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Campus - TÉMOIGNAGES

La crise assombrit la vie amoureuse des jeunes Libanais

Cours à distance, vie universitaire restreinte, mesures sanitaires et difficultés financières sont autant de facteurs qui empêchent certains jeunes de s’engager pleinement dans une relation amoureuse.

La crise assombrit la vie amoureuse des jeunes Libanais

Depuis le début de la crise sanitaire du Covid-19, la vie sentimentale des jeunes est beaucoup moins riche qu’avant. Depuis presque deux ans, les occasions de rencontrer l’amour se raréfient, au quotidien, en raison des mesures sanitaires liées à la pandémie mais également à cause de la crise économique qui prive les étudiants de leurs loisirs et des nombreuses sorties qu’ils avaient l’habitude de faire. Cours en ligne, vie restreinte sur les campus, port du masque et manque d’autonomie financière sont autant de facteurs qui empêchent la nouvelle génération de faire des rencontres intéressantes, de séduire autrui et de s’engager pleinement dans une relation amoureuse.

Impact des crises sanitaire et socio-économique

Nombreux sont les jeunes qui estiment que la pandémie a eu un impact négatif sur leur vie sociale, allant même jusqu’à modifier leur trajectoire amoureuse. Élias Khoury, en 1re année de gestion à l’Université libanaise (UL), raconte avoir commencé à échanger sur les réseaux sociaux, il y a quelques mois, avec une jeune fille intéressante. « J’ai eu, par la suite, l’occasion de la rencontrer trois fois et, bien que nous ayons plusieurs points communs, j’ai laissé tomber car, n’étant pas vaccinée, cette lycéenne décline souvent mes invitations à sortir de peur d’attraper le Covid. Je ne souhaite pas me contenter d’une relation virtuelle, ce n’est pas sain », regrette le jeune homme. Tatiana Zgheib, elle, est en 3e année de comptabilité à l’Université Sainte-Famille (USF), campus de Batroun. Sa vie sociale a été chamboulée par la crise sanitaire. « La peur de ce virus m’a empêchée de sortir comme je le faisais avant et, à cause de cela, je n’ai pas pu rencontrer de nouvelles personnes et, surtout, tomber amoureuse d’un jeune homme avec qui traverser ces moments difficiles », confie-t-elle. Tenter de nouer d’abord des liens sur les réseaux sociaux n’est pas non plus, pour Tatiana, la meilleure façon de connaître quelqu’un. Rebecca Rahbani, également en 3e année de comptabilité à l’USF, acquiesce : « Derrière les écrans, les jeunes ne sont pas toujours honnêtes et authentiques. Je préfère poursuivre les sorties entre amis en vue de faire de nouvelles rencontres. » Tatiana et Rebecca remarquent qu’il y a de plus en plus de célibataires dans leur entourage. Selon elles, en raison de la gravité de la crise économique, les jeunes Libanais, qui ont du mal à envisager sereinement leur avenir, ne souhaitent pas s’engager dans des relations sérieuses. « Il me semble que la pandémie n’empêche pas nécessairement les jeunes de sortir, et les rencontres ont toujours lieu. Ce qui, de mon point de vue, complique les relations amoureuses, c’est la crise économique. Quand on aime quelqu’un, on souhaite l’inviter à sortir, lui offrir des cadeaux, et ce n’est pas évident quand, financièrement, on ne peut pas assumer cela. Du coup, on n’est pas vraiment à l’aise car on a peur de décevoir la personne pour laquelle nous avons un coup de cœur », observe à son tour Hussein Chamouni, célibataire, en 1re année de biochimie à l’Université Saint-Joseph.

