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Nos Lecteurs ont la Parole

Les pensées d’un étudiant en France

Bonjour Monsieur l’Avenir.

Tu me connais déjà, c’est Joni. Je suis finalement un ingénieur, un peu par obligation, mais par choix aussi. Je reste une personne affligée par ton passé, perdue dans ton présent et connaissant ma place entre tes futures mains. C’est bizarre dit comme ça, je sais, ça ne va pas être simple de te confronter, mais me voilà en train de dire les choses comme elles le sont. Tu connais très bien mon passé, je n’en ai pas honte, après tout je suis fier d’être né et d’avoir grandi à Beyrouth. 18 ans avec ton passé, j’ai été témoin d’innombrables guerres et d’escarmouches, 18 ans pendant lesquels j’ai eu la trouille, mais je n’ai jamais succombé à tes intentions malveillantes, je ne me suis jamais mêlé aux conflits des pouvoirs, même si ça a été tentant à l’adolescence de croire dans des idéologies obsolètes et encombrantes. En grandissant, ma mère a fait de son mieux pour me protéger de ce qui se passait. Une manette dans les mains et le son de la télé au maximum cachaient les avions israéliens bombardant les quartiers de mes proches. Et me voilà 18 ans plus tard, le bac dans les mains et une décision de ma mère de m’expédier en France.

Cinq ans après mon arrivée en France, ton présent me perturbe, je suis enfin ingénieur, mais pourquoi je ne ressens rien ? Je devrais être fier, ou au moins enthousiaste, que les années où je me cachais dans les couloirs de ma maison, à l’écart des tirs aléatoires, soient maintenant derrière moi. J’ai rendu ma mère fière, je suis devenu ingénieur avec les meilleurs stages, je lui ai montré que je pouvais me débrouiller « en exil ». Je ne ressens rien puisque je ne fais pas cela pour mon présent, je le fais pour toi, monsieur l’Avenir. Tu m’offriras la sécurité, le confort. Certes, je ne serai pas heureux, mais je m’adapterai. Une insécurité perpétuelle remplie de bonheur au Liban ou une vie stable en exil ? La réponse est malheureusement claire.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

Bonjour Monsieur l’Avenir.Tu me connais déjà, c’est Joni. Je suis finalement un ingénieur, un peu par obligation, mais par choix aussi. Je reste une personne affligée par ton passé, perdue dans ton présent et connaissant ma place entre tes futures mains. C’est bizarre dit comme ça, je sais, ça ne va pas être simple de te confronter, mais me voilà en train de dire les choses comme elles le sont. Tu connais très bien mon passé, je n’en ai pas honte, après tout je suis fier d’être né et d’avoir grandi à Beyrouth. 18 ans avec ton passé, j’ai été témoin d’innombrables guerres et d’escarmouches, 18 ans pendant lesquels j’ai eu la trouille, mais je n’ai jamais succombé à tes intentions malveillantes, je ne me suis jamais mêlé aux conflits des pouvoirs, même si ça a été tentant à l’adolescence...
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