Le responsable du bureau politique à l'étranger du mouvement islamiste palestinien Hamas, Khaled Mechaal, qui a entamé mercredi une visite à Beyrouth, a assuré jeudi que les réfugiés palestiniens sont des invités au Liban, et qu'ils respectent les lois ainsi que la sécurité et la stabilité dans ce pays, quelques jours après des incidents qui ont secoué un camp de réfugiés au Liban-Sud, faisant craindre des dérapages sécuritaires de plus grande ampleur. Dans ce contexte, il a affirmé qu'il allait œuvrer pour empêcher les conflits internes dans ces camps où les factions palestiniennes sont en charge de la sécurité.
Sécurité et stabilité
Khaled Mechaal a tenu ces propos lors d'un entretien avec le mufti de la République, le cheikh Abdellatif Deriane. A l’issue de cet échange avec la plus haute autorité sunnite libanaise, le leader palestinien a souligné que "les Palestiniens sont des invités au Liban. Ils respectent les lois, la sécurité et la stabilité du pays, et n’accepteront pas d’autre nation que la Palestine". La Constitution libanaise interdit la naturalisation des réfugiés palestiniens, dont près de 200.000 vivent aujourd'hui dans un Liban en grave crise politique et économique. Khaled Mechaal a espéré que les autorités libanaises "assureront aux Palestiniens une vie digne jusqu’à ce qu’ils rentrent chez eux".
La visite de M. Mechaal au Liban s'inscrit dans le cadre du 34e anniversaire de la création du Hamas. Elle intervient trois jours après une fusillade meurtrière qui a fait trois tués dans les rangs du mouvement palestinien dans le camp de Bourj el-Chamali, au Liban-Sud, lors des obsèques d’un autre de ses membres qui avait succombé vendredi dans une explosion dans ce même camp. Le Hamas avait accusé les forces de sécurité relevant de l’Autorité palestinienne, contrôlées par le Fateh rival, d’avoir "ouvert le feu de façon préméditée" sur le cortège funèbre, ce que cette composante historique du mouvement palestinien a démenti. Les raisons de la déflagration qui s'est produite vendredi soir demeurent toujours floues, le Hamas ayant réfuté les informations sur l'explosion d'une cache d'armes.
"Sanctionner les meurtriers"
Commentant ce sérieux dérapage sécuritaire, Khaled Mechaal a déclaré : "Nous resterons attachés à l’unité palestinienne, ainsi qu’à la sécurité et la stabilité des camps et nous empêcherons tout conflit interne, mais il faut sanctionner les meurtriers". Le responsable du Hamas a ainsi appelé les autorités libanaises à "sanctionner les coupables conformément aux lois en vigueur". "Nous ne nous laisserons pas entraîner dans une lutte inter-palestinienne", a-t-il assuré. Les relations entre le Hamas et le Fateh sont tendues depuis 2007, lorsque les islamistes ont pris le contrôle de la Bande de Gaza au terme d'affrontements sanglants.
En fin de journée, M. Mechaal s'est entretenu avec le Premier ministre Nagib Mikati au domicile de ce dernier, dans le cadre d'une visite "privée", selon une source proche du PM, qui n'a pas précisé la teneur des discussions entre les deux hommes.
En avril dernier, Khaled Mechaal, chef de l'ensemble du Hamas de 1996 à 2017 et qui vit au Qatar, avait été élu chef de son bureau politique pour l'étranger, tâche pour laquelle il est secondé par Moussa Abou Marzouq, un membre fondateur de l'organisation.
Le Liban accueille près de 200.000 Palestiniens, pour la plupart dans les 12 camps du pays, des descendants des réfugiés ayant fui lors de la "nakba" (catastrophe), la création de l’Etat d’Israël en 1948. En vertu des accords du Caire de 1969, l'armée libanaise ne pénètre pas dans ces camps, où la sécurité est assurée par les factions palestiniennes rivales lourdement armées.
commentaires (5)
Les combattants palestiniens ont quitté le Liban l'été 1982. D'où viennent leurs armes et leurs combattants ? Que veut Mashaal qui multiplie ses visites chez nous ?
Esber
17 h 39, le 17 décembre 2021