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Politique - Guerre en Ukraine

La position du Liban officiel critiquée sur la scène locale, le ministre des AE se défend

Gebran Bassil dément tout marché autour d'une éventuelle levée des sanctions américaines qui le visent.

La position du Liban officiel critiquée sur la scène locale, le ministre des AE se défend

Le chef de la diplomatie libanaise, Abdallah Bou Habib. Photo d'archives Evgenia Novozhenina/AFP pool

La position officielle du Liban, qui a condamné jeudi "l'invasion militaire russe" de l'Ukraine lancée hier matin, était sous le feu des critiques localement vendredi. Mais le chef de la diplomatie, Abdallah Bou Habib, a défendu la position de son ministère.

 "Le Liban condamne fermement l’invasion du territoire ukrainien et appelle la Russie à arrêter immédiatement ses opérations militaires, à retirer ses forces et à recourir au dialogue et aux négociations (...)", avait affirmé jeudi le ministère libanais des Affaires étrangères dans un communiqué officiel, estimant que "c’est le moyen idéal pour résoudre le conflit en cours de manière à préserver la souveraineté, la sécurité (...) des deux parties".

"La neutralité et l'appel à la résolution pacifique du conflit par le dialogue n'étaient-ils pas plus bénéfiques pour le Liban que le parti pris ?", s'est interrogé vendredi le ministre de l’Information p.i. et de l’Education, Abbas Halabi, réputé proche du leader druze Walid Joumblatt, connu lui-même pour sa proximité de Moscou. "Il semble que l’histoire se répète avec de nouveaux acteurs, mais dans des circonstances similaires, avait observé M. Joumblatt. "Les pays sont gouvernés par des individus et tout comportement non calculé ou irresponsable peut exposer l’humanité entière à la disparition", avait-il ajouté. "Je comprends bien les enjeux géostratégiques de ce qui se déroule entre la Russie et l’Ukraine. Si l’Ukraine adhérait à l’OTAN, l’Alliance atlantique se retrouverait aux portes de la Russie. En même temps, l’Europe craint une Russie trop puissante. Mais ce conflit doit impérativement être réglé par la diplomatie", avait-il souligné à L'Orient-Le Jour. 

"Tirez sur moi"
A son tour, le chef du Parti démocratique libanais Talal Arslane, principal rival de M. Joumblatt sur la scène druze, a critiqué vendredi le communiqué du Palais Bustros. Ce texte "n'exprime pas la position du Liban, fier de ses relations historiques avec la Russie", a écrit sur son compte Twitter M. Arslane, proche du Hezbollah et du régime syrien allié du président russe Vladimir Poutine. "Quand nous refusons l'ingérence dans nos affaires intérieures en y voyant une atteinte à la souveraineté du pays, nous ne devons pas intervenir dans les affaires d'autres pays", a-t-il ajouté. "Il vaudrait mieux nous concentrer sur nos propres crises afin de les résoudre", a encore écrit M. Arslane.

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Le ministre du Travail, Moustapha Bayram, proche du Hezbollah, a lui aussi critiqué le communiqué des Affaires étrangères, lors du Conseil des ministres qui s'est tenu au palais présidentiel de Baabda vendredi. Il a estimé que le "document enfreint le principe de neutralité prôné par le gouvernement", et dénoncé le fait qu'il "n'y ait pas eu de discussions à ce sujet".

"Tirez sur moi uniquement, lorsqu'il s'agit du communiqué officiel du ministère. Je suis équipé d'un gilet-pare-balles", a alors réagi le ministre des Affaires étrangères, dans une volonté de tenir à l'écart le chef de l'Etat, Michel Aoun, dont il est proche.

Pour sa part, l'ambassade de Russie à Beyrouth a estimé en fin d'après-midi que la position officielle libanaise "enfreint la politique de distanciation", alors que Moscou n'a pas "épargné ses efforts pour contribuer au redressement et à la stabilité du Liban".

