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Nos Lecteurs ont la Parole

Chaque fois qu’une communauté entrera dans le feu, elle maudira sa sœur

Depuis l’élection présidentielle lors de laquelle le nouveau président a été élu avec la différence d’une seule voix, il y a eu une déviation dans la politique libanaise, car on va vers un remède qui est pire que le mal. La tutelle est un fait accompli, et nous commençons à voir l’émergence d’organisations et de groupes religieux qui se considèrent délégués par Dieu, refusant ainsi une quelconque critique de la part d’autrui car elle serait une critique de Dieu lui-même. Au Liban, un monde virtuel a vu le jour, un monde isolé entre « la tutelle et la religion », un monde qui ne subit aucun développement, un monde qui nie la vérité bien qu’elle soit évidente, un monde qui agit hostilement envers ceux qui doutent de ce monde virtuel, qui n’était pas limité au Liban, mais s’étendait au monde arabe dans son intégralité. Avec la chute de la Palestine en 1948, toutes les armées arabes prirent le pouvoir, non pas dans le but de faire la guerre contre un ennemi, mais afin de protéger leur système politique. En fin de compte, ces armées ont perdu les guerres et n’ont su ni comment gouverner ni comment gérer les affaires des pays et leurs institutions ! La situation administrative, constitutionnelle et culturelle, ainsi que le niveau de vie et de santé, etc., se sont détériorés dans tous les pays arabes. Au Liban, la détérioration de la situation était aggravée encore plus par une guerre civile !

Cette situation nous rappelle l’histoire du rabbin juif et du porc ! On raconte que jadis, un homme juif très pauvre vivait dans la misère avec son épouse et ses dix enfants dans une maisonnette de deux chambres. Sa souffrance était si insupportable qu’il se rendit un jour chez le rabbin et lui dit : « Je ne peux plus supporter la misère dans laquelle je vis. Priez pour moi, rabbin, et dites-moi ce que je dois faire. » Le rabbin lui prêta une oreille attentive et lui demanda de revenir le lendemain. Quand il arriva le lendemain, il vit le rabbin tenant un porc qui lui dit alors : « Dieu vous demande de prendre ce porc afin qu’il vive avec votre famille. » L’homme fut choqué car le porc est un animal impur dans la religion juive, et dans sa maisonnette, il arrive à peine à loger ses enfants, comment alors se débrouiller avec un porc aussi ? L’homme essaya de refuser de le prendre, mais en vain, puisque le rabbin lui confirma que c’est la volonté de Dieu et qu’il doit la respecter. Obéissant à la volonté de Dieu, l’homme prit le porc. Ainsi, sa vie se transforma en un cauchemar. Le porc détruisit les meubles, déféqua partout, et sa mauvaise odeur se répandit dans la maison. Une semaine après, l’homme alla supplier le rabbin de le débarrasser du porc, mais celui-ci refusa catégoriquement. Une autre semaine passa et l’homme revint, cette fois embrassant la main du rabbin en pleurant toutes les larmes de son corps. Il lui dit : « Ayez pitié de moi, rabbin. L’odeur du porc est insupportable. Il a détruit tous les meubles et il nous est impossible de vivre dans la maison à cause de lui. » Le rabbin lui permit alors de se débarrasser du porc. Une semaine passa et l’homme revint. Quand le rabbin lui demanda comment il va, l’homme sourit et répondit : « Tout va bien, Dieu merci. C’est vrai que je vis avec mes dix enfants dans une maisonnette composée de deux chambres et que nous sommes très pauvres, mais nous vivons dans une grâce après nous être débarrassés du porc. »

La morale de cette histoire bien connue, c’est que l’être humain ne doit pas se plaindre de sa situation quelle que soit sa gravité car elle peut toujours empirer. Mais chaque fois que je lis cette histoire, je me demande pourquoi le destin de cet homme était de choisir entre la pauvreté et la vie avec un porc. Qu’est-ce qui l’oblige à choisir entre le mal et le pire ? N’a-t-il pas le droit de bénéficier avec sa famille de conditions de vie satisfaisantes, y compris d’un logement convenable ?

Cette histoire résume notre situation au Liban quant à la formation des gouvernements : chaque fois qu’une communauté entrera dans le feu, elle maudira sa sœur ! Jadis, les gouvernements étaient formés de personnes qui n’ont pas poursuivi leurs études universitaires. Maintenant, ils sont formés de spécialistes... Mais par l’attitude de certains ministres, quelques-uns ont commencé à avoir la nostalgie des ministères d’antan, tel l’homme juif de l’histoire.

Le « président fort et père de tous » se considère un héros national qui a réalisé des exploits pour le Liban. Il ne peut pas voir la corruption enracinée dans le système politique et ses crimes qui nous ont menés à l’abîme. Il pense que les Libanais ne savent pas que c’est le Hezbollah qui gouverne le pays. Ce parti fait partie de la politique iranienne de wilayet el-faqih qui considère qu’elle est la porte-parole de Dieu ! Et comme le Hezbollah sent qu’il est délégué par Dieu, il n’accepte pas qu’il soit critiqué ou qu’il soit tenu responsable de ses actes, car il cherche à exécuter la volonté de Dieu. Ceux qui s’opposent à lui finiront par être éliminés. Il ne se sent pas coupable d’armer Bachar el-Assad. Il se permet d’entrer de force au Palais de justice et de menacer le juge chargé d’enquêter sur la double explosion au port. Ce parti ne peut pas voir la réalité telle qu’elle est ; il vit dans un monde virtuel inchangeable qui ne subit aucun développement et n’accepte pas la vérité, même quand elle est plus claire que le Soleil. Comment prétend-il représenter la volonté de Dieu alors qu’il ne fait qu’accuser ceux qui refusent son pouvoir de trahison ? Ses partisans agissent de manière à poursuivre leurs intérêts, même si le prix à payer est le sang et la chute de l’État lui-même. Le Hezbollah ne se considère pas comme un parti politique qui se trompe parfois et qui a raison d’autres fois, mais comme un parti qui croit que Dieu l’a envoyé pour sauver le Liban et les Arabes ! Dire qu’il exécute la volonté de Dieu est une incrédulité et une aberration qui lui évitent d’être tenu responsable de ses actes. Et dire qu’il est délégué par Dieu rend ce qu’il dit infaillible et lui permet d’exécuter ses plans. Ainsi, tous ceux qui le critiquent ou qui s’opposent à lui ou à l’Iran du point de vue politique sont considérés des ennemis de l’islam et des ennemis de Dieu. Ce qui est étrange, c’est que certains chrétiens ont confié au Hezbollah les droits des chrétiens. Je me demande : où le Hezbollah mènera-t-il les Libanais, qu’ils soient musulmans ou chrétiens ?

Avocat

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Depuis l’élection présidentielle lors de laquelle le nouveau président a été élu avec la différence d’une seule voix, il y a eu une déviation dans la politique libanaise, car on va vers un remède qui est pire que le mal. La tutelle est un fait accompli, et nous commençons à voir l’émergence d’organisations et de groupes religieux qui se considèrent délégués par...

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QUE FAIRE ?

Gaby SIOUFI

09 h 43, le 07 janvier 2022

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Commentaires (1)

  • QUE FAIRE ?

    Gaby SIOUFI

    09 h 43, le 07 janvier 2022

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