Rechercher
Rechercher

Politique - Réactions

Comment les protagonistes politiques ont reçu l’appel de Aoun au dialogue

Le Hezbollah dit avoir entièrement confiance dans le chef de l’État, accusé par ses rivaux politiques de vouloir renflouer son sexennat.

Comment les protagonistes politiques ont reçu l’appel de Aoun au dialogue

Le président de la République, Michel Aoun. Photo d’archives Dalati et Nohra

C’est dans la continuité des efforts visant à sauver son mandat que s’inscrit l’appel lancé lundi par le président de la République, Michel Aoun, à un dialogue national urgent portant sur trois dossiers épineux : la stratégie de défense, la décentralisation administrative et financière élargie et le plan de redressement économique d’un Liban en crise. Sauf que les protagonistes ne semblent pas disposés à renflouer un sexennat qui s’achève dans quelques mois alors que les machines électorales sont huilées, dans la perspective des législatives de mai, mais surtout de la présidentielle quelques mois plus tard.

Sans surprise, seul le Courant patriotique libre de Gebran Bassil fondé par M. Aoun a réagi favorablement à l’initiative du chef de l’État, se disant prêt à prendre part à un dialogue national. « Le Liban fort répond favorablement à l’initiative du président portant sur un dialogue qui étudierait la décentralisation élargie, la stratégie nationale de défense et le plan de redressement économique et financier », pouvait-on lire dans le communiqué publié à l’issue de la réunion hebdomadaire des parlementaires aounistes, mardi dernier.

Cette prise de position ainsi que celles que Michel Aoun a exprimées dans son message adressé à la nation sont à examiner au vu du contexte politique dans lequel elles sont intervenues. Le chef de l’État a choisi de remettre sur le tapis la stratégie de défense (déjà évoquée dans le cadre du dialogue élargi parrainé par Michel Sleiman, ex-chef de l’État, et qui avait débouché sur la déclaration de Baabda de juin 2012) au moment où ses rapports avec le Hezbollah ne sont pas au beau fixe. En témoignent les accusations – quoique implicites – lancées par le chef de l’État contre son allié chiite de paralyser l’exécutif et les derniers mois du mandat. Entre le CPL et le parti de Hassan Nasrallah, la mésentente est aussi de plus en plus audible, la rue chrétienne ne tolérant plus le Hezbollah depuis la double explosion d’août 2020 au port de Beyrouth, puis les affrontements de Tayouné (entre des partisans chiites et d’autres proches des Forces libanises, le 14 octobre dernier). Le fossé s’est creusé davantage entre les deux partis à la suite de la non-décision du Conseil constitutionnel au sujet du recours en invalidation des amendements apportés à la loi électorale. Un recours présenté par les aounistes.

Pour le moment, le Hezbollah n’a pas encore officiellement réagi à l’initiative du président. Mais dans une volonté manifeste de calmer le jeu, un responsable du parti chiite confie à L’Orient-Le Jour que le parti de Hassan Nasrallah « a entièrement confiance en la personne du président et sa gestion d’un dialogue qui porterait sur la stratégie de défense ». « Nous comprenons les circonstances que traverse le CPL et ses inquiétudes avant les législatives. Nous tenons donc au maintien des bons rapports avec ce parti, ainsi qu’avec son chef », ajoute le responsable du Hezbollah, dans une volonté de garder la porte ouverte à des alliances électorales en dépit des récentes secousses. Du côté de Aïn el-Tiné, avec qui les relations de Baabda sont rompues du fait d’un bras de fer politique chronique, on s’abstient de commenter l’appel au dialogue.

« Une surenchère électorale »

C’est aussi sous l’angle des rapports entre le président et son allié chiite que les Forces libanaises appréhendent l’appel de Michel Aoun au dialogue. « Maintenant que M. Aoun est en mauvais termes avec le Hezbollah, il lance un appel au dialogue ?

Pourquoi ne l’a-t-il pas fait au début de son mandat ? » lance un responsable FL sollicité par L’OLJ. « La priorité est aujourd’hui aux législatives qui devraient déboucher sur un nouveau pouvoir politique. Et c’est ce nouveau pouvoir qui convoquerait à un dialogue national », ajoute ce responsable FL, qui affirme que le parti n’est pas concerné par « cette tentative du président de renflouer son sexennat ».

Il est rejoint par Hadi Abou el-Hosn, député joumblattiste du Chouf. « Remettre le mandat à flot est le dernier de nos soucis », affirme-t-il à L’OLJ. Selon lui, le leader druze Walid Joumblatt a accordé la priorité à la relance du Conseil des ministres parce qu’il faut avant tout plancher sur les problèmes des citoyens libanais. « Nous voulons des garanties quant à la possibilité d’appliquer les décisions d’un dialogue tenu dans des circonstances régionales défavorables, c’est-à-dire tant que l’Iran est en négociations avec les puissances mondiales, et que le Hezbollah exécute son projet », ajoute M. Abou el-Hosn.

À l’instar de ses anciens alliés, le Futur n’est pas disposé à répondre à l’appel du président avec qui les rapports sont gelés. Les haririens ne cachent pas leurs doutes quant aux véritables objectifs de cette démarche à quelques mois des législatives. « Le président a déjà promis de discuter de la stratégie de défense à plusieurs reprises, mais il n’est pas passé aux actes. Il s’agit donc d’une surenchère électorale », estime Mohammad Hajjar, député Futur du Chouf.

