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Lifestyle - Disparition

Thierry Mugler, metteur en scène-couturier pour qui la mode était un show

Le grand styliste de la pop culture est décédé à 73 ans de « mort naturelle ».

Thierry Mugler, metteur en scène-couturier pour qui la mode était un show

Thierry Mugler embrassé par une mannequin, le 12 octobre 2000, à l’issue du défilé de sa collection de prêt-à-porter printemps/été 2001 à Paris. Pierre Verdy/AFP

Le créateur français Thierry Mugler, qui avait régné sur la mode des années 1980 et continuait de ravir des stars internationales avec ses tenues spectaculaires aux silhouettes marquées, est décédé dimanche à 73 ans de « mort naturelle », a annoncé hier lundi son attaché de presse. « Nous avons l’immense tristesse de vous faire part du décès de monsieur Manfred Thierry Mugler survenu dimanche 23 janvier 2022, est-il également écrit dans un communiqué publié sur le compte Facebook officiel du créateur. Que son âme repose en paix. » Selon son attaché de presse Jean-Baptiste Rougeot, la mort du grand couturier, qui se faisait désormais appeler Manfred Thierry Mugler, est survenue de façon inattendue dimanche après-midi. Il avait encore des projets et devait annoncer de nouvelles collaborations en début de semaine, a-t-il indiqué.

Thierry Mugler était un metteur en scène dans l’âme, aussi célèbre pour sa couture qui a transformé les femmes en créatures fantasmagoriques que pour ses défilés aux allures de superproductions, car pour lui la mode était un show. « J’ai toujours pensé que la mode ne se suffisait pas à elle-même et qu’il fallait la montrer dans son environnement musical et théâtral », a souvent raconté le grand couturier, ancien danseur.

Né à Strasbourg en décembre 1948, Mugler est engagé à 14 ans dans le corps de ballet de l’opéra du Rhin avant de suivre des cours à l’École des arts décoratifs de la capitale alsacienne. Il crée déjà ses propres vêtements à partir de ceux achetés dans les marchés aux puces. À 20 ans, il gagne Paris à la recherche d’un engagement dans un autre corps de ballet. Il aura plus de succès avec sa garde-robe personnelle. Thierry Mugler devient très vite styliste free-lance et travaille pour différentes maisons à Paris, Londres et Milan.

L’exposition « Thierry Mugler, Couturissime » au musée des beaux-arts de Montréal, en 2019. Martin Ouellet-Diotte/AFP

Outrage à la pudeur

En 1973, il franchit le pas et crée sa propre griffe, Café de Paris, avant de fonder un an plus tard sa maison, Thierry Mugler, et d’imposer son élégance structurée et sophistiquée, une mode qui exacerbe les formes des femmes : des épaules accentuées par des rembourrages, des décolletés plongeants, des tailles étranglées et des hanches rebondies. Objet de fantasmes, la « femme Mugler » est un outrage à la pudeur, une sirène galactique, un robot cybernétique, un animal fantastique...

Mugler a le spectacle dans le sang : pour le dixième anniversaire de sa maison, en 1984, il organise la première présentation de mode publique en Europe, au Zénith de Paris, devant 6 000 personnes, comme un concert de rock. Le défilé était placé sous le signe du liturgique, du divin et du mysticisme. Comme d’habitude, il contrôle tout, des accessoires à la bande-son. « Ma mesure, c’est la démesure », disait-il.

Thierry Mugler, qui a lancé en 1978 une collection pour hommes, bénéficiera d’un formidable coup de publicité grâce au ministre français de la Culture Jack Lang dont le costume à col Mao, signé du créateur, provoquera en 1985 un scandale sur les bancs de l’Assemblée nationale française. L’autre grande réussite de la maison Mugler est sans conteste le lancement en 1992 du premier parfum féminin, Angel, en collaboration avec Clarins. Angel disputera la première place des ventes au mythique N° 5 de Chanel.

