La Chine avait terminé en 2008 au sommet du tableau des médailles lors de « ses » Jeux olympiques d’été, mais elle ne rééditera pas cet exploit à l’issue des Jeux olympiques d’hiver 2022 de Pékin (4-20 février), loin de là, le pays restant une nation mineure des sports d’hiver.
Depuis sa première participation aux Jeux olympiques d’hiver, en 1980 à Lake Placid (États-Unis), la Chine n’a remporté « que » 62 médailles, dont 13 en or, bien loin de ses résultats astronomiques aux Jeux olympiques d’été (634 médailles, dont 262 en or). Avec une délégation sans précédent de 171 sportifs, le pays organisateur peut espérer battre son record hivernal datant de 2010 avec 11 podiums, dont cinq titres olympiques. D’autant que le pouvoir chinois, qui souhaite développer un lucratif secteur des sports d’hiver et initier 300 millions de Chinois à la neige et à la glace, a mis des moyens à la disposition des différentes équipes en lice. L’objectif était d’avoir au moins un représentant chinois dans la quasi-totalité des 109 épreuves au programme de la quinzaine de Pékin, soit près du double du nombre auquel le pays avait participé en 2018, avec un bilan final de neuf médailles, dont une seule en or. Remporter des titres reste cependant une autre paire de manches, prévient le fournisseur de données sportives Gracenote, qui table pour la Chine sur 11 médailles, dont six en or, loin des 45 de la Norvège (22 en or).
La Chine a encore des « faiblesses et des désavantages évidents », a admis un responsable de l’organisation des Jeux d’hiver, Ni Huizhong. Dans certaines disciplines, le pays est confronté à une « grosse crise », avait-il expliqué l’an dernier, cité par l’agence de presse Chine nouvelle. En raison d’un « niveau sportif insuffisant », la Fédération internationale de hockey sur glace a ainsi un temps menacé d’exclure le pays hôte, automatiquement qualifié, du tournoi masculin avant de finalement se raviser. Pour être présente dans toutes les disciplines, même celles où elle n’avait aucun résultat ni même d’équipe, la Chine a eu recours au système D : ainsi, pour le saut à ski, un groupe de jeunes, dont un ancien gymnaste, a été envoyé en Norvège en 2018 pour suivre une formation accélérée.
« La » star et la glace
La Chine a toutefois dans ses rangs celle qui pourrait être « la » star de ces Jeux olympiques d’hiver 2022 : Eileen Gu, qui représentera à 18 ans le pays de sa mère plutôt que les États-Unis paternels et qui peut remporter trois titres en ski freestyle (half-pipe, slopestyle, big air). C’est sur la glace que la délégation chinoise est la plus redoutable : avec son couple Sui Wenjing et Han Cong en patinage artistique, avec son équipe de short-track, discipline qui a engrangé 33 des 62 médailles olympiques chinoises, ou encore avec son quatuor féminin en curling.
Mais les médailles ne sont pas le seul objectif des dirigeants chinois. En 2008, les Jeux olympiques d’été avaient été pour la Chine « l’occasion de montrer au monde son développement économique fulgurant », rappelle Jung Woo Lee, chercheur en sports et politique à l’Université d’Édimbourg (Écosse). Quatorze ans plus tard, le géant asiatique entend « mettre sur le devant de la scène son héritage culturel et son avancée technologique », estime le chercheur. Et M. Lee de relever que du fait d’infrastructures sportives coûteuses et très techniques, peu de pays peuvent se targuer d’organiser des Jeux olympiques d’hiver : « Ces Jeux à Pékin montrent symboliquement que la Chine n’est plus à la traîne des démocraties occidentales. »
Jing Xuan TENG/AFP
commentaires (0)
Commenter