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Politique - Crise au Liban

Raï critique une "reprise conditionnelle" des réunions du Conseil des ministres

"Gare à un report des élections parlementaires et présidentielle", prévient le patriarche maronite.

Raï critique une

Le patriarche maronite Béchara Raï (c), célébrant la messe de dimanche, le 16 janvier 2022 à Bkerké. Photo ANI

Le patriarche maronite Béchara Raï a critiqué dimanche une nouvelle fois le Hezbollah et son allié le mouvement Amal, dénonçant une "reprise conditionnelle" des réunions du Conseil des ministres, au lendemain de la décision du tandem chiite de cesser son boycott du gouvernement, mais uniquement pour une réunion consacrée au budget de 2022 et au plan de redressement économique du Liban. Le cardinal a ainsi appelé à des réunions "permanentes" du cabinet du Premier ministre Nagib Mikati, paralysé depuis le 12 octobre dernier en raison d'une profonde crise politique autour de l'enquête sur l'explosion meurtrière du 4 août 2020 au port de Beyrouth.

Dans un communiqué conjoint, les partis dirigés par Hassan Nasrallah et Nabih Berry ont fait part samedi soir de leur volonté de revenir à la table du Conseil des ministres, refusant d'être "injustement accusées de blocage". Ils ont toutefois conditionné la participation de leurs ministres aux réunions uniquement consacrées à l'approbation du projet de budget de l'État et aux discussions du plan de redressement économique. Ce plan et la loi des finances pour l'exercice 2022 font partie des prérequis pour un accord avec le Fonds monétaire international, afin d'aider le pays à sortir de la crise. Des discussions avec une délégation du FMI doivent d'ailleurs avoir lieu à partir de demain à Beyrouth.

"Plus d'excuses"

Réagissant à l'annonce du tandem chiite, le chef du gouvernement a salué le communiqué conjoint des deux formations qui répond "aux appels lancés afin que tout le monde assume ses responsabilités nationales, notamment au vu de la situation critique que traverse le pays". Reste donc à savoir quand le projet de budget sera envoyé au gouvernement par le ministre des Finances Youssef Khalil, proche d'Amal, et quand aura donc lieu la prochaine réunion du cabinet.

"La priorité aujourd'hui est aux réunions du Conseil des ministres. Ceux qui sont responsables du blocage n'ont plus d'excuses", a estimé le chef de l’Église maronite, dans une critique claire adressée au Hezbollah et à Amal. Il a ensuite dénoncé dans son homélie dominicale ce qu'il a qualifié de "reprise conditionnelle des réunions du Conseil des ministres, malheureusement axées uniquement sur le budget et la relance économique". "Nous espérons que cela pavera la voie à des réunions permanentes et sans conditions", a souligné Mgr Raï. 

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Le gouvernement de Nagib Mikati, formé le 10 septembre, ne s'est plus réuni depuis le 12 octobre, en raison de dissensions entre les différentes forces politiques concernant l'enquête sur la double explosion au port de Beyrouth. Le Hezbollah réclamait en effet la mise à l'écart du juge Tarek Bitar, avant de mettre un terme au boycott que lui et son allié Amal imposent au cabinet à travers les ministres qui leur sont affiliés. Le président de la République Michel Aoun, qui achève sa dernière année de mandat sur un bilan catastrophique, avait réclamé à maintes reprises la reprise des réunions du gouvernement. Le Premier ministre s'était toutefois montré réticent à convoquer son équipe, craignant que l'opposition du tandem chiite à ces réunions ne provoque la chute de son cabinet. Début janvier, il avait conditionné la convocation du gouvernement à la présentation du budget 2022. Samedi, Gebran Bassil, chef du Courant patriotique libre (CPL, aouniste) avait dénoncé une nouvelle fois le blocage du cabinet et menacé de demander à la Chambre un vote pour retirer la confiance parlementaire à l'équipe de Nagib Mikati.

