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Politique - Crise politique

Mikati annonce un déblocage... qui n’en a pas l’air

Depuis Baabda, le Premier ministre a promis l’ouverture imminente d’une session parlementaire extraordinaire et la convocation du gouvernement « d’ici à deux jours ».

Mikati annonce un déblocage... qui n’en a pas l’air

Le président Michel Aoun recevant le Premier ministre Nagib Mikati hier à Baabda. Photo Dalati et Nohra.

Il s’agirait plus d’une déclaration d’intention que d’un véritable « deal » conclu à la libanaise. Et comme le dit bien l’adage, l’enfer est pavé de bonnes intentions. En prêcheur d’optimisme, le Premier ministre Nagib Mikati est sorti hier d’une réunion « fructueuse » avec le président Michel Aoun pour annoncer une entente portant sur l’ouverture d’une session extraordinaire du Parlement et la convocation d’un Conseil des ministres « dès réception du projet de budget 2022 dans les deux prochains jours ». « Nous nous sommes mis d’accord sur la signature d’un décret pour l’ouverture d’une session extraordinaire du Parlement, qui commencera immédiatement et durera jusqu’au début de la session ordinaire », le 21 mars 2022, a déclaré Nagib Mikati. Il a ajouté avoir informé le chef de l’État que le projet de budget national pour l’exercice 2022 était désormais prêt « et qu’il le réceptionnera dans les deux prochains jours ». « Dès que cela sera le cas, il faudra que le Conseil des ministres se réunisse pour l’approuver, car il s’agit d’une condition essentielle posée par le Fonds monétaire international » pour avaliser un programme d’aide, a-t-il annoncé. « Nous convoquerons donc une réunion du gouvernement dès réception du budget, afin de l’étudier et de l’envoyer au Parlement » pour adoption, a encore déclaré le président du Conseil, dont le gouvernement ne s’est plus réuni depuis le 12 octobre, sur fond de dissensions concernant le sort du juge Tarek Bitar, chargé de l’instruction sur la double explosion au port de Beyrouth. MM. Aoun et Mikati auraient appelé, lors de leur entretien, le chef du Parlement, Nabih Berry, afin de discuter avec lui de ces dossiers.

No deal

Tous les ingrédients semblaient ainsi réunis pour espérer un déblocage, avec la nouvelle année entamée, de la crise politique qui pèse de plus en plus lourd sur la vie quotidienne des Libanais dans un pays en butte à un effondrement économique violent. Mais avant de se laisser aller à croire réellement à un deal conclu après plusieurs tentatives avortées, il faut sonder l’atmosphère du côté du tandem Amal-Hezbollah. Ce sont en effet les ministres chiites qui, pour protester contre l’enquête « politisée » du juge Bitar, refusent de participer à toute réunion gouvernementale qui serait convoquée par M. Mikati, tant qu’aucune décision n’est prise pour écarter le magistrat, au moins du volet politique de l’affaire. Et c’est en réponse à ce blocage nuisible aux derniers mois de son sexennat que le président Aoun refusait jusque-là de signer le décret d’ouverture d’une session extraordinaire de la Chambre. En effet, un Parlement en session assure l’immunité constitutionnelle aux députés incriminés dans l’enquête du port et l’impossibilité pour le juge d’instruction de les poursuivre ou que des mandats d’arrêt lancés à leur encontre soient exécutés. Et c’est en guise de pression que les députés berryistes, rejoints par certains de leurs collègues du courant du Futur de l’ex-Premier ministre Saad Hariri et du Parti socialiste progressiste du leader druze Walid Joumblatt, ont lancé une pétition il y a deux jours, dont la signature par la majorité absolue des députés (65) pouvait contraindre M. Aoun à ouvrir une telle session.