Plus tôt en journée, le chef de la diplomatie libanaise avait reçu les ambassadeurs de France et d'Allemagne à Beyrouth, Anne Grillo et Andreas Kindl, qui l'ont "remercié pour le communiqué du ministère des Affaires étrangères", espérant que le Liban maintienne cette position", rapporte l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Les deux diplomates ont souhaité que le Liban adopte le projet de résolution en gestation concernant la guerre en Ukraine, qui sera présenté au Conseil de sécurité des Nations unies, en vue de son vote à l'Assemblée générale. Mais M. Bou Habib leur a expliqué que le Liban va s'abstenir d'adopter le projet de résolution en question. "La position à prendre concernant le vote à l'Assemblée générale sera par contre étudiée en concertation avec les pays arabes", a-t-il souligné. "La position officielle du Liban n'est pas dirigée contre la Russie ou tout autre pays ami. Il s'agit d'une position de principe (...) émanant de l'attachement du Liban au droit international", a fait valoir M. Bou Habib.

Bassil se défend
Dans certains milieux, on affirme que la position officielle libanaise exprimée par M. Bou Habib, proche du camp politique du président de la République, Michel Aoun, s'inscrit dans une volonté du chef de l'Etat de tendre une perche à Washington, en espérant que les Etats-Unis lèveront les sanctions qui frappent le gendre de M. Aoun, le chef du Courant patriotique libre (CPL) et député Gebran Bassil. Mais ce dernier a démenti vendredi ces allégations. "Si je cherchais à conclure un deal sur les sanctions, je l'aurai fait avant que celles-ci ne me soient imposées, et pas après", a écrit M. Bassil sur Twitter. "Je ne suis ni bête ni un agent comme vous", a-t-il conclu, dans un message qu'il a signé de ses initiales en s'adressant à ses détracteurs sans les nommer.
En soirée, la chaîne LBC a rapporté que M. Bassil s'est entretenu au téléphone avec l'ambassadeur russe à Beyrouth et lui a affirmé que le CPL "n'a rien à voir avec le communiqué du Palais Bustros" et que la formation respecte le principe de distanciation vis-à-vis des conflits de la région et dans le monde.

Enfin, les ambassadeurs des pays du G7 et de l'UE en poste au Liban, notamment la cheffe de la mission diplomatique américaine à Beyrouth, Dorothy Shea, et l'ambassadrice de France, Anne Grillo, se sont rendus auprès de l'ambassadeur d'Ukraine afin d'exprimer leur solidarité avec Kiev.


La position officielle du Liban, qui a condamné jeudi "l'invasion militaire russe" de l'Ukraine lancée hier matin, était sous le feu des critiques localement vendredi. Mais le chef de la diplomatie, Abdallah Bou Habib, a défendu la position de son ministère. "Le Liban condamne fermement l’invasion du territoire ukrainien et appelle la Russie à arrêter immédiatement ses opérations...
commentaires (7)

Le Liban est-il encore un pays ou un agrégat de turlupinés débiles qui braient chacun devant son fût de fumier ?

Citoyen Lambda

19 h 32, le 27 février 2022

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Commentaires (7)

  • Le Liban est-il encore un pays ou un agrégat de turlupinés débiles qui braient chacun devant son fût de fumier ?

    Citoyen Lambda

    19 h 32, le 27 février 2022

  • J'aime bien les pots de fleurs, quelle classe.

    Christine KHALIL

    22 h 16, le 25 février 2022

  • Les boucs émissaires du Mal, unissent leurs voix pour prendre le parti de l'agression contre un pays démocratique.

    Esber

    20 h 03, le 25 février 2022

  • Quand un pays est divisé tout se confond et les responsables ne savent plus prendre des décisions fermes pour satisfaire nos divers chefs de tribus .

    Antoine Sabbagha

    19 h 42, le 25 février 2022

  • QU,EST-CE QU,ILS NE FONT BEAU-PERE ET GENDRE POUR ESSAYER DE LEVER LES SANCTIONS QUI FRAPPENT LE BACILLE. AU LIEU DE SE TAIRE ILS ONT CHANTE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 27, le 25 février 2022

  • Tout ce gouvernement de pacotille ne represente pas le Liban M Arslan, ni le ministre des AE, ni son maitre, ni les votres...!

    LeRougeEtLeNoir

    17 h 56, le 25 février 2022

  • Les relations obscures financières notamment, entre Joumblat et Arslan avec le pouvoir tyrannique de Poutine, sont bien connus. Quant au Hezbollah, la Russie de Poutine étant le premier soutien de l'Iran dont il depend, ses critiques ne nous étonnent pas. A son tour, la Ligue Arabe doit maintenant se prononcer et condamner la Russie pour son agression.

    Tony BASSILA

    17 h 09, le 25 février 2022

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