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Nos Lecteurs ont la Parole

Ce pays qui ne vous quitte pas !

Ils sont revenus des quatre coins du monde, nos enfants, impatients de s’imprégner de nouveau des habitudes et des bruits de leur ville. Ils attendaient ce moment et comptaient les jours malgré la morosité du pays, la tristesse des lieux, la décadence de notre vie. « Plus que six semaines avant Noël, et l’on sera de nouveau au Liban », nous disaient-ils comptant les jours avant ce moment fatidique !

Car ce qui leur manquait le plus ? C’est cette chaleur humaine qu’ils ne retrouvaient pas dans ces pays ultracivilisés qui les ont accueillis. Ils avaient besoin de sentir l’odeur de la maison, de ces plats chauds et ces gâteaux qui les attendaient à leur retour de l’école ou du travail. Ils avaient besoin d’entendre à nouveau le « to’borné » de leur téta, les « hamdellah 3al salémé » de la vieille voisine assise à la fenêtre de l’immeuble d’en face, parler avec Abou Tony, le boutiquier du coin, ces personnes qui les ont vus grandir.

Et ils sont revenus par milliers, ramenant dans leurs valises des médicaments, des habits, mais aussi leur jeunesse, leur fraîcheur et leur envie de vivre. Ils ont remis de la gaieté dans notre quotidien si morose et ont fait revivre nos maisons avec ces rires oubliés. Et l’on a revu nos jeunes vibrer, danser dans les rues sombres de la ville, comme si les douloureux moments du passé n’avaient pas existé et que le futur leur appartenait. Et Beyrouth redéployait sa joie de vivre, cette joie qui attirait et subjuguait tant de monde.

L’espace de quelques semaines, nous avons oublié l’enfer dans lequel nos dirigeants nous ont plongés, oublié notre rage, notre colère, cette envie de les tuer tous, ceux qui nous ont volé les meilleurs moments de nos vies, qui nous ont dépouillés et réduit à la mendicité et nous ont privés surtout de nos enfants, car dans leur pays l’avenir leur a été volé. Nous avons ravalé notre rage, appris à sourire de nouveau, camouflant notre désespoir pour leur offrir ces instants qui leur manquent tant.

Et trois semaines plus tard, ils sont repartis la mort dans l’âme, emportant avec eux l’odeur du thym, de la man’ouché du matin, de cette tendresse retrouvée. Ils sont retournés dans ces pays ultracivilisés, où le respect de l’homme prime avant tout, où ils ne mendieront pas leurs droits les plus élémentaires. Ils iront se replonger dans ces pays où ils possèdent tout, mais manquent de l’essentiel : cette chaleur humaine unique au monde, que seul ce pays sait leur offrir.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris. 

Ils sont revenus des quatre coins du monde, nos enfants, impatients de s’imprégner de nouveau des habitudes et des bruits de leur ville. Ils attendaient ce moment et comptaient les jours malgré la morosité du pays, la tristesse des lieux, la décadence de notre vie. « Plus que six semaines avant Noël, et l’on sera de nouveau au Liban », nous disaient-ils comptant les jours...

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