Assumer son célibat sans pression

Certains, à l’instar de Léa Aoudé, ne se focalisent pas sur le célibat, estimant que se sentir heureux au quotidien n’est pas forcément lié au fait d’avoir trouvé l’âme sœur. L’étudiante inscrite en master de biomarketing à l’USJ raconte : « Je consacre beaucoup de mon temps libre à étudier et à développer mes compétences personnelles et professionnelles. Je trouve qu’il faut apprendre d’abord à s’aimer et à faire un travail sur soi en vue de s’épanouir pleinement avant de chercher à plaire à quelqu’un. » La jeune femme préfère être seule plutôt que mal accompagnée, jusqu’à ce que la vie mette sur son chemin un jeune homme loyal qui cherche à s’investir vraiment dans une relation, plutôt qu’à lutter contre la solitude. Mauricio Salamé, en 2e année de journalisme à l’Université libanaise, ne se met pas non plus la pression. « Pour le moment, souligne-t-il, je préfère rester célibataire et prendre le temps de trouver une personne avec laquelle j’ai vraiment des affinités et auprès de laquelle une relation à long terme pourrait être construite. » L’étudiant, qui regrette que sa vie sociale soit moins riche qu’avant, rappelle qu’il est difficile, au début de la vingtaine, de penser au mariage et aux responsabilités que cela implique. « J’ai la conviction que les jeunes ont besoin d’avoir de l’expérience et de gagner en maturité avant de s’engager dans une relation sérieuse, pour pouvoir apprendre de leurs erreurs et permettre à leur couple de faire face aux difficultés du quotidien. »

Être heureux simplement

En dépit de ce contexte de crises socio-économique et sanitaire, certains étudiants ont vu leur relation amoureuse grandir et mûrir, et ce malgré l’incertitude quant à leur avenir au pays du Cèdre. C’est le cas de Saydé Eid Ghanem, jeune étudiante en 2e année de droit à l’UL, mariée depuis trois ans ; ce qui est rarement le cas pour les étudiants au premier cycle. « La pandémie m’a rapprochée de mon partenaire. Comme d’autres couples, notre situation financière n’est pas au beau fixe, mais nous nous soutenons au quotidien et nous partageons les responsabilités pour tenir une maison », confie-t-elle, avant d’ajouter : « Mon mari est mon support et c’est grâce à lui que je poursuis mes études. » Insistant sur l’importance des efforts déployés au quotidien en partageant les bons et les mauvais moments, elle poursuit : « Un couple uni et complice peut sublimer un quotidien tout à fait ordinaire. Pour être heureux, il n’est pas important de s’offrir des cadeaux et d’aller au restaurant. Nous pouvons tout simplement apprécier un dîner romantique préparé, à la maison, avec beaucoup d’amour. »

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Même discours du côté de Nour Ghadban, en 3e année de chimie à l’UL. « Pour préserver son histoire d’amour, il faut savoir faire preuve de maturité et d’honnêteté et apprendre à partager les dépenses », explique-t-elle, remarquant que, dans un couple, c’est l’homme qui semble le plus affecté lorsqu’il a des difficultés financières, et que cela peut le déprimer et même l’éloigner de celle qu’il aime. « Je conseille aux jeunes en couple de tenter de faire face aux problèmes à deux, en instaurant un dialogue et en se rappelant que l’argent n’est pas ce qu’il y a de plus important dans une histoire d’amour. » Apprendre à dépasser les épreuves se révèle plus facile à deux, lorsque l’on peut compter l’un sur l’autre. C’est ce que de nombreux jeunes couples ont pu expérimenter au cours de ces deux dernières années.

Depuis le début de la crise sanitaire du Covid-19, la vie sentimentale des jeunes est beaucoup moins riche qu’avant. Depuis presque deux ans, les occasions de rencontrer l’amour se raréfient, au quotidien, en raison des mesures sanitaires liées à la pandémie mais également à cause de la crise économique qui prive les étudiants de leurs loisirs et des nombreuses sorties qu’ils...

commentaires (1)

Quelle belle jeunesse, quel trésor précieux !

Nicolas ZAHAR

13 h 23, le 17 février 2022

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Commentaires (1)

  • Quelle belle jeunesse, quel trésor précieux !

    Nicolas ZAHAR

    13 h 23, le 17 février 2022

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