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Moyen-Orient - Éclairage

Abou Dhabi met Washington sous pression sur l’achat des chasseurs américains F-35

Les Émirats arabes unis menacent de se retirer d’un accord d’un montant estimé à 23 milliards de dollars portant sur la commande de 50 avions militaires de dernière génération, de 18 drones armés et d’autres systèmes d’armement sophistiqués fabriqués aux États-Unis.

Abou Dhabi met Washington sous pression sur l’achat des chasseurs américains F-35

Le chasseur furtif américain F-35. Photo d’archives AFP

L’information est d’abord parvenue des responsables américains et émiratis cités mardi par le Wall Street Journal (WSJ) avant d’être confirmée le jour même à plusieurs médias par l’ambassade des Émirats arabes unis (EAU) à Washington. Selon les propos d’un responsable émirati rapportés par le WSJ, « les Émirats arabes unis ont informé les États-Unis qu’ils suspendaient les discussions en vue d’acquérir les (chasseurs furtifs américains) F-35 », suite à une réévaluation causée par des « exigences techniques, des restrictions opérationnelles et une analyse coûts/bénéfices ».

Approuvée au cours des dernières semaines du mandat de Donald Trump à la Maison-Blanche, la vente de cinquante F-35, de 18 drones armés et d’autres systèmes d’armement sophistiqués de fabrication américaine pour un montant estimé à 23 milliards de dollars avait été interprétée à l’époque comme un cadeau du président républicain suite à la normalisation en août 2020 des relations entre les EAU et Israël, sous l’égide de Washington. Elle s’inscrivait également dans le cadre d’une volonté américaine de répondre à une possible attaque iranienne, alors que la secrétaire d’État adjointe au sein de l’administration Biden, Mira Resnick, avait déclaré le mois dernier que les États-Unis étaient favorables à l’exploitation par les Émirats des F-35 « de manière à ce qu’ils puissent être nos partenaires de sécurité et dissuader les menaces, y compris celles de l’Iran ».

Freiner les ambitions chinoises

Cités par le WSJ, des responsables américains ont rapporté que le gouvernement émirati a indiqué qu’il envisageait de mettre un terme au marche parce qu’il considérait que « les exigences de sécurité que les États-Unis avaient établies pour protéger les armes de haute technologie contre l’espionnage chinois étaient trop onéreuses et que la souveraineté nationale du pays était en danger ». L’annonce des EAU « s’explique en partie par le “jeu d’équilibre” émirati entre les États-Unis et la Chine, qui est de plus en plus difficile à maintenir alors que les tensions et la méfiance américano-chinoises augmentent », observe Eleonora Ardemagni, chercheuse à l’Italian Institute for International Political Studies (ISPI).

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Soucieux de freiner les ambitions du rival chinois, Washington est préoccupé depuis longtemps par l’implication de Pékin dans la péninsule Arabique. Il y a une semaine, le conseiller diplomatique de l’émir, Anwar Gargash, a confirmé qu’à la suite de discussions avec la Maison-Blanche, le pays avait ordonné l’arrêt de la construction d’un projet portuaire chinois au port de Khalifa après que des responsables américains eurent affirmé que Pékin comptait utiliser le site à des fins militaires. Cet été, des sources interrogées par l’agence Bloomberg avaient également indiqué que les États-Unis exerçaient des pressions sur les EAU afin qu’ils renoncent à coopérer avec la société de télécommunications chinoise Huawei Technologies et à se distancier de Pékin. Le partenariat d’Abou Dhabi avec cette entreprise privée pour un déploiement de la 5G au sein de la fédération suscite les craintes de Washington quant à une possible utilisation par la Chine de l’équipement de Huawei pour espionner ou perturber les communications. « Alors que le contrat des F-35 a été officieusement gelé en raison des réserves des États-Unis sur la technologie 5G de Huawei, les Émirats arabes unis ont opté pour un stand-by sur le dossier des F-35 », ajoute Eleonora Ardemagni.

Position avantageuse

La suspension des discussions relatives à l’achat de ces chasseurs furtifs américains survient également moins de deux semaines après que les Émirats arabes unis ont signé un accord avec la France pour acheter 80 avions de combat Rafale, construits par le groupe français Dassault Aviation, et 12 hélicoptères pour un montant de 16 milliards d’euros. Cité par l’agence Reuters mardi, un responsable du ministère émirati de la Défense s’est toutefois empressé d’assurer que l’achat de ces équipements venait en complément de celui des F-35, et non en remplacement des appareils américains. « L’annonce émiratie fait également suite à des visites de haut niveau traduisant une consolidation du partenariat stratégique avec la France, mais aussi une confirmation d’une reconfiguration des relations internationales avec Israël et l’Iran, les autorités d’Abou Dhabi montrant qu’elles sont à la pointe des dynamiques régionales et ayant des options », souligne Emma Soubrier, experte à l’Institute for Middle East Studies à Washington. Le fait que « les EAU ont annoncé qu’ils faisaient marche arrière sur l’idée d’une base militaire chinoise sur leur sol présente cependant l’image d’un partenaire qui se sent en position avantageuse sans chercher à rendre la situation impossible pour son allié américain », fait-elle remarquer.

En dépit des récents développements, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a affirmé hier lors d’une conférence de presse en Malaisie que Washington était toujours « prêt à aller de l’avant avec les F-35 et les drones si c’est ce que veulent les Émiratis ». Selon plusieurs observateurs, ces déclarations pourraient laisser penser que la menace agitée par Abou Dhabi n’a pas une si grande importance dans les relations entre les deux pays et qu’elle serait davantage un moyen de faire pression sur les États-Unis pour accélérer la mise en œuvre de l’accord ou obtenir des concessions ou contreparties de la part de l’allié américain. Une délégation militaire des EAU, qui n’était pas censée aborder la question des F-35, devait par ailleurs se rendre hier au Pentagone, selon son porte-parole John Kirby.

« Il n’est pas impossible que les États-Unis décident de faire pivoter leurs relations stratégiques avec les États de la région sur un éventail plus larges de sujets que les seuls aspects militaires, auquel cas il est envisageable que des dimensions alternatives du partenariat soient mises en avant, le gros contrat de F-35 étant simplement mis en sourdine pendant quelque temps sans qu’il en soit fait grand cas », suggère Emma Soubrier.

L’information est d’abord parvenue des responsables américains et émiratis cités mardi par le Wall Street Journal (WSJ) avant d’être confirmée le jour même à plusieurs médias par l’ambassade des Émirats arabes unis (EAU) à Washington. Selon les propos d’un responsable émirati rapportés par le WSJ, « les Émirats arabes unis ont informé les États-Unis qu’ils...
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MACRON ESSAYE DE CHATOUILLER BIDEN AVEC LA VENTE DE SES RAFALES. MAIS CE N’EST QU’UN PETIT COUP CONTRE LES SOUS MARINS À 90 MILLIARDS D’EUROS QUE BIDEN LES A PIQUÉ AVEC L’AIDE DES HYPOCRITES ANGLAIS.

Gebran Eid

13 h 29, le 16 décembre 2021

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Commentaires (2)

  • MACRON ESSAYE DE CHATOUILLER BIDEN AVEC LA VENTE DE SES RAFALES. MAIS CE N’EST QU’UN PETIT COUP CONTRE LES SOUS MARINS À 90 MILLIARDS D’EUROS QUE BIDEN LES A PIQUÉ AVEC L’AIDE DES HYPOCRITES ANGLAIS.

    Gebran Eid

    13 h 29, le 16 décembre 2021

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    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 25, le 16 décembre 2021

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