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Culture - FESTIVAL

Djeddah a fait son cinéma... en beauté

La première édition du Festival du film international de Red Sea a finalement eu lieu à Djeddah en présentiel et avec faste. Le producteur libanais Antoine Khalifé qui en est le directeur de la programmation des films arabes et classiques dresse pour « L’OLJ » le bilan de cette « formidable expérience ».

Djeddah a fait son cinéma... en beauté

Antoine Khalifé avec l’actrice tunisienne Hend Sabri sur le tapis rouge du festival Red Sea. En médaillon, les affiches des films libanais présentés au festival saoudien. Photo DR

Antoine Khalifé, quelles sont exactement vos responsabilités dans ce Festival du film international de Red Sea, qui a eu lieu du 6 au 14 décembre à Djeddah ?

Je suis directeur de la programmation des films arabes et classiques pour ce festival et je travaille entouré d’une équipe de programmateurs saoudiens que j’ai formés au cours de l’année. J’ai aussi engagé Badih Massaad de MC Distribution qui a contribué à la programmation des courts métrages arabes. Le choix des films, je l’ai commencé bien en amont, précisément depuis le Festival de Berlin dans le cadre duquel j’avais vu Memory Box (des réalisateurs libanais Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, NDLR) car je voulais garantir une belle et forte sélection. Pendant huit mois, j’ai contacté des producteurs et des distributeurs pour sécuriser cela.

Quel est l’objectif principal de ce festival et estimez-vous l’avoir atteint ?

Le festival se concentre principalement sur les nouvelles tendances de la narration, ainsi que sur les talents émergents d’Arabie saoudite, du monde arabe et du reste des pays du Sud.

Le but principal est d’aider les talents saoudiens par le biais du laboratoire de films qui précède la date du festival et par le biais des fonds que nous récoltons pour développer les films saoudiens, longs et courts métrages. De plus, certaines aides financières contribueront plus tard au financement du cinéma africain et asiatique. Si la compétition ne concerne que les films arabes et venus d’Asie et d’Afrique, il est certain que c’est le cinéma saoudien qui est au centre du festival.

Comment Djeddah a-t-elle perçu l’événement ? La ville a-t-elle pris conscience de l’importance de ce festival ?

Comme j’ai souvent été sur scène pour modérer un entretien ou présenter un film, les gens ont commencé à me connaître. Ils m’ont accosté dans la rue pour me remercier pour tout ce que nous étions en train de faire pour la ville. D’ailleurs, dans les salles, il y avait affluence et l’on rencontrait beaucoup de Saoudiennes montrant beaucoup d’intérêt pour les films et posant des questions fines. La réaction du public a été exceptionnelle, ce qui fait chaud au cœur. Au final, ce festival a eu des avantages énormes. S’il a, d’une part, fait connaître le cinéma aux Saoudiens, il a d’autre part révélé le vrai visage de ce peuple bon, intéressant et curieux, qui gagne à être connu de près.

Y avait-il des critères spécifiques pour le choix d’un film ? Ou même des interdits ?

Nous n’avons subi aucune contrainte pour le choix des films. C’était à nous de juger si le sujet d’une œuvre était délicat ou sensible. Tous les films ont été projetés dans leur intégralité et n’ont fait l’objet d’aucune censure. C’est un point dont nous sommes très fiers dans le festival.

Comment, selon vous, se porte l’industrie du cinéma arabe avec cette situation sanitaire en dents de scie ?

Malgré tout, on peut dire que le cinéma arabe jouit d’une très bonne vitalité. Je ne sais pas s’il s’agit d’un hasard, mais nombre de films présentés parlaient d’identité et de mémoire. À mon avis les réalisateurs en confinement ont profité de cette introspection pour se pencher sur ces problèmes-là.

Ce festival a eu lieu alors que les rapports étaient tendus entre l’Arabie saoudite et le Liban. Avez-vous encouru certaines difficultés en tant qu’organisateurs ?

Ce n’étaient pas à proprement dit des difficultés mais des surprises et des contraintes. La principale contrainte était que nous traitions avec la construction d’un chantier. Il fallait reconstruire tout le lieu : les salles, les bureaux… dans la vieille ville de Djeddah (al-Balad) et nous nous demandions si nous allions terminer à temps. C’était donc un problème d’infrastructure. À Djeddah, personne ne savait exactement ce qu’était un festival de cinéma et ce qui avait été construit l’an dernier pour le festival – qui n’a pas eu lieu à cause de la pandémie – avait été détruit. La construction finalement réalisée a vocation à être permanente. Il s’agit d’un auditorium, de cinq salles de cinéma, de bureaux, ainsi que de lieux pour la presse, pour le marché du film… Il fallait aussi redonner à la vieille ville son identité. D’autre part, nous préparions la programmation tout en nous demandant si les films que nous voulions projeter allaient être accessibles et si les acteurs, producteurs et réalisateurs invités allaient venir. Voilà les deux difficultés majeures que nous avons pu régler en fin de compte. Par contre, l’émission de visas pour les invités libanais et autres n’a pas posé de problèmes. Si 10 % des invités n’ont pas pu venir, c’est principalement à cause des mesures sanitaires qui ont retardé l’émission de leurs visas, non pas à cause de certaines réticences ou restrictions politiques.

Parlez-nous de la présence libanaise dans ce festival...

Le cinéma libanais a eu une place de choix dans le festival Red Sea. D’abord le film de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, Memory Box, qui a reçu une formidable ovation. Ont également été visionnés le film d’Ely Dagher, The Sea Ahead ; celui de Jimmy Keyrouz Broken Keys ; l’œuvre récente de Michel Kammoun Beirut Hold’em qui a fait sa première mondiale à Djeddah ; ainsi qu’un court métrage de Hadi Moussali A Space Woman.

À présent que le festival a clôturé sa première édition, comment se poursuit votre travail ?

D’abord, je suis dans un mouvement qui ne s’arrête pas. Nous sommes en train de collecter des archives. Par ailleurs, nous préparons une exposition de photos de Djeddah et de ses environs qui va avoir lieu en mars. Il s’agit de photos datant de 1917, réalisées par une mission française. Nous organisons également durant toute l’année la projection de films saoudiens et de films arabes. Jusqu’en juin, l’agenda est déjà rempli et puis c’est reparti pour l’organisation de la seconde édition. Il faut dire que ce chantier énorme est une belle expérience. Nous avons semé. Il est temps de récolter.

Antoine Khalifé, quelles sont exactement vos responsabilités dans ce Festival du film international de Red Sea, qui a eu lieu du 6 au 14 décembre à Djeddah ? Je suis directeur de la programmation des films arabes et classiques pour ce festival et je travaille entouré d’une équipe de programmateurs saoudiens que j’ai formés au cours de l’année. J’ai aussi engagé Badih Massaad de...

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