, échange ou financement par des Américains à destination ou en provenance des républiques séparatistes prorusses indique le durcissement de la position américaine vis-à-vis de Moscou, par rapport à 2014. L’administration américaine a également fait le choix d’imposer des sanctions à deux institutions financières russes de premier plan : VEB et la banque militaire du pays. Les sanctions touchent aussi la dette souveraine russe, qui ne pourra plus bénéficier de financements occidentaux.

Eclairage

Le pari osé de Poutine en Ukraine

La seconde vague de sanctions américaines, annoncée le 24 février par Joe Biden, s’attaque aux secteurs high-tech, militaire et industriel de la Russie, en interdisant au pays d’importer des États-Unis certains produits technologiques essentiels au développement de domaines comme la défense, l’aérospatial, le naval. La volonté américaine d’exclure la Russie du système financier mondial s’illustre avec la décision de geler les actifs d’une grande partie d’oligarques russes proches du pouvoir et de leurs familles. Transformer Vladimir Poutine en « paria », tel est l’objectif du président américain qui limite la possibilité de 13 principales entreprises russes, dont Gazprom, un conglomérat énergétique détenu par l’État, de lever des fonds sur les marchés de capitaux européens. Pour atteindre ce but, les alliés entendent limiter les capacités russes d’utiliser le yen, l’euro ou le dollar. Les pénalités concernant les banques s’intensifient puisqu’elles se durcissent et touchent un plus grand nombre de banques d’État russes, quatre supplémentaires dont VTP, qui détiennent plus de mille milliards de dollars d’actifs.

Union européenne

Les membres de l’Union européenne, d’abord réunis lors d’un conseil d’urgence des Affaires étrangères le 22 février, ont adopté à l’unanimité un lot de sanctions contre la Russie. Principalement dirigées contre les banques, établissements financiers et visant à restreindre l’accès aux marchés et services financiers européens, les sanctions ont par la suite été renforcées par de nouvelles décisions prises le 25 février. Parmi celles-ci figurent l’interdiction de dépôts bancaires importants dans l’Union européenne, la limitation de l’octroi de visa pour les diplomates et l’arrêt de l’exportation de biens technologiques vers la Russie. Les Européens ciblent également 27 personnalités russes ayant bénéficié des décisions du Kremlin, 351 membres de la Douma ayant voté en faveur de la reconnaissance par Moscou des républiques séparatistes, de même que Vladimir Poutine et son ministre des Affaires étrangères, Serguei Lavrov, en gelant leurs avoirs.

Allemagne

Le chancelier allemand Olaf Scholz a, quant à lui, annoncé la suspension de l’autorisation du gazoduc Nord Stream 2, qui devait approvisionner l’Allemagne en gaz russe, suite à la reconnaissance par la Russie de l’indépendance des deux républiques séparatistes.

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Royaume-Uni

Les sanctions adoptées par le Royaume-Uni visent, quant à elles, des entités précises et les intérêts russes. Boris Johnson a annoncé la suspension des vols d’Aeroflot, la compagnie aérienne nationale russe, en direction du Royaume-Uni. Suivant les décisions de ses alliés, le gouvernement a imposé des pénalités à une centaine d’entreprises russes, à six banques comme GenBank ou Rossiya Bank et aux exportations technologiques. Le Premier ministre cible une grande partie de l’oligarchie russe, comme Kirill Shamalov, millionnaire russe, gendre de Vladimir Poutine et directeur du géant pétrochimique Sibur, ou encore Denis Bortnikov, vice-président de VTB banque.

Signe de l’élan collectif dans l’imposition de sanctions, la Lituanie a fait le choix de sanctions individuelles visant les personnalités responsables de l’agression. L’Australie et le Japon ont également suivi le mouvement, ce dernier ayant imposé des sanctions sur le contrôle des exportations de semi-conducteurs vers la Russie et gelé des actifs de personnalités russes.

Quelle portée pour ces sanctions ?

L’ensemble de ces sanctions ont déjà eu un impact visible sur l’économie russe, contribuant à son isolement. Le 24 février, la valeur du rouble a fortement baissé face au dollar, atteignant ainsi son niveau le plus faible historiquement. Autres indicateurs du coup porté à Moscou : le marché boursier russe a connu un effondrement, perdant un tiers de sa valeur, et les taux d’emprunt russe ont augmenté de 50 %. Les sanctions d’ordre économique, bien que causant des dommages immédiats à l’économie russe devraient pouvoir être dépassées sur le long terme. En revanche, les restrictions concernant les importations technologiques pourraient paralyser de nombreuses industries russes stratégiques de premier plan. Les analystes soulignent la possibilité pour certaines sanctions économiques d’avoir des effets pouvant être ressentis plus tardivement, se traduisant par une hausse de l’inflation et des taux d’intérêts, mais également par une diminution du pouvoir d’achat, des investissements et de la croissance nationale.

