
Le patriarche maronite Béchara Raï. Photo d'archives ANI
Le patriarche maronite Béchara Raï a pris dimanche la défense du gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé, mais sans le nommer, et a critiqué implicitement le chef de l’État Michel Aoun, qui tient le patron de la Banque centrale pour responsable de la crise actuelle. Cette prise de position de la part du cardinal intervient après une virulente charge menée dernièrement par le président de la République contre M. Salamé, qu'il a qualifié de "manipulateur". Visé par plusieurs enquêtes au Liban et en Europe, le gouverneur se défend des accusations selon lesquelles il serait l'un des responsables de la grave crise économique et financière que le pays traverse depuis 2019.
"Certains juges perdent leur indépendance et sont soumis au pouvoir politique sans se rendre compte de la dangerosité que cela implique sur l'intérêt du Liban", a affirmé Mgr Raï, lors de son homélie dominicale à Bkerké. Des propos qui sonnent comme une critique à l'égard de la procureure générale près la cour d'appel du Mont-Liban, Ghada Aoun, réputée proche du président de la République, et qui a récemment assigné à comparaître en justice le gouverneur de la Banque du Liban, après lui avoir interdit de voyager et de disposer de ses biens mobiliers et immobiliers.
Couvrir les vrais corrompus
Le patriarche a toujours défendu Riad Salamé, un maronite, depuis qu'il est sous le feu des critiques, principalement par le président Aoun et son camp, qui lui font assumer la responsabilité de la crise actuelle.
"Nous réclamons que tous les corrompus soient jugés et non qu'une seule personne soit visée pour assumer toutes les conséquences de la crise et les échecs des 30 dernières années", a encore souligné Mgr Raï. "Cette manière de faire est la meilleure façon de couvrir les vrais corrompus pour leur éviter d'être jugés. C'est aussi le chemin le plus court pour miner ce qui reste du secteur bancaire libanais et exposer certains établissements à la faillite tout en compromettant l'argent des déposants. Il faut faire attention à un plan qui viserait à poursuivre l'effondrement en cours", a estimé le patriarche. "Le pays a besoin de calme et de stabilité. Cessez les rancunes et l'arbitraire ! Halte aux atteintes aux institutions publiques, les unes après les autres, dans le cadre d'un plan putschiste qui vise à faire tomber la Constitution, le Pacte national et les coutumes au sein de l’État", a plaidé le prélat. "Cessez de porter atteinte à la réputation du Liban et à ses finances, ainsi qu'à celle de la Banque centrale, l'armée et la justice. Ces trois corps constituent la stabilité, la sécurité et la justice", a-t-il conclu.
Dans un pays en plein effondrement économique, où 74% de la population vit sous le seuil de pauvreté, selon l'ONU, et alors que la livre libanaise a perdu 90% de sa valeur face au dollar, une large frange de la population, ainsi que plusieurs forces politiques, estiment que le gouverneur de la BDL est l'un des responsables de cette situation. Mais Riad Salamé ne cesse de se défendre contre ses détracteurs et continue de bénéficier de soutiens au sein de la classe politique libanaise, mais aussi parmi les puissances étrangères.
Safieddine appelle à des solutions "libanaises"
Pour sa part, le président du Conseil exécutif du Hezbollah, Hachem Safieddine, a critiqué dimanche la volonté des autorités d'avoir recours aux instances financières internationales pour sortir de la crise actuelle, alors que Beyrouth cherche à signer un accord avec le Fonds monétaire international (FMI) pour obtenir son aide.
"Pourquoi certains au Liban nous appellent encore à adopter les politiques du passé, alors que tous les Libanais sont d'accord que ces politiques monétaires et économiques erronées ont mené le pays au fond du gouffre ?", s'est interrogé le cheikh Safieddine, mais sans nommer explicitement ceux qu'il vise, lors d'un discours prononcé dans le cadre d'un événement partisan au Liban-sud. Le responsable au sein du parti chiite a ensuite réclamé "un vrai changement réaliste" et plaidé pour que "les solutions économiques et sociales proviennent d'abord des Libanais". "Les programmes de réforme doivent être le fruit de la pensée libanaise, et l'argent que nous assurerons doit être le fruit du génie libanais", a exhorté Hachem Safieddine.
Le patriarche maronite Béchara Raï a pris dimanche la défense du gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé, mais sans le nommer, et a critiqué implicitement le chef de l’État Michel Aoun, qui tient le patron de la Banque centrale pour responsable de la crise actuelle. Cette prise de position de la part du cardinal intervient après une virulente charge menée dernièrement par le...
commentaires (20)
Tous les escrocs ont peur de Riad Salamé….
Eleni Caridopoulou
19 h 03, le 07 février 2022