Rechercher
Rechercher

Sport - Dynamophilie

Dans un monde encore plutôt masculin, Mireille Ajami détonne

La jeune femme a remporté deux fois le titre de « Libanaise la plus forte », en 2018 et 2019, et compte à son palmarès un record national.

Dans un monde encore plutôt masculin, Mireille Ajami détonne

Les dynamophiles Stefi Cohen et Krissy Mae Cagney sont une grande source d’inspiration pour Mireille Ajami, « parce que ce sont des femmes indépendantes et rebelles », assure-t-elle. Photo tirée de sa page Facebook

L’athlète libanaise Mireille Ajami est actuellement en pleine préparation, physique et mentale, pour participer aux championnats asiatiques de dynamophilie qui se dérouleront du 25 au 30 décembre courant à Istanbul, en Turquie. Elle s’entraîne à raison de deux heures par jour, six jours par semaine – « travailler plus serait trop surmenant pour mon corps », assure l’intéressée – sous la supervision du coach certifié Hassan Koaik, également n° 2 de la Fédération libanaise de dynamophilie.

La dynamophilie (powerlifting en anglais) est un sport non olympique cousin de l’haltérophilie (weightlifting). Il consiste en trois épreuves cumulées : squat, banc (benchpress) et soulevé de terre (deadlift). Le but étant, comme en haltérophilie, de soulever le plus de poids possible.

Mireille Ajami – Mjay de son pseudo sur les réseaux sociaux –, avec de récentes réalisations majeures à son actif en dynamophilie, surfe sur la vague du succès depuis près de trois ans déjà. Dans un sport dominé par les hommes au Liban, la jeune femme de 38 ans (39 en février prochain) détonne. Petite, menue mais musclée, elle a été la toute première dame à embrasser la discipline au pays du Cèdre. Depuis, grâce à sa persévérance et à ses performances, elle a fait des émules…

Pourtant, rien ne la prédestinait à ce sport. Esprit libre et rebelle, Mjay a fait ses études à l’École hôtelière de Dekouané, enchaînant par la suite avec un cursus de Hospitality Management à l’American University of Science and Technology (AUST) de Beyrouth, à Achrafieh, obtenant son BA (Bachelor of Arts, l’équivalent d’une licence dans le système universitaire français). Toutefois, sportive dans l’âme, elle se lance dans le CrossFit – programme de fitness qui implique des mouvements fonctionnels constamment variés et effectués à haute intensité. Aujourd’hui, ayant décroché la certification StrongFirst, Mireille Ajami est coach professionnelle d’haltères (barbell) ainsi que de force et conditionnement (strength and conditioning) au club Skills Sports Center de Beyrouth.

En outre, la jeune femme a remporté deux fois le titre de « Libanaise la plus forte » de la Fédération libanaise de dynamophilie (2018 et 2019) dans la catégorie des -72 kg. Puis, en 2021, elle a brisé le record national dans la catégorie des -63 kg. « Je m’étais lancé un défi à la veille des championnats du monde 2019 IPF (International Powerlifting Federation) en Suède, dans la ville de Helsingborg, celui de perdre du poids, raconte Mjay. Car, plus on est léger, plus on est mieux coté en soulevant des poids lourds. »

Les dynamophiles Stefi Cohen et Krissy Mae Cagney sont une grande source d’inspiration pour Mireille Ajami, « parce que ce sont des femmes indépendantes et rebelles », assure-t-elle. Photo tirée de sa page Facebook

Challenge et source d’inspiration

Cette mère célibataire de deux enfants, une fille adolescente de 14 ans et un fils âgé de 10 ans, poursuit sur son envolée : « J’ai commencé en tant qu’athlète CrossFit en 2014 et j’ai remporté deux compétitions au Liban. C’est à ce moment-là que j’ai réalisé ma force à porter des poids lourds, notamment en faisant des squats et du soulevé de terre. Je me suis donc décidée à me concentrer sur la dynamophilie uniquement. J’ai alors rejoint Barbell House à Gemmayzé (une salle de gym de dynamophilie). Les coaches ont aussitôt remarqué mon potentiel en tant que dynamophile féminine et m’ont grandement soutenue dans mes efforts, me prodiguant les conseils et l’entraînement nécessaires à mon évolution. Ils m’ont si bien aidée que j’ai fini par remporter la 1re place dans la catégorie des -72 kg aux championnats libanais. Et en 2019, j’ai donc été la première dynamophile libanaise à concourir internationalement – aux championnats du monde IPF en Suède – dans la catégorie des -63 kg. J’ai été classée 11e en squats. »

Interrogée sur ce qu’elle trouve de plus défiant dans son sport, Mireille Ajami répond qu’il « y a moins d’une décennie, il était considéré comme tabou pour les femmes de le pratiquer au Liban. Dans un environnement dominé par les hommes, c’était un challenge pour moi de faire mes preuves en tant que femme dynamophile et de briller face aux messieurs, car j’ai longtemps été la seule représentante féminine dans ce sport avant que d’autres suivent mes pas ». « Atteindre les championnats du monde de la Fédération internationale de dynamophilie en juin 2019 a été une grosse affaire pour moi », assure la jeune femme. Et, « outre mes réalisations professionnelles, c’est un sentiment formidable que d’autonomiser les femmes – celles qui ont suivi son exemple et les autres – et de montrer à quel point nous pouvons être fortes, littéralement », poursuit Mjay dans un sourire.

Elle ajoute qu’élever seule ses deux enfants, « c’est aussi un challenge », car il n’est pas évident d’allier son statut de mère célibataire à celui d’athlète professionnelle et de coach sportif. Elle doit effectivement souvent s’absenter, pour se rendre à l’étranger, afin de participer aux compétitions internationales. Pour Mireille Ajami, deux femmes dynamophiles sont sa grande source d’inspiration : la Vénézuélienne Stefi Cohen, installée aux États-Unis, et l’Américaine Krissy Mae Cagney, « parce que ce sont des femmes indépendantes et rebelles », assure-t-elle.

Et si une personne souhaiterait pratiquer la dynamophilie, que lui conseillerait-elle en tant que coach professionnelle ? « Tout d’abord, il est impératif d’apprendre les bases du sport. Il est important de maîtriser les bonnes techniques dans les squats, le banc et le soulevé de terre afin de prévenir les blessures », répond Mjay. « J’ai des élèves de différents âges et niveaux, au Liban et à l’étranger, car je dispense également des cours et des programmes de formation en ligne. La plupart se montrent impatients d’en découdre. Je leur conseille toujours de se montrer patients et appliqués, de faire les choses correctement et graduellement afin de ne pas se blesser grièvement, car on s’en relève difficilement après. Il leur faut aussi s’engager avec un bon entraîneur qui saura les guider dans leur progression », conclut la championne.

L’athlète libanaise Mireille Ajami est actuellement en pleine préparation, physique et mentale, pour participer aux championnats asiatiques de dynamophilie qui se dérouleront du 25 au 30 décembre courant à Istanbul, en Turquie. Elle s’entraîne à raison de deux heures par jour, six jours par semaine – « travailler plus serait trop surmenant pour mon corps »,...

commentaires (1)

Bravo et j'espère une médaille pour vous.

Georges Zehil Daniele

08 h 43, le 15 décembre 2021

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • Bravo et j'espère une médaille pour vous.

    Georges Zehil Daniele

    08 h 43, le 15 décembre 2021

Retour en haut