Le chef de l'église maronite Béchara Raï a une nouvelle fois fustigé le blocage du gouvernement au Liban, dû au boycott des ministres chiites en raison des conflits entourant l'enquête sur la double explosion au port de Beyrouth. Le prélat a déploré que la réunion du Conseil des ministres soit devenue "une demande arabe et internationale", alors qu'il s'agit d'un "devoir libanais constitutionnel". S'exprimant au sujet du drame du 4 août 2020, il a en outre pris une fois de plus la défense du juge Tarek Bitar, en charge de l'instruction, et réfuté de manière virulente les accusations auxquelles il est confronté, non seulement de la part du tandem Amal-Hezbollah, mais aussi du camp aouniste qui avait critiqué la veille le caractère "discrétionnaire" de son enquête.
L'équipe ministérielle de Nagib Mikati, mise en place le 10 septembre dernier, n'a pas tenu de réunion depuis plus de deux mois. Les ministres chiites refusent en effet de participer à tout Conseil des ministres au cours duquel le sort du juge ne serait pas tranché. Les responsables liés au mouvement Amal réclament que tous les dirigeants politiques inculpés dans l'affaire du 4 août soient jugés devant la Haute cour de justice, une instance devant laquelle aucune affaire n'a jamais été portée, tandis que ceux du Hezbollah appellent au dessaisissement du juge qu'ils accusent d'être "partial" et de "politiser l'enquête".
Demande internationale
"N'est-il pas honteux que la réunion du Conseil des ministres devienne une demande arabe et internationale alors qu'il s'agit d'un devoir libanais constitutionnel, que le gouvernement doit assumer ?", s'est interrogé le cardinal Raï dans son homélie dominicale, déplorant que certaines parties continuent de refuser de réunir le cabinet au nom de "l'entente nationale". M. Mikati refuse en effet de convoquer son équipe en l'absence des ministres chiites, ce qui déséquilibrerait selon lui toute prise de décision. "Quand le gouvernement ne se réunit pas, le pouvoir exécutif est paralysé, et donc toutes les activités économiques, financières, bancaires et celles de tous les secteurs. Par conséquent, le peuple se paupérise toujours plus. Est-ce ce que veulent ceux qui bloquent les réunions du gouvernement ?", a regretté le patriarche, dans une attaque à peine voilée du tandem chiite. Béchara Raï a dans ce contexte exprimé l'espoir que les responsables adopteront un "comportement politique et national positif rejoignant les efforts internationaux", au moment où la communauté internationale réclame sans cesse que des réformes soient lancées.
La défense du juge Bitar
Abordant l'aspect judiciaire de la crise, le patriarche maronite a une nouvelle fois pris la défense du juge Bitar, appelant "à mettre fin aux soupçons toujours plus pesants", et dénonçant une tentative de "porter un coup au travail du pouvoir judiciaire dans son ensemble et de transformer la société en une jungle criminelle". "Pourquoi accuser un juge d'être mystérieux simplement parce qu'il est silencieux ou d'être partial alors qu'il est juste ?", s'est demandé Mgr Raï, dans une critique implicite des parties qui fustigent le travail du magistrat, notamment celles lancées dernièrement par le Courant patriotique libre (CPL, aouniste), qui avait évoqué le caractère "discrétionnaire" de l'enquête de Tarek Bitar.
Béchara Raï a enfin demandé que "l'enquête judiciaire se poursuivre et que les immunités de tout le monde soient levées, même si cela n'est lié qu'à l'enquête sur le port, afin que le pouvoir judiciaire, qui a assez avancé, puisse entendre tout le monde sans exception, c'est-à-dire tout personne que le juge considère concernée, témoin ou accusée, quelle que soit sa fonction".
"Effondrement total"
De son côté, le métropolite grec-orthodoxe de Beyrouth, Mgr Elias Audi, a regretté que le Liban, "qui était le berceau de la démocratie, soit devenu une dictature masquée, régie par la loi de la jungle", et déploré le fait que les responsables ne respectent pas la loi. Dans son homélie dominicale, le prélat a regretté "le blocage du gouvernement", "l'isolation du Liban de son entourage et du monde", ainsi que "la manipulation quotidienne du taux de change du dollar", une kyrielle de crises desquelles le Liban ne saurait sortir sans cabinet actif, au moment où plus de 74% de sa population vit dans la pauvreté.
"Dans un pays qui se respecte, dans lequel les responsables respectent leur nation et leur peuple, a-t-on besoin de compromis pour effectuer les moindres devoirs et participer à la réunion du Conseil des ministres et à d'autres réunions ?", a dénoncé Mgr Audi. "Jusqu'à quand le gouvernement restera-t-il en détention ?", a-t-il ajouté, se demandant si "les personnes qui bloquent le travail des institutions savent qu'elles poussent le pays vers un effondrement total". Il a enfin rappelé que "le gouvernement est une équipe de travail qui gère les affaires d'un pays, et non un endroit où l'on rend des comptes".
LES MAFIEUX, LA HONTE CA ILS NE CONNAISSENT PAS. LES VOLS SONT LEUR SPECIALITE. LA MERDE A-T-ELLE HONTE D,ETRE DE LA MERDE ?
18 h 38, le 20 décembre 2021