L'éditorial de Issa GORAIEB

Usés jusqu’à la corde... à linge

Est-il possible, dans ce contexte, de se permettre de croire à une réelle percée ? Selon notre chroniqueur politique Mounir Rabih, jusqu’à présent, on ne peut pas encore vraiment parler d’un accord entre les parties ou d’un « deal » sur ces différentes questions, surtout au vu de l’escalade des tensions entre les forces en présence, notamment le Courant patriotique libre et le mouvement Amal. Selon lui, le tandem chiite est toujours déterminé à camper sur ses positions concernant le boycott de toute réunion du gouvernement tant qu’aucune solution n’a été trouvée concernant le juge Bitar. Des sources au sein du Hezbollah ont ainsi démenti l’existence de tout « accord » concernant le cabinet. Toujours selon notre chroniqueur, un des scénarios envisagés serait celui d’une signature du décret de la session extraordinaire par le président Aoun, suivie d’une convocation d’un Conseil des ministres auquel ne participeraient toutefois pas les ministres chiites, ce qui pousserait Nagib Mikati à lever la réunion avant même qu’elle ne commence. Selon une source bien informée, les annonces de Nagib Mikati ne sont qu’une tentative de rassurer les Libanais, alors que la monnaie nationale est en chute libre sur le marché parallèle.

L’opposition de Berry « porte atteinte » au pays

Avant la réunion avec le Premier ministre, ce sont d’ailleurs des propos moins conciliants et certainement moins optimistes du président Aoun qui ont été rapportés dans la presse. Dans un entretien au quotidien arabophone Nida’ el-Watan, le chef de l’État exprimait sa grande inquiétude concernant le blocage politique. « Ce blocage est une grave erreur qu’aucune partie n’a le droit de commettre. » Et d’accuser « les ministres relevant de Nabih Berry de refuser de participer » à toute réunion gouvernementale à laquelle convierait le président du Conseil. « Depuis que j’ai accédé à la présidence, Berry a déclaré qu’il se poserait en opposant du mandat », a-t-il souligné, estimant que cette opposition « porte atteinte au pays et a provoqué le blocage de plusieurs lois » présentées par le groupe aouniste au Parlement.

Au sujet de la discorde, chronique et récemment renouvelée, entre le CPL et le mouvement Amal, le chef de l’État a affirmé que le « dialogue » pourrait permettre de résoudre cette situation. « Il faut apaiser l’atmosphère sur la scène intérieure pour motiver les pays étrangers à nous aider », a-t-il déclaré. Il a, dans ce cadre, salué la position du président de la Chambre qui s’était dit lundi en faveur d’un tel dialogue « bien que son entourage reste hésitant », et a accusé les forces politiques refusant un tel appel de chercher à « fuir leurs responsabilités ».

M. Aoun avait appelé au dialogue dans un discours prononcé la semaine dernière, dans lequel il avait précisé que la question de la stratégie de défense, et donc de l’intégration à celle-ci des armes du Hezbollah, devait être abordée.

Il s’agirait plus d’une déclaration d’intention que d’un véritable « deal » conclu à la libanaise. Et comme le dit bien l’adage, l’enfer est pavé de bonnes intentions. En prêcheur d’optimisme, le Premier ministre Nagib Mikati est sorti hier d’une réunion « fructueuse » avec le président Michel Aoun pour annoncer une entente portant sur l’ouverture...

commentaires (5)

Et les qui-de-droit(???) continueront de revendiquer leur immunité jusqu'au printemps ...

Remy Martin

18 h 50, le 06 janvier 2022

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Commentaires (5)

  • Et les qui-de-droit(???) continueront de revendiquer leur immunité jusqu'au printemps ...

    Remy Martin

    18 h 50, le 06 janvier 2022

  • COQ SANS BAYDAT NE PEUT PAS CHANTER.

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 59, le 06 janvier 2022

  • Aoun et son gendron persisteront dans leurs manigances avec ces loubards jusqu’à obtenir le mot magique qui serait un oui pour le fauteuil offert au dauphin mal né. Ils ne reculeront devant rien quitte à réduire en cendre le pays et son peuple.

    Sissi zayyat

    11 h 42, le 06 janvier 2022

  • LES OEUFS DANS LA COUVEUSE SONT POURRIS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 12, le 06 janvier 2022

  • Langue de bois, trop peu, trop tard, jérémiades et accusations tardives Mr le Président…compromission de longue date avec le tandem chiite alors qu’il était évident que leur instinct de survie et intérêt communautaire ne leur permettra jamais de vous laisser faire à votre guise… un vase cassé qu’on essaye de recoller à la perfection va demeurer toujours un vase cassé… on dit que ce sont toujours les gens arrogants et têtus qui ne changent jamais d’avis et qui persistent dans l’erreur même au prix de leur destruction et celui du pays…Peut-on encore rêver qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire?

    Saliba Nouhad

    03 h 04, le 06 janvier 2022

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