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Moyen-Orient - ARABIE SAOUDITE

Une nouvelle affaire d’espionnage écorne l’image de Riyad

Une enquête du « Project Pegasus » a révélé que le chef du groupe d’experts internationaux sur le Yémen avait été ciblé en 2019 par le logiciel israélien. Tout pointe vers le royaume wahhabite, qui s’efforce pourtant de redorer son blason sur la scène internationale.

Une nouvelle affaire d’espionnage écorne l’image de Riyad

Des traces du logiciel espion Pegasus ont été retrouvées sur le téléphone de Kamel Jendoubi, ancien président du groupe d’experts internationaux sur le Yémen. Jack Guez/Archives AFP/Getty Images

C’est la première cible onusienne confirmée du logiciel espion Pegasus. Le défenseur des droits humains et ancien ministre tunisien Kamel Jendoubi présidait jusqu’en octobre dernier le groupe d’experts internationaux des Nations unies sur le Yémen. Établi en 2017, ce groupe avait indiqué dans les conclusions de son premier rapport, paru fin août 2018, que l’Arabie saoudite, entre autres, aurait commis des violations des droits humains chez son voisin. Riyad prend part depuis 2015 au conflit yéménite dans le cadre de la coalition qu’il dirige en appui aux forces gouvernementales combattant les rebelles houthis, soutenus par Téhéran. C’est avant la publication d’un second rapport incriminant le royaume que le téléphone de l’expert tunisien a été infecté, en août 2019. Ancien client de la société israélienne NSO, qui a développé et vendu le logiciel Pegasus à des entités étatiques, le royaume wahhabite est pointé du doigt par l’enquête du « Project Pegasus » qui rassemble une quinzaine de médias sous la coordination de l’organisation Forbidden Stories. Des révélations qui tombent mal alors que Riyad s’efforce de redorer son blason sur la scène internationale après l’assassinat en 2018 du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, pour lequel le prince héritier Mohammad ben Salmane est accusé d’avoir donné son feu vert.

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Des traces de la présence de Pegasus ont bien été retrouvées sur le portable de Kamel Jendoubi, dont le numéro figurait sur la liste des cibles potentielles du logiciel de surveillance étatique, qui intéressaient particulièrement Riyad. S’il s’est révélé impossible de savoir si ses données ont été effectivement piratées à l’époque, l’expert tunisien dénonce néanmoins la marque d’un « État voyou », dans un entretien au « Project Pegasus ». Utilisant par ailleurs un second téléphone, l’enquêteur estime que son travail n’a pas été impacté. Sorti quelques semaines après cette infiltration numérique, le rapport du groupe d’experts de 2019 accusait « toutes les parties au conflit (de violer) de manière systématique et persistante les droits de l’homme les plus fondamentaux des civils », ne ménageant pas l’Arabie saoudite.

« Tactiques d’intimidation »

Et les rapports se sont succédé sur le même ton, jusqu’à cette année, lorsqu’en octobre dernier, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a voté contre la résolution renouvelant le mandat du groupe d’experts sur le Yémen. Une première depuis la création du conseil il y a quinze ans, qui s’explique, selon des groupes de défense des droits humains, par l’intense lobbying et la pression exercés par l’Arabie saoudite sur certains pays membres, alors qu’elle n’en fait pas partie elle-même. Selon des sources rapportées par le journal britannique The Guardian au début du mois, le royaume aurait menacé l’Indonésie, pays à majorité musulmane, de poser des obstacles au pèlerinage de ses citoyens à La Mecque, tandis que le Togo annonçait au moment du vote ouvrir une ambassade à Riyad et recevoir des fonds saoudiens pour la lutte contre le terrorisme. Alors que deux pays s’étaient abstenus lors du précédent renouvellement, ils ont cette année voté contre, empêchant une « surveillance continue nécessaire pour soutenir les victimes et dissuader les parties au conflit de commettre de nouvelles violations et abus », se désole l’organisation Human Rights Watch. Des « tactiques d’intimidation » qui avaient également été dénoncées par Agnès Callamard, alors rapporteuse spéciale de l’ONU sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, qui avait enquêté sur l’affaire Khashoggi.

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Pour sa part, Riyad se défend d’utiliser menaces et chantage, et a officiellement renoncé à l’utilisation du logiciel Pegasus plus tôt cette année, à travers lequel il était accusé d’avoir ciblé notamment des opposants politiques. Le royaume s’efforce de renvoyer une image de modernité et d’ouverture depuis le lancement du plan « Vision 2030 » par Mohammad ben Salmane. Si le scandale de l’assassinat de Khashoggi avait isolé le prince héritier sur la scène internationale depuis 2018, la visite d’Emmanuel Macron en début de mois a rompu avec le statut de paria du prince héritier. Malgré la réticence affichée du président Joe Biden à traiter directement avec ce dernier depuis son arrivée à la Maison-Blanche, le Congrès américain a débouté récemment le blocage réclamé par le Sénat d’une vente de missiles air-air de 650 millions de dollars à Riyad. Une décision critiquée face à la responsabilité saoudienne dans la continuation du conflit et ses conséquences sur la situation humanitaire au Yémen.

C’est la première cible onusienne confirmée du logiciel espion Pegasus. Le défenseur des droits humains et ancien ministre tunisien Kamel Jendoubi présidait jusqu’en octobre dernier le groupe d’experts internationaux des Nations unies sur le Yémen. Établi en 2017, ce groupe avait indiqué dans les conclusions de son premier rapport, paru fin août 2018, que l’Arabie saoudite, entre...

commentaires (1)

Ah bon, je ne savais pas qu' ils avaient dejà une image pour qu' elle soit écornée...!

LeRougeEtLeNoir

13 h 57, le 21 décembre 2021

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Commentaires (1)

  • Ah bon, je ne savais pas qu' ils avaient dejà une image pour qu' elle soit écornée...!

    LeRougeEtLeNoir

    13 h 57, le 21 décembre 2021

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