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Culture - Arts

Exposé à vie au Panthéon à Paris : un détail face à la mort, dit l’artiste allemand Anselm Kiefer

« Je ne suis pas seulement présent au Panthéon mais aussi au Louvre comme unique artiste vivant, ce n’est pas si important, car un jour ou l’autre je serai mort », déclare la star allemande de l’art contemporain, âgée de 76 ans.

Exposé à vie au Panthéon à Paris : un détail face à la mort, dit l’artiste allemand Anselm Kiefer

Anselm Kiefer, « Qu’est-ce que nous sommes… », 2020, installation au Panthéon, Paris. Crédit Anselm Kiefer. Photo Georges Poncet

Ses œuvres sont exposées à vie au Panthéon à Paris, après une commande d’Emmanuel Macron, mais ce n’est « pas si important » face à la mort, dit à l’AFP l’artiste allemand Anselm Kiefer, à la veille d’une nouvelle exposition au Grand Palais Éphémère.

« Je ne suis pas seulement présent au Panthéon mais aussi au Louvre comme unique artiste vivant, ce n’est pas si important, car un jour ou l’autre je serai mort », déclare la star allemande de l’art contemporain, âgée de 76 ans, campée devant l’un de ses tableaux monumentaux réalisé en hommage au poète de langue allemande Paul Celan, « l’un de (ses) poètes préférés », dont les textes nourrissent son œuvre « depuis 60 ans ».

Deux grands tableaux et six vitrines abritant des sculptures en hommage aux morts de la Grande Guerre sont exposés de manière pérenne depuis novembre 2020 au Panthéon, le sacro-saint temple de la république qui arbore sur son fronton l’inscription « Aux grands hommes, la patrie reconnaissante ». En fond sonore, une œuvre musicale du compositeur français Pascal Dusapin, commandée avec celles d’Anselm Kiefer par le président de la République pour accompagner l’entrée au Panthéon de l’écrivain Maurice Genevoix.

L’État n’était pas intervenu au Panthéon, une église catholique transformée à plusieurs reprises en temple laïc à partir de la révolution française, par une commande artistique pérenne depuis 1924. Coût de l’installation : un million d’euros, selon l’Élysée. Quant au Louvre, trois œuvres d’Anselm Kiefer sont entrées dans les collections en 2007, à l’instar d’autres figures majeures de l’art contemporain, dont François Morellet (2010), Cy Twombly (2010), Jean-Michel Othoniel (2020) et Élias Crespin (2020).

Macron : « Une relation intellectuelle »

Interrogé sur ses liens avec Emmanuel Macron, qui lui a rendu visite plusieurs fois pendant l’installation de ses œuvres au Panthéon ainsi que dans son atelier de Croissy-Beaubourg (région parisienne), l’artiste allemand, qui vit en France depuis 1993, affiche sa satisfaction : « Nous sommes amis, nous parlons beaucoup de littérature, de philosophie, nous avons une relation intellectuelle. »

Intitulée Pour Paul Celan, sa nouvelle exposition, présentée à partir de jeudi et jusqu’au 11 janvier, propose 19 gigantesques tableaux (15 m sur 8 m pour les plus grands) sur roulettes, saturés de matière (sable, terre, peinture, tissus, pierres, fils de fer, feuilles de plomb, fougères, suie, craie, cendre, gravats...) qui évoquent la catastrophe et les destructions de la Seconde Guerre mondiale, ainsi que plusieurs installations. Des textes poétiques de Paul Celan apparaissent sur les toiles, sans traduction ni aucune indication chronologique qui pourrait guider le visiteur.

Les œuvres paradent comme autant de géants muets au beau milieu de l’immense Grand Palais Éphémère, une structure de 10 000 m2 conçue par l’architecte Jean-Michel Wilmotte près de l’École militaire dans la perspective de la tour Eiffel pendant les travaux du Grand Palais qui doivent s’achever en 2024.

Il l’a préparée « pendant le confinement », ce qui ne l’a « pas influencé », mais lui a permis de mieux se concentrer, « car il n’y avait pas de coups de téléphone, pas de visites », dit-il.

L’artiste refuse d’expliquer son travail à qui ne le connaîtrait pas : une vaste exploration de l’identité allemande d’après-guerre, de la mémoire collective et du nazisme, qui a évolué en quête spirituelle nourrie de littérature, de philosophie, de grands mythes et de mystique kabbalistique.

L’Europe ? « J’ai beaucoup lu Paul Valéry, surtout ses journaux intimes, il y a un passage après la Première Guerre mondiale où il dit que nous devons faire attention à ce que l’Europe ne devienne pas un archipel du continent asiatique (...) qu’elle doit être renforcée sinon elle va être pulvérisée entre deux blocs, et c’est encore ainsi aujourd’hui », dit-il.

L’exposition se tient au moment où la France prend la présidence de l’Union européenne : « C’est important. En Europe, la France et l’Allemagne sont les deux économies les plus fortes et les deux pays les plus importants. C’est pourquoi elles doivent travailler ensemble pour que l’Europe se retrouve. »

Sandra BIFFOT-LACUT/AFP

Ses œuvres sont exposées à vie au Panthéon à Paris, après une commande d’Emmanuel Macron, mais ce n’est « pas si important » face à la mort, dit à l’AFP l’artiste allemand Anselm Kiefer, à la veille d’une nouvelle exposition au Grand Palais Éphémère.« Je ne suis pas seulement présent au Panthéon mais aussi au Louvre comme unique artiste vivant, ce n’est...
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