Limites

Bien que perceptible, l’impact des sanctions des alliés pourrait demeurer limité pour une grande diversité de raisons, réduisant ainsi les moyens de pression sur Vladimir Poutine. Les sanctions économiques, déjà imposées à la Russie lors du conflit de 2014, n’avaient pas provoqué un recul de Moscou sur le plan militaire malgré l’affaiblissement de son économie. Suite à cet épisode, le gouvernement russe a adopté des politiques fiscales visant à protéger davantage l’économie nationale des sanctions occidentales. Nombreux sont les observateurs insistant sur l’impact limité des sanctions économiques, peu susceptibles de provoquer un effondrement macroéconomique en Russie. Le pays serait doté d’importants fonds souverains, de réserves de devises s’élevant à 631 milliards de dollars, et aurait une dette extérieure bien plus basse qu’en 2014, permettant ainsi à Vladimir Poutine d’atténuer les effets des sanctions. À cela s’ajoute un facteur psychologique, puisque certains analystes décrivent la « mentalité du bunker » dans laquelle se serait enfermé le président russe et les hauts fonctionnaires qui l’entourent, consistant à poursuivre, quoi qu’il en coûte, leur objectifs militaires, sans considérer l’enjeu des pénalités venant de l’extérieur.

Témoignages

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Des initiatives critiquées pour ne pas aller au bout de leur logique

Face à la violence des attaques russes, de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer des sanctions encore trop timides, soutenant que seule une contre-offensive économique massive serait susceptible d’impacter efficacement Moscou. Certains affirmant que la destruction de la stabilité macroéconomique de la Russie passerait par l’imposition d’un embargo de type similaire à celui imposé aux Iraniens, chose à laquelle les États-Unis s’opposent totalement. Les discussions entre alliés ont évoqué l’exclusion de la Russie du système de paiement mondial Swift, dont les conséquences en termes d’isolement économique pourraient être dramatiques. Les experts économiques évaluent une perte de 1 % du PIB russe avec le lot de sanctions actuel. Cette part pourrait, selon eux, s’élever à 5 % avec la seule exclusion de la Russie de ce système de paiements.

Enjeu énergétique

Les alliés semblent ne pas pouvoir jouer toutes leurs cartes du fait de l’interconnexion des relations et des enjeux. Si la logique première voudrait voir l’imposition massive de sanctions visant les exportations énergétiques russes, premier pilier de l’économie du pays, les conséquences pour les Occidentaux pourraient être considérables. Les retombées des sanctions sur le gaz et le pétrole russes seraient une augmentation des prix de ces deux matières premières dont les Occidentaux dépendent fortement. Les Européens et notamment l’Allemagne, premier consommateur de gaz et de pétrole russes, ont une dépendance énergétique importante à l’égard de la Russie.

Cette relation explique la réticence des Occidentaux à sanctionner la Russie sur ce terrain. Mardi 22 février, le prix du baril de pétrole brut américain avait bondi de 1,8 %, illustrant les conséquences dramatiques que pourrait avoir la hausse des prix de ces matières premières sur la vie des citoyens occidentaux, peu enclins à accepter la justification géopolitique de ce sacrifice. Le choix de la nature des sanctions par les États s’explique par une volonté de maximiser l’effet des sanctions sur les responsables russes et d’en minimiser les effets sur leurs citoyens respectifs.

Les principaux artisans des sanctions contre la RussieSuite à la reconnaissance par Vladimir Poutine de l’indépendance des républiques séparatistes à l’est de l’Ukraine et au lancement de l’invasion du pays dans la nuit du 23 au 24 février, un grand nombre d’États ont réagi à cette agression via l’imposition de sanctions contre la Russie. Cette décision résulte...

commentaires (2)

"les alliés entendent limiter les capacités russes d’utiliser le yen, l’euro ou le dollar..." Oups! Opportunité perdue! A cause du communiqué du ministre des affaires foreignères, Père de l'amant, la livre libanaise a sûrement loupé l'occasion de remplacer ces devises...

Wlek Sanferlou

14 h 39, le 27 février 2022

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Commentaires (2)

  • "les alliés entendent limiter les capacités russes d’utiliser le yen, l’euro ou le dollar..." Oups! Opportunité perdue! A cause du communiqué du ministre des affaires foreignères, Père de l'amant, la livre libanaise a sûrement loupé l'occasion de remplacer ces devises...

    Wlek Sanferlou

    14 h 39, le 27 février 2022

  • SLEEPING JO ET STOLTENBURG SON HOMME QUI ONT FERME TOUS LES CANAUX DE DIALOGUE A LA FACE DE POUTINE ET CEUX QUI PROPULSERENT AU POUVOIR LE CLOWN DE CARRIERE A KIEV QUI NE RESPECTE PAS LES ACCORDS DE MINSK SIGNES PAR L,UKRAINE SONT LES RESPONSABLES DE CE QUI ARRIVE. - POUR QUI SONT LES ARMES ATOMIQUES INSTALLEES DANS LES PAYS DU NORD ET DE L,EST EUROPEENS AUX FRONTIERES DE LA RUSSIE ? POUR L,IRAN COMME IL EN FUT DECLARE ? POUTINE AVAIT RI LORSQU,UN JOURNALISTE OCCIDENTAL LE LUI AVAIT DIT. QUIM ONT DEMEMBRE LA YOUGOSLAVIE ET EN A CREE DES ETATS FANTOCHES DE SES REGIONS AU NOM DE LA DEMOCRATIE ? CEUX-LA SONT LES VRAIS RESPONSABLES QU,IL FAUT JUGER. ET JE PASSE SUR LEURS INTERVENTIONS QUI ONT FAIT DES MILLIERS DE MORTS ET DE DESTRUCTIONS ET FONT ENCORE DANS LE MONDE. TOUT AU NOM DE LA LIBERTE ET DE LA DEMOCRATIE. L,UKRAINE EST UNE TERRE RUSSE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 23, le 25 février 2022

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