Après avoir quitté la mode en 2002, le couturier a poussé l’art de la métamorphose jusqu’à devenir méconnaissable, corps et visage, en ayant recours au bodybuilding intensif et à la chirurgie esthétique, tout en s’engageant dans la méditation et le yoga. « La première urgence était de me réapproprier mon corps, éreinté par mes années de danse et de couture, comme une renaissance, une façon d’effacer le passé », a expliqué le couturier, revendiquant « (sa) nouvelle maison corporelle » et exigeant qu’on l’appelle désormais « Manfred T. Mugler ».

En 2013 et 2014, il a créé des spectacles musicaux à Paris et Berlin, dont Mugler Follies pour « bousculer » l’art de la revue à grand renfort de transformistes et créatures ambiguës, dans un étonnant « hommage à toutes les beautés ». Danseuses singulières (de la filiforme au modèle Botero), ventriloques, cantatrice, chanteuse de fado, acrobates, numéros de force inédits : cela faisait « longtemps » qu’il voulait monter une revue, « un art libre, de joie de vivre et d’échange, sans message, où tout est possible », avait-il confié à l’époque. « La mode ne me manque pas vraiment », expliquait-il alors.

Une grande exposition intitulée Thierry Mugler, couturissime, conçue en 2019 par le musée des beaux-arts de Montréal, lui est actuellement consacrée au musée des arts décoratifs à Paris. Elle avait été lancée fin septembre dernier, au moment où la Fashion Week renouait avec les défilés après avoir été confinée pendant la pandémie de coronavirus. Un symbole pour celui qui fut le pionnier du défilé-spectacle.

Et, encore aujourd’hui, des icônes de la pop culture actuelle comme Lady Gaga, Beyoncé, Cardi B ou encore Kim Kardashian arborent toujours ses tenues d’archives pour les grandes occasions. Ainsi, pour l’inauguration de l’exposition Thierry Mugler, couturissime à Paris, la rappeuse américaine Cardi B avait posé à ses côtés vêtue d’une spectaculaire robe à paillettes rouge, surmontée de plumes. Parmi les dernières photos sur son compte Facebook, on pouvait voir Kim Kardashian en tenue et chapeau de cow-boy métallisés, conçus pour elle par le créateur pour Halloween.

Hier lundi, après l’annonce du décès du grand couturier, les premiers hommages sont arrivés des États-Unis. La chanteuse Diana Ross a partagé sur Twitter une photo avec le créateur français lors d’un de ses défilés à Paris en 1990, avec ces mots : « Vous allez me manquer, Thierry Mugler, c’était un moment merveilleux dans nos vies. » La chanteuse Beyoncé a écrit sur son site officiel : « Repose en paix, Thierry Mugler », avec une photo en noir et blanc d’un Thierry Mugler souriant. Et les réactions en France ne se sont pas fait attendre non plus. « Vous avez changé notre perception de la beauté. (...) Votre héritage est quelque chose que je porte avec moi dans tout ce que je fais », a écrit sur Instagram le directeur artistique de Mugler, l’Américain Casey Cadwallader. « Je retiens de Thierry cette force de casser les murs entre les disciplines : la mode avec une dimension cinématographique, le spectacle », a confié le créateur français Jean-Charles de Castelbajac. « Merci pour l’incandescence, le panache, la joie, le grandiose », a réagi la ministre française de la Culture Roselyne Bachelot, tandis que son prédécesseur Jack Lang déclarait en se disant « stupéfait » : « Thierry Mugler était un ami inestimable. »

Source : AFP

Le créateur français Thierry Mugler, qui avait régné sur la mode des années 1980 et continuait de ravir des stars internationales avec ses tenues spectaculaires aux silhouettes marquées, est décédé dimanche à 73 ans de « mort naturelle », a annoncé hier lundi son attaché de presse. « Nous avons l’immense tristesse de vous faire part du décès de monsieur Manfred...

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