Comme on pouvait s’y attendre, le ton était à l’escalade, sans toutefois être guerrier. Le nouveau camouflet reçu par le Courant patriotique libre (CPL), à l’issue de la non-décision du Conseil constitutionnel sur le recours en invalidation des amendements apportés par le Parlement à la loi électorale le 19 octobre dernier, est dur à avaler pour le camp aouniste.
Même si la non-décision n’était pas en elle-même un rejet du recours déposé par le CPL et ne peut par conséquent être considérée comme une défaite à proprement parler pour le parti, il n’empêche que ses effets juridiques et par extension politiques ne peuvent que l’enfoncer un peu plus alors que son influence est en chute libre depuis plusieurs mois.
Car en l’absence de décision, la loi qui a fait l’objet du recours reste applicable dans son intégralité et telle qu’elle avait été amendée par le Parlement. Ce qui revient à dire que c’est le président de la Chambre Nabih Berry qui obtient gain de cause, même si théoriquement on ne peut non plus parler de victoire en ce qui le concerne. Comment Gebran Bassil pourra-t-il accepter une telle défaite à l’issue de cet énième bras de fer avec le chef du législatif avec lequel il guerroie depuis des années ?
Le défi est grand et les moyens de défense aux mains du CPL se sont amenuisés comme peau de chagrin, comme on pouvait le constater lors de la conférence de presse tenue à l’issue d’une réunion de son groupe parlementaire. Certes, le leader chrétien s’est défendu hier comme il le pouvait en haussant le ton et en promettant de poursuivre cette bataille avec d’autres moyens. « Nous étudierons toute mesure susceptible de relancer la question du vote des expatriés sur la base d’une seizième circonscription », a-t-il dit. C’est dire à quel point cette requête à laquelle tenait le CPL comme à la prunelle de ses yeux risque d’être déterminante pour lui aux prochaines législatives.
« Un coup monté »
Déjà affaibli à l’intérieur du fait de son partenariat avec le Hezbollah, devenu inadmissible pour nombre de chrétiens notamment, le courant aouniste craint fort un vote sanction de la part des expatriés aux effets bien plus pernicieux s’ils devaient se prononcer pour 128 députés au lieu de six, représentant les continents comme souhaité par le CPL. M. Bassil sait d’ailleurs pertinemment qu’il lui est aujourd’hui difficile de remettre cette question sur le tapis notamment par le biais d’une proposition de loi comme il le dit, les délais et les équilibres au sein du Parlement n’étant plus en sa faveur. D’où son « rendez-vous donné à la diaspora en 2026 », s’il ne parvient pas entre-temps à une solution.
Mais ce n’est pas uniquement sur cette question vitale que Gebran Bassil affirme vouloir continuer de se battre, mais aussi pour défendre les galons de la présidence de la République qu’il continue de convoiter lui-même, et le prestige lié à cette fonction. L’application de la loi telle qu’elle avait été adoptée par l’Assemblée à une majorité étriquée (59 sur 117), alors que le président de la République venait de renvoyer le texte au Parlement en octobre dernier, est une « vexation » aux yeux des aounistes qui crient au sacrilège, considérant qu’une aussi faible majorité est une atteinte aux prérogatives du chef de l’État et à son image. « Nous n’accepterons en aucun cas de laisser passer une telle violation », a lancé Gebran Bassil sans pour autant dire comment se concrétisera son refus.
Pour le chef du CPL, il ne fait aucun doute que c’est un coup monté et une mascarade politique orchestrée par le tandem chiite à laquelle le Conseil constitutionnel aurait contribué. Des accusations peu convaincantes cependant, surtout lorsque l’on sait que six sur dix juges se sont prononcés hier en faveur de l’acceptation du recours. Il ne manquait qu’une seule voix lors des délibérations pour que celui-ci soit validé. Or « la voix dissidente était étrangement d’ailleurs, dit une source aouniste, celle d’un magistrat chrétien », un indépendant de surcroît.
Animosité
Lors de son point de presse, le chef du CPL a été même plus loin en dénonçant un « accord quadripartite » – Amal, Hezbollah, Futur, PSP – conclu en coulisses, en référence à l’accord électoral convenu entre ces quatre formations en 2005. Sauf que, et selon des informations obtenues par L’Orient-le Jour sur les coulisses des débats qui ont eu lieu au sein du Conseil constitutionnel, les deux juges sunnites comptés sur le camp du courant du Futur étaient disposés à voter pour l’acceptation du recours et donc en faveur de la position aouniste.
Le chef du CPL espérait ainsi sans doute ressusciter l’ambiance qui prévalait en 2005, et jouer sur la fibre chrétienne pour rallier sa base. En diabolisant une telle alliance, c’est aussi pour Gebran Bassil une manière de s’en prendre subtilement à son partenaire chiite, le Hezbollah, avec qui les relations sont extrêmement problématiques depuis un certain temps. « Dans les cercles privés, M. Bassil ne cache plus son animosité à l’égard du camp chiite en général et de plus en plus envers le Hezbollah », confie une source proche du CPL. Une aversion qui ne pourra pas aller trop loin tant il est vrai que le courant aouniste est condamné à s’entendre avec son allié chiite en vue des prochaines législatives.
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LA VERITE
23 h 30, le 28 décembre 2021