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Économie - Initiative

FabricAID, une entreprise sociale libanaise qui séduit les investisseurs

L’entreprise sociale compte utiliser les nouveaux fonds récoltés, soit 1,6 million de dollars, pour élargir son impact social et réduire le gaspillage des vêtements.

FabricAID, une entreprise sociale libanaise qui séduit les investisseurs

FabricAID, une entreprise sociale libanaise basée à Beyrouth, lève 1,6 million de dollars d’investissements. Photo DR

FabricAID, une entreprise sociale libanaise qui collecte, trie et revend des vêtements d’occasion, a annoncé en début de semaine avoir réussi à lever 1,6 million de dollars en investissement d’amorçage (Seed funding, en anglais), une étape qui s’inscrit parmi les phases initiales du processus de financement d’entreprises et de start-up dans l’objectif de les aider à croître.

Cette enveloppe, l’une des plus importantes levées par une entreprise sociale dans la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) à ce niveau d’amorçage, selon FabricAID, a principalement été récoltée auprès des fonds d’investissement Wamda et AlFanar, à hauteur de 500 000 et 100 000 dollars respectivement, et de plusieurs investisseurs providentiels (« angel investors »), pour une valorisation de l’entreprise s’élevant à 5 millions de dollars.

Avant ce round, FabricAID avait déjà réussi à lever 500 000 dollars en phase initiale de pre-Seed (conclue fin 2019), portant le total des fonds levés depuis son lancement en 2017 à 2,1 millions de dollars.

400 000 vêtements récupérés

Basée à Beyrouth, cette entreprise sociale possède aujourd’hui plus de 200 points de ramassage répartis entre Tripoli (Liban-Nord) et Saïda (Liban-Sud), dont 50 bennes en plastique recyclé, fabriquées par la société Cedar Environmental, chacune à partir d’environ 33 000 sacs-poubelle en plastique. C’est via ces bennes que FabricAID récupère les vêtements qui seront ensuite triés et lavés avant d’être revendus dans ses boutiques.

Pour ce faire, FabricAID a un réseau de huit magasins, divisés en trois marques. Quatre sous l’enseigne Souk el-Khlanj (où 78 % des vêtements collectés sont vendus) qui s’adresse aux populations les plus défavorisées. Les vêtements y sont vendus entre 2 000 et 10 000 livres libanaises la pièce. Une sous l’enseigne Second Base (où 6 % des vêtements récoltés sont vendus) où les pièces vintage assez uniques sont commercialisées à 250 000 livres en moyenne. Et trois sous l’enseigne Souk Okaz, qui cible plutôt ce qui était connu, avant la crise à laquelle fait face le pays depuis plus de deux ans, comme étant la classe moyenne. On peut y vendre des vêtements et en acheter d’autres d’occasion, pour un prix représentant à peine 15 % de leur valeur initiale.

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Outre ces trois marques,FabricAID opère aussi FabricBASE, un atelier qui s’occupe de recycler les vêtements endommagés, non commercialisables en l’état. Y passeront 16 % des habits récupérés afin d’être transformés en collections de designers, en taies d’oreillers, en sacs fourre-tout, voire en rembourrages d’oreillers.

Parallèlement à son volet libanais, cette entreprise sociale détient aussi trois boutiques en Jordanie où elle dispose d’une cinquantaine de bennes pour la récupération de vêtements d’occasion. En raison des conséquences de la crise économique au Liban, qui a anéanti le pouvoir d’achat de la population, et parce que le concept plaît en Jordanie, les ventes de FabricAID ont été multipliées par cinq au cours de 2021.

Selon son dernier bilan, cette société revendique avoir récupéré près de 400 000 vêtements depuis son lancement, dont 310 000 ont trouvé nouvel acquéreur auprès d’environ 70 000 personnes. Or selon les chiffres qu’elle avance, il existerait « plus de 77 millions de résidents dans les pays arabes qui n’auraient pas les moyens de s’offrir de nouveaux vêtements ». Des personnes à qui FabricAID veut venir en aide.

« Cette nouvelle levée de fonds sera investie de sorte à élargir notre présence au Liban et en Jordanie et à nous implanter en Égypte », indique à L’Orient-Le Jour Omar Itani, cofondateur et directeur général de FabricAID, qui estime que le marché des vêtements d’occasion est très prometteur dans la région.

Employant en tout près d’une centaine de personnes aujourd’hui, l’entreprise compte doubler son effectif d’ici à la fin de cette année, tout en ouvrant 26 boutiques supplémentaires : 12 au Liban, 8 en Jordanie et 6 en Égypte, précise-t-il. En parallèle, l’équipe développe une plateforme électronique pour pouvoir vendre et exporter vers les pays arabes dans lesquels elle n’est toujours pas implantée, un projet à long terme qui ciblera d’abord les pays du Golfe.

Le numérique, le luxe

Parallèlement, et dans l’objectif de réduire le gaspillage à tous les niveaux, FabricAID travaille actuellement à reproduire ce même modèle d’économie circulaire au niveau du segment des produits de luxe. C’est dans ce cadre qu’elle veut ouvrir une série de boutiques sous la marque Purpose. « La première enseigne devrait voir le jour en Jordanie durant les prochains mois, alors qu’une seconde, aux Émirats arabes unis, est prévue avant la fin de l’année », indique le directeur général.

Pour mémoire

FabricAid : une autre conception du recyclage de vêtements usagés

Ayant découvert le concept d’entrepreneuriat social alors qu’il était élève en classe de première, Omar Itani a finalement dû patienter plusieurs années avant de se lancer dans ce qu’il considère aujourd’hui comme étant sa vocation. Suite à une compétition scolaire, « j’ai tout de suite compris que cela me correspondait, mais mes parents ne voulaient pas en entendre parler. J’ai donc rejoint l’Université arabe de Beyrouth (BAU) », indiquait-il lors d’un entretien avec Le Commerce du Levant en juillet 2020. Alors qu’il a entamé des études en génie industriel, il tombe par hasard sur une vidéo qui circulait sur les réseaux sociaux, décrivant la vie d’une famille dans un camp de réfugiés en plein hiver. Le jeune homme est indigné. « Je me suis rendu compte qu’il y avait près de 2,5 millions de personnes au Liban incapables de s’habiller correctement, tandis que des tonnes de vêtements sont jetées faute d’une structure qui redistribue le bon habit à la bonne personne ! » s’exclamait-il ainsi dans les pages du magazine économique. Il décide alors d’arrêter ses études et de fonder FabricAID.

Près de quatre ans plus tard, et outre le franc succès que connaît aujourd’hui cette dernière, Omar Itani se montre aussi très fier d’avoir pu prouver qu’une « entreprise sociale peut, en même temps, avoir un impact social considérable, générer des profits – bien que cela ne soit pas son objectif principal – et attirer des investisseurs afin de lever des capitaux pour lui donner plus de moyens afin d’élargir son impact social ».

FabricAID, une entreprise sociale libanaise qui collecte, trie et revend des vêtements d’occasion, a annoncé en début de semaine avoir réussi à lever 1,6 million de dollars en investissement d’amorçage (Seed funding, en anglais), une étape qui s’inscrit parmi les phases initiales du processus de financement d’entreprises et de start-up dans l’objectif de les aider à croître....

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