Farès Souhaid lancera lundi « le Conseil national contre l’occupation iranienne »

Farès Souhaid n’en démord pas. Malgré la plainte en justice déposée contre lui par le Hezbollah, le président du Rassemblement de Saydet el-Jabal, farouche opposant au parti chiite, se dit déterminé à lutter contre « l’occupation iranienne du Liban » pour le sortir de l’impasse politique et de la crise économique dont il souffre à l’heure actuelle. C’est pour poursuivre cette lutte qu’il compte lancer, lundi 10 janvier, avec plusieurs journalistes, intellectuels et personnalités politiques, « le Conseil national pour mettre fin à l’occupation iranienne ». Ce mouvement regroupera « des hommes et des femmes dont la priorité est la lutte contre l’hégémonie de l’Iran », pour reprendre les termes de M. Souhaid, sollicité par L’Orient-Le Jour. Il s’agira bien entendu de figures du rassemblement de Saydet el-Jabal, telles que Ahmad Fatfat, ex-député haririen de Denniyé, notre confrère Élie Hajj, ex-journaliste au quotidien an-Nahar, et Toufic Gaspard, économiste, ou encore Mona Fayad, professeure universitaire hostile au Hezbollah, ainsi que plusieurs autres figures indépendantes.

Pour ce qui est du timing, l’ancien député de Jbeil explique que l’initiative est une réaction au « constat d’échec de la République libanaise ». « On a toujours essayé de lier le marasme actuel à des slogans tels que la corruption ou la mauvaise gouvernance, alors que le véritable problème est ailleurs, estime M. Souhaid. Aujourd’hui, de plus en plus de Libanais sont convaincus que le problème réside dans la mainmise de Téhéran sur le pays. » Il donne en exemple le blocage des réunions du gouvernement, le piétinement des négociations avec le Fonds monétaire international, le monopole de la décision de paix et de guerre... Cette situation a motivé une action collective en vue de « sortir le Liban du joug de l’Iran », affirme-t-il. « Nous avons donc décidé, avec un groupe de journalistes et activistes politiques, de fonder ce Conseil national », dit-il, insistant sur le fait que cette démarche vise principalement à « recentrer le débat politique et redéfinir les priorités, la première étant de faire face à la présence de la République islamique au Liban ». La lutte de ce Conseil sera axée sur l’appel au « respect de la légitimité libanaise, représentée par la Constitution et l’accord de Taëf; de la légitimité arabe, illustrée par les résolutions de la Ligue arabe ; et de la légitimité internationale à travers l’application des résolutions du Conseil de sécurité », affirme M. Souhaid.

Aucun lien avec les législatives

Cette initiative intervient à quelques mois des législatives prévues en mai 2022. Un scrutin dans le cadre duquel M. Souhaid pourrait affronter le Hezbollah, comme ce fut le cas par le passé quand les deux camps se sont disputé le siège chiite du caza de Jbeil. Pour le moment, Farès Souhaid n’a pas encore tranché la question de sa candidature. Ce dont il est, par contre, sûr, c’est que le Conseil national ne servira pas de tremplin pour une bataille électorale lors des législatives. « Nous sommes convaincus que le changement ne peut s’opérer à travers les élections, au moment où le rapport de force est déséquilibré en faveur du Hezbollah », estime Farès Souhaid dans une claire allusion à l’arsenal du parti chiite, qui « monopolise, avec le mouvement Amal, la représentation de la communauté chiite », décrypte-t-il. Il souligne également « l’absence d’un leadership sunnite », à l’ombre des spéculations autour d’un probable boycottage du scrutin par le leader du courant du Futur, Saad Hariri. « Dans de telles circonstances, un changement placé uniquement sous le signe de la lutte contre la corruption ne sera qu’une victoire fracassante pour le Hezbollah », affirme Farès Souhaid.