L’opposition semble, elle aussi, défavorable à la démarche de M. Aoun. « Au Liban, nous avons besoin d’un gouvernement qui gouverne, et non d’un dialogue qui dilue les responsabilités », souligne le vice-président des Kataëb, Salim

Sayegh, à L’OLJ. Et d’ajouter : « Le véritable dialogue doit avoir lieu après les élections, pour faire évoluer le régime politique. »

La présidence répond à des critiques au discours de Aoun

La présidence de la République a réagi hier à des critiques au discours du chef de l’État, Michel Aoun, dans lequel il avait plaidé pour un dialogue national autour, entre autres, d’une « décentralisation administrative et financière élargie » au Liban. À travers ces critiques, le président est accusé de pousser le pays vers une division communautaire.

Lundi, le président Aoun avait appelé les protagonistes libanais à un dialogue national « urgent » autour de plusieurs dossiers, dont celui de la « décentralisation administrative et financière élargie ». Commentant ces propos, le député Yassine Jaber, membre du groupe parlementaire du mouvement Amal, dirigé par le chef du législatif, Nabih Berry, a affirmé au quotidien arabophone al-Charq al-Awsat que les « propositions du président Aoun dépassent ce qui a été conclu dans l’accord de Taëf ». Il a également dénoncé « des propositions de certains députés aounistes, exprimées au cours de réunions des commissions parlementaires, que chaque parti politique vive de son côté », ce qui a engendré, selon lui, « un arrêt des réunions consacrées à discuter de l’application de la décentralisation administrative ». L’auteur de l’article dans al-Charq al-Awsat, Youssef Diab, affirme même dans son titre que « la proposition de décentralisation financière de Aoun pousse le Liban vers la division communautaire ».

La présidence a réagi à ces critiques, sans toutefois nommer les responsables politiques ni les médias qui ont « faussement interprété » des parties du discours. « Le président Aoun rappelle aux personnes jalouses de l’unité du Liban et ceux qui prétendent refuser sa division que c’est lui qui avait lancé le slogan “Le Liban est trop grand pour être englouti et trop petit pour être divisé” », a-t-elle souligné dans un communiqué. La présidence a également affirmé que « la décentralisation financière et administrative figure, entre autres, dans le document d’entente nationale émanant de la conférence de Taëf et figure dans l’introduction de la Constitution sur le développement équilibré des régions ». « Les services publics locaux ne signifient pas une sortie du système de l’État central en matière de finances publiques, de sécurité et de politique étrangère », a-t-elle ajouté, assurant que le président Aoun tient à l’unité du pays. Décrété en 1989, l’accord de Taëf avait mis fin à la guerre civile libanaise qui a duré une quinzaine d’années. Selon le préambule de la Constitution libanaise amendée en 1989, « le Liban est une patrie souveraine, libre et indépendante, patrie définitive pour tous ses fils, unitaire dans son territoire, son peuple et ses institutions, à l’intérieur de ses frontières fixées dans cette Constitution et reconnues internationalement ».

C’est dans la continuité des efforts visant à sauver son mandat que s’inscrit l’appel lancé lundi par le président de la République, Michel Aoun, à un dialogue national urgent portant sur trois dossiers épineux : la stratégie de défense, la décentralisation administrative et financière élargie et le plan de redressement économique d’un Liban en crise. Sauf que...

commentaires (8)

Il s’est réveillé de son coma artificiel?

Sissi zayyat

13 h 18, le 05 janvier 2022

Tous les commentaires

Commentaires (8)

  • Il s’est réveillé de son coma artificiel?

    Sissi zayyat

    13 h 18, le 05 janvier 2022

  • Il semble que personne ne veut de ce dialogue, même " l'allié " de celui qui en a lancé l'appel. C'est à se demander si le principal intéressé y croit vraiment. Il suffit que le Hezb apporte son soutien aux fantasmes présidentiels de M. Gendron pour que l'appel au dialogue et ladite stratégie de la défense soient supprimés.

    Youssef Najjar

    10 h 25, le 02 janvier 2022

  • "Les Forces libanaises appréhendent l’appel de Michel Aoun au dialogue ".C'est du burlesque. Les FL n'apréhendent rien. Tout leur but, et celui tant d'autres, est de saboter toute initiative émanant de Michel Aoun et du CPL quand bien même elle contribuerait à un début de solution de la crise économique dont seule en pâtit la classe la plus démunie . La misère et la pauvreté ne secouent pas les sans foi ni loi notamment à l'approche des législatives .

    Hitti arlette

    15 h 44, le 31 décembre 2021

  • IL EST TRES PITOYABLE POUR L,OLJ DE CLOTURER L,ANNEE EN FOSSOYEUR DE LA LIBRE EXPRESSION QU,IL VIENT DE CENSURER.

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 05, le 31 décembre 2021

  • POURQUOI POUR MIKATI ON A PUBLIE MAINTES FOIS ET POUR AOUN ON CENSURE ? DEUX POIDS ET DEUX MESURES ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 43, le 31 décembre 2021

  • QU,AI-JE DIT POUR ETRE CENSURE ? DEUX VERITES. A SON AGE IL N,A PAS DE C... ET ETANT COURT DE TAILLE IL N,A PAS LA TAILLE. CENSURE ? POURQUOI ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 37, le 31 décembre 2021

  • AUJOURD,HUI C,EST LA FIN DE L,ANNEE. TOUT PEUT ETRE DIT A QUI QUE CE SOIT ET SURTOUT AUX MAFIEUX. LA CENSURE EST INTERDITE AU DERNIER JOUR DE L,AN.

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 25, le 31 décembre 2021

  • "Pourquoi ne l’a-t-il pas fait au début de son mandat ? " l. La réponse suit immédiatement: " La priorité est aujourd’hui aux législatives "! Qui se préoccupe du Liban? La seule chose qui importe est de gagner des voix aux élections.

    Yves Prevost

    08 h 03, le 31 décembre 2021

Retour en haut