Côté chiite, le député Hassan Fadlallah, membre du Hezbollah, a réitéré dimanche le refus de voir son parti accusé de blocage. Il a affirmé que le retour au Conseil des ministres était "en faveur du pays et de la population". Même son de cloche du côté député Kassem Hachem, proche de Nabih Berry, qui a expliqué que cette décision était motivée par "l'attachement du binôme aux intérêts du Liban et des Libanais". Il a toutefois rappelé, dans des propos à la chaîne LBCI, que la participation au séances du gouvernement était "limitée au dossier du budget".

Non au report des élections

Sur un autre plan, le patriarche Raï a mis en garde contre une report des élections législatives et présidentielle, prévues respectivement en mai et octobre prochains. "Il y a un besoin urgent d'organiser les législatives en mai prochain, pour qu'une nouvelle élite nationale et consciencieuse voit le jour", a estimé le cardinal. "De la sorte, le nouveau Parlement sera capable de paver la voie à un gouvernement équilibré (...)", a-t-il ajouté. "Après cela, nous attendrons la présidentielle d'octobre pour qu'elle constitue la planche de salut du Liban et de sa population (...). Pour cela, nous appelons toutes les forces politiques à faire primer l'intérêt national supérieur et qu'elles prennent part aux élections, avec l'intention du changement et non de l'élimination", a plaidé Mgr Raï. "Gare à un blocage des législatives et de la présidentielle dans des objectifs suspects. On ne peut pas trouver de prétextes pour reporter les élections ou les annuler. Se serait une atteinte flagrante à la Constitution", a mis en garde le patriarche.

Le patriarche maronite Béchara Raï a critiqué dimanche une nouvelle fois le Hezbollah et son allié le mouvement Amal, dénonçant une "reprise conditionnelle" des réunions du Conseil des ministres, au lendemain de la décision du tandem chiite de cesser son boycott du gouvernement, mais uniquement pour une réunion consacrée au budget de 2022 et au plan de redressement économique du Liban....

commentaires (4)

Votre éminence vous pensez que les élections vont changer quelque chose? ??

Eleni Caridopoulou

01 h 02, le 17 janvier 2022

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Commentaires (4)

  • Votre éminence vous pensez que les élections vont changer quelque chose? ??

    Eleni Caridopoulou

    01 h 02, le 17 janvier 2022

  • En vrai, chaque partie s'attache à une nation qui n'a jamais existé. Chaque partie s'attache à son Liban à elle. Le déchirement continue de plein fouet. La culture est le seul constructeur d'une nation. Dans ces Libans les religions et les confessions sont des cultures pour les âmes. Ces cultures ont apporté en permanence la guerre et la haine au Liban et sur toute la terre. Il est profondément triste que les spectacles de chaque responsable continuent et que le spectateurs continuent à quitter le Liban pour immigrer là où il y a une lampe qui s'allume pour eux. L'histoire va noter que vous êtes tous la honte de la culture.

    Jean bader

    22 h 38, le 16 janvier 2022

  • REUNIONS CONDITIONNEES C,EST TOUJOURS DU BLOCAGE PAR LES MILICES DE MERCENAIRES CHIITES ASSUJETTIS A L,IRAN..

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 33, le 16 janvier 2022

  • Ce gouvernement de pacotile devrait être mobilisé 24h sur 24. Avec des réunions quasi quotidiennes. Un suivi rigoureux. Les directions générales des ministères devraient être aussi mobilisées pour remonter AU QUOTIDIEN au gouvernement les dispositions décidées sur tous les plans. C'est une GUERRE livrée contre la crise économique pour sauver ce qui reste du pays. Lorsqu'on est en guerre, on est mobilisé au quotidien. On ne va pas en guerre "1 fois par semaine" et encore. On se réunit 24h sur 24. Bon sang... Vous avez perdu trop de temps... Il n'y a plus rien à sauver, nous le savons cependant essayez de faire quelque chose pour sauver au moins une table ou un lampadaire. Cessez de penser à récupérer "des sièges".....

    LE FRANCOPHONE

    15 h 16, le 16 janvier 2022

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