L'ex-Premier ministre et chef du courant du Futur, Saad Hariri, a informé vendredi le président libanais, Michel Aoun, qu'il ne participera pas au dialogue national auquel celui-ci a appelé fin décembre, estimant qu'une telle initiative devrait être prise après les élections législatives, prévues en mai 2022.
Selon des informations rapportées par son bureau de presse, M. Hariri a contacté M. Aoun à la suite d'un appel téléphonique de Baabda à la Maison du Centre, résidence du leader sunnite à Beyrouth, au sujet du dialogue national. "M. Hariri a informé le chef de l'Etat qu'il ne participera pas à un tel dialogue, dans la mesure où celui-ci devrait se tenir après les législatives", a indiqué le bureau.
Une source proche de Baabda confie à L'Orient-Le Jour que le président Aoun est entré en contact par téléphone avec tous les chefs des groupes parlementaires, dans la mesure où ils seront conviés au dialogue. M. Aoun devrait tenir des réunions bilatérales avec ces personnalités, afin de discuter de l'ordre du jour du dialogue et de sa date, ajoute-t-on de même source. La première de ces réunions bilatérales a eu lieu entre M. Aoun et le Premier ministre, Nagib Mikati, qui s'est rendu vendredi après-midi à Baabda. A l'issue de la rencontre, le chef du gouvernement a fait savoir qu'il a exprimé devant le chef de l'Etat son avis quant à l'appel au dialogue lancé fin décembre. Mais M. Mikati s'est abstenu de se prononcer à ce sujet publiquement.
Seul Saad Hariri a tranché la question de sa non-participation. Les rapports entre la présidence et le camp haririen sont rompus depuis juillet dernier, lorsque M. Hariri s'était récusé après avoir échoué à former un nouveau gouvernement. Depuis, il s'est retiré de la scène publique, et des spéculations vont bon train autour d'un possible boycottage du scrutin de mai prochain par le courant du Futur. L'appel entre le chef de l'Etat et M. Hariri constitue donc une première prise de contact directe depuis des mois.
Dans un message adressé à la nation le 27 décembre dernier, et dans un contexte politique tendu marqué par une paralysie gouvernementale qui dure depuis octobre 2021, M. Aoun avait appelé à un dialogue national urgent qui discuterait de dossiers épineux tels que la stratégie de défense, à savoir les armes du Hezbollah, une question sensible pour son allié chiite. Selon M. Aoun, le dialogue devrait également examiner le plan de redressement économique d'un pays en pleine crise, et la décentralisation administrative et financière élargie. Ce dernier volet a suscité une polémique dans les milieux du mouvement Amal du chef du Parlement, Nabih Berry.
Sans surprise, le Courant patriotique libre (CPL) fondé par M. Aoun a réagi favorablement à l'initiative du chef de l'Etat, et le Hezbollah s'y est montré ouvert, malgré les critiques acerbes du chef du CPL, Gebran Bassil, à l'égard du parti chiite. Quant aux autres protagonistes, notamment les Forces libanaises de Samir Geagea, ils ne soutiennent pas une telle démarche, y voyant un moyen pour M. Aoun de renflouer son mandat qui s'achève dans quelques mois, soit en octobre 2022, sur un bilan désastreux.
commentaires (13)
Éviter un piège ou tout simplement une déception n'est pas du boycottage mais plutôt une réaction logique. Non?
Wlek Sanferlou
23 h 32, le 07 janvier 2022